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Poésie

Un temps d’ancre

S’éprouver :

Ce que le censé prouve
N’est pas toujours
Ce que les sens éprouvent.

Faire couler l’ancre,
Comme le sang s’écoule.

Et jeter l’ancre,
Le temps que le temps s’écoule.

Qui dit que le temps s’écoule ?
Celui qui dit que les sens se prouvent.

Nous bougeons dans l’immobile,
Même le temps se fatigue.

Rien ne s’écoule,
Rien ne tourne,
Rien ne s’éprouve,
Rien ne s’ancre.

Tout se dévoile,
Faites-vous du sang d’ancre,
Hissez les voiles.

Le temps aigri :

Le temps est gris,
Même sous le soleil.
Le temps aigri,
Même sous le sommeil.
Les temps des écrits,
Me tiennes en éveil

Le temps est volant,
Même sous les secondes.
Le temps des violons,
Chuchotent chaque ondes.
Le temps est violent,
Quand le tonnerre gronde.

Le temps des muses,
À passé son âge .
Le temps qu’on s’amuse,
À tourné la page.
Le temps est une buse,
Enfermé dans une cage.

Âpre prendre :

Celui qui comprend,
Tutoie les profondeurs.

Celui qui apprend,
Joue en apesanteur.

Apprendre, c’est acquérir une connaissance,
Comprendre, c’est intégrer son essence.

Les leçons de la vie gravent nos âmes,
Bien plus que les mots sur une page.

On ne peut enseigner
Seulement ce que l’on sait,

Ce que l’on a compris, en réalité,
toujours se tait.

La vie est le plus grand enseignant,
et la mort, son ultime leçon.

Jupe Pie Terre :

Perdu sur cette terre,
La magie opère,

En trouvant nos repères
Et ce qui va de pair.

Des sentiers de terre,
Longés de murs en pierres.

En faire son cimetière ?
Enfer sa misère !

Comme Icare et son père,
Dans un dédale de calcaire.

Défier le Dieu solaire,
Et partir par les airs !

Le pain et le vin que Dieu donnait :

J’ai du dédain pour mon dédain.
Un crayon pour mon dessin,
Du pain chaud au levain
Et du vin italien.

À quoi sert de souffrir,
Si personne me comprends ?
À quoi sert de courir,
L’univers est si grand !

Je demande aux Muses
Pourquoi plus rien ne m’amuse.
Cœur endurci par Méduse,
Mon âme meurtrie s’y refuse.

Les enfants ont des âmes de poètes.
Les poètes ont des âmes d’enfants.
Mes paroles sont muettes,
Mes silences sont bruyants.

Le sol se tisse :

Je bois les larmes du saule
Que sa liqueur me saoul

Je dépose l’arme au sol
Demande à la luciole

D’éclairer cette dame sans col
Qui dort sur les lames du sol

Je regarde ses seins
Elle a le cœur sein

Et moi l’âme folle

Des ailes aimant :

Connaître le firmament,
Comprendre les éléments.

Silencieusement,
Soigneusement,
Dangereusement.

Comme l’étreinte des amants.
La lumière de feu,

Qui tombe nue,
De la nue,

Dans un torrent d’air
Et un courant d’éclairs.

Entre dans l’antre,
Jusque dans le ventre

De la terre
Et fait naître,

La poussière des êtres,
Le bois du hêtre,
L’élève et le maître,

Pour tout connaître
Des ailes aimant.

Le royaume sans mythe :

Les mythes sont des bêtises,
Disent ce qui méprisent.
Les mythes sont ridicules,
Disent les incrédules.

Sachez que les mythes,
Ont toujours le mérite,
De bâtir des empires,
Et transforment le pollen en cire

Pas de mythe,
Pas de rite,
Pas de mérite,
Pas de titre.

Pas de meilleure,
Pas de pire.
Par ailleurs
Il faut le dire,

Sans mythe,
Tout devient vraiment Faux.

La roue tchin :

La roue tourne
Soit disant
La routine
Me séduisant

Tourner en rond,
Une pensée au vigneron,
Encore un goutte de vin,
Une histoire sans fin.

Un cadran, sans contour,
Me tourne autour,
Comme les corbeaux et les vautours
Je compte les tours,

Une minute comme un an.
L’ennuie m’accablant,
Je résiste en baillant,
Je regarde les passants

Dormir sans sommeil,
Me réveiller sans rêve.

Manger sans faim,
Avaler ma fierté.

Pleurer sans chagrin,
Rire sans raison.

Danser sans mouvement,
M’arrêter en courant.

Écouter sans oreilles,
C’est entendre sans pareil.

Voir sans regarder,
C’est peu être espérer.

Tousse ce vent :

Dès l’heure du soleil levant,
Désireux de prendre ce que la vie me vend.
Dès truqués, me desservant,
Déchiré. C’est éprouvant.

Désillusion, quand je suis devant.
Des fois et même bien trop souvent,
Des pacotilles, du vent.
Dès à présent, dorénavant,

Dès qu’elle me parlera je ne ferai pas comme avant,
Décision prise je lui dirai que c’est trop décevant.
Des mensonges et des leurres, ça c’était avant.
Désormais je crée moi-même en rêvant.

Le cœur à vide :

J’ai les yeux bleus, comme le ciel en été.
Triste comme si je n’étais
Qu’un oiseau sans ailes.
J’avance dans la vie sans elle.

Une âme en peine
Toujours à moitié pleine.
Les yeux dans le vide,
Inspiré par Ovide.

Seul comme une forêt sans bêtes,
Et on s’embête
Oh oui on s’ennuie
Comme un ciel sans nuit.
Plus une étoile dans les yeux,

Comme le ciel en été.
Triste comme si je n’étais
Qu’un oiseau sans vie.
Je n’écris pas par envie,

Mais car je suis en vie.
Sans écouter mes envies,
Comme Ovide l’écrivit :
« À tous les amoureux, la solitude est dangereuse.»

L’affaire du crime de l’éthique (mari de la vérité) :

Le roman accuse.
Les mots récusent,
La police d’écriture dévoile les preuves.
La vérité est veuve.

Alors elle pleure des chefs-d’œuvre.
Les journaux se meuvent
Autour de l’affaire, aujourd’hui les rimes
Sont les armes du crime !

La nouvelle est suspectée.
La vérité s’accable,
Elle crie «La poésie est coupable !
Et le mobile est abject.»

« J’ai un alibi »
Se défend la poésie
« Comme chaque soir ivre,
Je lisais des livres »

La bibliothèque témoigne,
Le marque-page s’éloigne,
Il a quelque chose à cacher…
Il sait très bien à quel chapitre le crime s’est passé.

Le lecteur juge, il donne le verdict.
La sanction sera stricte !
Le marque-page est complice !
Il sera remplacé par des post-it !

Et la poésie est jugée coupable,
Elle finira en cabane à livre avec les fables,
Pour le meurtre de l’éthique.
Comme la loi l’indique.

Qu’est-ce qu’une pensée ?

Une fleur trop vite fanée.
Une vapeur qui vient puis s’écarte,
Juste un château et Descartes.

Je suis donc je pense,
Chaque plaie que je panse.
Entre bref et longtemps,

Elle est un fil que l’on tend.
Coupé par les Moires,
Un souvenir, une mémoire,

Une douleur, un espoir,
Une douceur, une histoire.
Chaque pensée est futile,

Bon ou mauvais fût-il,
L’homme qui la eut,
Elle finira perdue.

Lézard triste :

Peindre avec les mots,
Un stylo comme pinceau
Et de la magie comme tableau.

Des couleurs qui chantent,
Des peintures biens vivantes
Pour des natures mortes.

En noir et blanc,
D’écrire les couleurs,
Des cris de douleurs.

Des palettes monotones
Tracées sur des feuilles d’automne,
Au rythme du monotone.

Chaque nouvelle page
Comme une nouveau cépage.
Chaque nouvelle ratures

Comme une nouvelle aventure.
Et le dernier point
Comme une histoire sans fin.

Le mat se teint

Le matin a chassé la nuit,
Il murmure sa douce mélodie.
La couleur du ciel se teinte,
Le ciel et le soleil en étreinte.

Bientôt son bleu fera rougir de colère,
Les vagues écumeuses de la mer.
Mes yeux endormis s’ouvrent,
La vie ensevelie se découvre.

Un souvenir flou de mes rêves,
Il est temps que je me lève.
L’odeur du café dans cette tasse,
Le rêve, par la réalité se remplace.

Ou peut-être l’inverse,
Sous les effets de l’ivresse,
Après un sommeil de promesses,
Âpre est le soleil de sagesse.

Douce heure de douze heures :

À mille lieux,
Le soleil à son milieu.
Le grand Astre à son midi
Entre le début et l’infini.

Le soleil quand la nuit dort est
Sans pareil sur un fil doré,
En équilibre.
Et qui libre,

Sur son char,
Du tôt au tard.
Il est clair
Et éclair.

Les anges au ciel :
Uriel,
Raphaël,
Raguel,
Michael,
Sariel,
Phanuel et
Gabriel.

La nuée de la nuit :

La nuit est issue de l’ombre.
Elle porte son tissu de nombres,
Car les étoiles content le temps,
Comme le rythme compte les temps.

Le reflet de la lune sur l’étang.
Cette femme de son corps s’étant,
Son regard si jeune s’éteint.
Mon cœur à jeun se teint.

Les mystères se fuient des yeux,
Les bruits se chuchotent entre eux.
La jeunesse dans les rêves des vieux,
Et la vieillesse dans les braises du feu.

Entre la veille et le lendemain.
Une chanson sans refrain.
La nuit passe son chemin,
Doucement et sans chagrin.

Dans les sentiers obscur.
Entre le passé et le futur.
Qu’est ce que la nuit murmure ?
La venue du jour, bien sûr !

Pas que

“J’adore Pâques parce que c’est le seul jour de l’année où les chocolats, ils sont gratuits”

Après un sourire,
Que lui dire ?
Lui mentir ?
A vrai dire,

Sous le masque des sourires,
Se dissimule le pire.
Une douce illusion d’un jour,
Sous le sourire de l’amour.

Si seulement je connaissais,
Seulement l’ombre de la vérité.
Rien n’est gratuit, tout est donné.
Rien n’est offert, tout se paie.

La vérité est cruelle,
Au prix de mes prunelles.
En effet tôt ou tard,
Tout se paie même les regards.

La vérité c’est le pire des mensonges.
Je ne me connais qu’en songe.
Je ne me connais ni moi-même ni les autres.
Ni le seigneur, ni ses apôtres

C’est en cherchant que je me perds.
Aux creux des mots et des vers.
Comme des vagues,
Tout reste vague.

Le savoir est amer,
Comme l’écume de la mer
Des questions sans cesse éternelles
Des réponses toujours nouvelles.

Beaucoup de déceptions,
Et de nouvelles questions.
Tout le monde a des opinions,
Sur les textes de la chanson.

Toujours nuancées.
Car les avis sont faits pour changer.
La vérité n’a pas de contraire,
Ni de retour en arrière.

La destiné en cépée.
La vie est un brouillard épais,
Un jeu de cap et d’épée.
On gagne les guerres pas les paix,

Je me perd dans les jeux,
Pour oublier mon “je”.
La vie c’est nous contre nous,
Qui finira à genoux ?

Rê créer :

Mon cœur à l’heure du minuit,
Du Midi au midi.

Quand on me demande si ca va
Je dis que ça va.

Je ne me demande jamais ça à moi-même.
Je me contente d’écrire des poèmes.

Je ne crois ni aux enfers ni au paradis,
Ni même à la vie.

Je ne crois plus en l’homme,
Je ne crois plus en Dieu.

Le Christ a racheter nos péchés, je me souviens
Pour une bouchée de pain.

Il me les a revendus au prix fort.
La vie m’a jetée un sort.

Je regarde en moi-même, quand je sort.
Je rêve de la mort, quand je dors.

Entouré, je me sens encore plus seul,
Que six j’étais seul

J’attends mon heure. Patient.
Je suis mon médecin et mon patient.

Je me pose des questions existentielles,
Le réponses se valent toutes entre elles.

Je ferme les yeux, je vois le néant,
J’ouvre les yeux, je vois le néant.

Je ne crois plus qu’en la création,
En l’action à réaction.

Alors je créer
Avec un tableau une craie

Sur le noir du malheur
Le visage du bonheur.

Comme le cancre que je suis.

Sombre :

Elle se montre au soleil et se cache dans l’ombre.
Toujours sans couleur, sans odeur, sombre.
Seule ou en surnombre.
Elle me suit toujours,
De nuit comme de jour.

Je devine son regard,
Et son mutisme bavard.
Elle se multiplie comme du pain.
Et se cache dans les nocturnes de Chopin.

Noire comme une boule de suie.
Toujours là où je suis.
Et je suis là où elle est.

Elle me rend beau et laid.
À mon corps elle est scellée,
J’aimerais m’en échapper grâce à un cheval ailé.

L’incarnerais-je en enfer ?
Noué avec des chaînes en fer.

L’emporterais-je au paradis ?
Même où le soleil irradie !

Elle sera avec moi-même dans le néant,
Au-delà des frontières de Canaan.

Terre promise,
Pour le peuple de Moïse.
Dans le livre des nombres.

Face à moi, elle remporte cette partie d’hombre.
Elle me suivra outre-tombe.
Mon nombre.

Pourrir juste pour rire

Vouloir guérir,
Par le gai rire.
Vouloir courir,
Vers mon derniers soupir.
Accepter à l’âge de venir.

Que mon futur soit souvenir,
Que ma tortue soit sans pire,
Que parole soit sans dire,
Que mon bonheur soit sans jouir.
Ne jamais naître toujours mourir,
Ne jamais être toujours vivre.

Décliner et m’épanouir,
Toujours revenir,
Toujours partir.
Vite entré,
Vite sortir,
Vite enterré,
Vite finir.

Les éthers

Il y a plus d’éternels,
Dans un éternel,
Que dans deux éternels.

Est terre,
Ni elle
Ni moi,
Ne m’émois
Ni le chaud
Ni le froid.

Les terres de miel,
Ne valent pas
Les toiles du ciel.
Le début n’en fini pas,
La fin déjà,
Arrive à grands pas.

Aimer la vie
Comme la mort
Et la mort
Comme l’amour

Car l’amour est éternel
Comme la mort
Pas une étincelle
Comme le corps

Omniscients

Je parle

au livre

des émotions

je parle

aux mots

qui enchantent

je parle

aux lettres doubles

de souffrance

je parle

aux longs silences …

 

 

 

PAIX

 

Si un chant

d’amour

pouvait devenir

la paix

sur les rayons

humides

des tranches

de vie

avec au bout

du chemin

des bras

ouverts

en marquant

nos arrogances

sur des parcelles

de pouvoir .

Macabres Poésies

Le poète et la mort

Il était une fois un poète maudit

Qui cherchait dans les mots le sens de sa vie

Il écrivait des vers sombres et torturés

Où il exprimait sa douleur et sa détresse

Un jour, il rencontra la Mort sur son chemin

Elle lui dit: “Viens avec moi, je te ferai du bien

Je te libérerai de ton mal et de ta peine

Je te donnerai le repos et la sérénité”

Le poète hésita, il avait peur de la suivre

Il pensa à ses poèmes, à son œuvre inachevée

Il se dit: “Si je meurs, qui lira mes écrits?

Qui comprendra ma souffrance, qui partagera ma vision?”

La Mort lui sourit, elle lui tendit la main

Elle lui dit: “Ne t’inquiète pas, je ne veux pas te nuire

Je veux seulement t’offrir un autre destin

Un destin où tu seras reconnu et admiré”

Le poète se laissa séduire, il prit sa main glacée

Il la suivit sans se retourner, il oublia son passé

Il ne vit pas les larmes de ceux qui l’aimaient

Il ne sut pas qu’il venait de mourir pour la postérité.

A Mon Fils – Adolescence

Hommage à la souffrance de l’adolescence. Acrostiche d’Amour

Arrivé dans ma vie tel un soleil.                              

Mutin, câlin, secret, sans nul pareil.            

Oblatif, entre le zist et le zest.                    

Nuage étiré tel un geste.                             

Feu follet, fumivore qui se dévore.             

Ibis gracile volant vers ses noirs ors.           

Luminescent tu fusionnes les tiens.

Souffrance bue  τραυμα  qui t’étouffe, m’étreint.

A Mon Fils

                       De l’Amour d’une mère à son fils par acrostiche .

Animal rare

Mi – ombre mi- RA

Ornithorynque.

Ni angélique, Ni démoniaque

Funambule

Inclassable.

Lutin

Sensible

Bleu

Bleu

Le bleu est notre couleur primaire, celle de notre planète. C’est la couleur première, quand la Terre n’était encore qu’océans. Quand il se colore discrètement de jaune, le bleu devient sapin, teinte de l’hiver. Quand il vire au blanc, il est couleur de la montagne, de la neige fraîche, de la neige éternelle. Lorsqu’il se fait rosé, le bleu est celui de l’aube et du crépuscule. Il est la flamme à sa source. Symbole de froideur, il est alors la plus brûlante des couleurs chaudes.

Il réunit ciel et mer, quand l’un se reflète dans l’autre, et que les deux deviennent, sous le soleil, turquoise. Il est, à l’horizon, le bleu de Prusse, l’indigo, le marine ou le bleu-gris qui signe l’approche de l’orage.

Teinté de noir, il emplit la nuit quand la lumière du monde s’est retirée.

Quand nous nous l’approprions, le bleu devient symbole politique. Il est la puissance, la couleur des armées de Clovis, celle du bleu roi dont se drape Louis XIV, celle du sang des Nobles et de leurs armoiries.

Mais le bleu sait aussi être révolutionnaire. C’est celui de notre drapeau tricolore, qui, avec le rouge est aussi le symbole de la ville de Paris. C’est la clarté, la liberté qu’entre-aperçoit le prisonnier claquemuré à la Bastille.

Le bleu est parfois guerrier. Il est le « bleu horizon » des costumes de la première guerre mondiale, celui de « la ligne bleue des Vosges ». C’est ce bleu qui dessine nos frontières.

Puis, cette couleur redevient celle de la paix, de l’Europe, de son drapeau, tel un ciel étoilé. C’est la couleur de l’Organisation des Nations Unies.

Le bleu nous égalise. C’est celui des jeans que nous portons tous, la couleur du labeur, du bleu de travail des ouvriers, notre entrée dans la modernité.

Ce bleu qui nous vêt est aussi le miroir de nos états d’âme. Ce sont des bleus de souffrance, sur nos peaux et dans nos êtres, qui nous marquent corps et esprit. Quand il se fait musique et nous accompagne dans nos tristesses et nos désespoirs, le bleu s’internationalise pour devenir le blues.

Le bleu est porteur de multiples sens et d’une longue histoire. Il désigne pourtant aussi le débutant, le novice. Associé aux bas, il se fait, sous la plume de Molière, intellectuel au point d’en être ridicule.

Il est couleur du rêve, du nuage qui se dissipe, de l’espoir, le bleu de l’encre des mots qui disent nos maux, le bleu des feuilles dont Colette faisait usage pour éviter le trac de la page blanche. Il est la signature des chefs d’œuvre de Klein, singuliers dans leurs similarités. Il devient alors matière, et le support de nos émotions picturales. Il est le symbole virginal des madones de Giotto.

Si le bleu nous parle, nous enchante, nous touche, il est aussi celui de notre colère, lorsque notre visage en prend la couleur.

Il dénonce notre peur, quand nous en devenons bleus. Il est la couleur du froid, quand le sang ne circule plus dans nos extrémités, couleur de la mort, quand la vie se retire de nos corps.

Mais le bleu sait aussi être profondément joyeux. C’est la couleur et la douceur des yeux amusés de ma grand-mère. C’est celle de la Grèce et de ses îles, celle de l’azur infini, celle de la turquoise, de la marine, de la vague qui nous emporte et nous emmène, nous fait glisser, voguer vers d’autres rivages, tantôt dense et profond, tantôt reflet ou transparence.

Sur la peau des figues, des prunes, des mûres que nous cueillons à même les arbres, sur les pétales des bleuets, des lilas et des iris bleus, s’invitent toutes ses nuances. Le bleu réjouit alors nos papilles, nos perceptions olfactives autant que visuelles, et nous rend heureux.

Un adjectif de quatre lettres, une syllabe, retranscrivent une infinité de sensations et de sentiments, racontent une longue histoire qui nous accompagne et nous construit.

Comment dire le monde sans le bleu ?

 

LE BONHEUR

On dit que le bonheur se déclare

Comme le soleil dans sa course.

On dit aussi qu’il est avare

Par l’étroitesse de sa source.

Ce qu’il distribue est rare ;

Il ne délie que peu sa bourse.

 

Il voyage en permanence.

Des régions, il fait le tour.

Les cible selon leur convenance

Et de sa venue, choisie le jour.

Il parcoure une longue distance

Et accompli sa tache toujours.

 

Dans ce qu’il ramène, il diffère

Chez les gens quand il s’annonce.

Chez certains, c’est la misère.

Chez d’autres, c’est la réjouissance.

Pour les uns tout est précaire,

Pour d’autres c’est l’abondance.

 

De son tour, chacun attend

Mais quand au notre, qui sait ?

L’ordre est fait par le temps

Sur la liste qu’il a dressée.

Nous attendons le moment ;

Les paumes de nos mains haussées.

 

Si, chez certains, il apparaît,

Chez d’autres, il ne subsiste.

Si une région est éclairée,

L’autre est froide et triste.

A la fois, jamais il ne parait ;

Il sera vain qu’on insiste.

 

On s’informe de l’état du ciel,

De toi, on s’informe aussi.

Quand il donne de ses nouvelles,

On espère une éclaircie.

Quand la chaleur nous harcèle,

On veut l’orage qui l’adoucie.

 

Nous ignorons, heureusement,

De tous nos vœux, l’apparition.

Si nous savions le moment,

Nous tomberons dans la confusion.

Il vaut mieux attendre patiemment

Que le sort nous serve par profusion.

 

Les choses sont agréables et belles

Quand par surprise, elles viennent.

Et tu te lasseras d’elles

Quand l’habitude les rend tiennes.

Pour que l’avidité ne t’harcèle,

Evite que l’envie ne te tienne.

 

S’il t’offrait en quantité,

De l’avenir quel sera le sort ?

Si sa source s’est arrêtée,

Ta vie sera presque une mort.

Et ton lot qu’il t’a jeté,

Il le disperse en tout bord.

                                                 Le   30-12-2006      

AHCENE MARICHE