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9 - 12 minutes de temps de lectureMode de lectureLe féminisme en question : méritocratie ou justice pour toutes ?

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Le féminisme en question : Méritocratie ou Justice pour toutes ?

Comment pouvons-nous construire un féminisme plus juste et inclusif qui s’attaque aux inégalités structurelles ? Cet essai explore ces questions cruciales et propose un chemin vers un avenir féministe plus intersectionnel. Rejoignez-nous dans ce voyage intellectuel !

Nous n’avons aucune affiliation politique, et les opinions exprimées dans cet essai sont indépendantes de tout parti ou mouvement politique.

Notre objectif est de fournir une analyse objective et informée sur [ Le féminisme : Méritocratie ou Justice pour toutes ? ]. Nous nous engageons à aborder ce sujet de manière impartiale, en nous appuyant sur des sources fiables et des arguments philosophiques rationnels.

Croyant que l’analyse philosophique doit être fondée sur l’impartialité, bien que cela ne soit pas si facile.

Pourquoi le féminisme « Mainstream » ne répond-il pas aux besoins de toutes les femmes ? Dans cette section introductive, nous examinerons si le féminisme contemporain a tenu ses promesses et pourquoi le féminisme « Mainstream » d’aujourd’hui, ne répond pas aux besoins de toutes les femmes.

Faut-il revisiter notre conception du féminisme à l’aube du XXIe siècle ? Dans cette partie, nous nous interrogerons sur la nécessité de revisiter notre conception du féminisme à l’aube du XXIe siècle, en tenant compte des nouveaux défis et des évolutions sociales.

L’usage exclusif du terme « féminisme » présente-t-il des dangers particuliers ? L’universalité du terme « féminisme » risque-t-elle de le vider de son sens ? Nous examinerons ici les dangers potentiels liés à l’usage exclusif du terme « féminisme » ainsi que le risque de vider ce terme de son sens en le rendant universel.

La lutte du féminisme contre les inégalités de sexe peut-elle l’aveugler aux inégalités sociales et économiques qui subsistent entre les femmes ? Cette partie abordera la question de savoir si la lutte du féminisme contre les inégalités de genre peut parfois négliger les inégalités sociales et économiques entre les femmes.

Des contradictions existent-elles entre les différents courants du féminisme ? Nous explorerons les contradictions potentielles entre les différents courants du féminisme et leurs implications sur la cohérence du mouvement.

Quelles motivations ont conduit la philosophe politique Nancy Fraser et d’autres philosophes à écrire un manifeste contre le « féminisme de la méritocratie » au profit du « féminisme de la classe ouvrière » ? Dans cette section, nous analyserons les motivations qui ont conduit des philosophes comme Nancy Fraser à critiquer le « féminisme de la méritocratie » au profit du « féminisme de la classe ouvrière ».

Qu’est-ce qui motive l’appel de nombreuses militantes féministes à créer également un nouveau terme pour le féminisme, un terme plus actuel et distinct des autres mouvements féministes parfois flous ? Enfin, nous examinerons les raisons qui poussent de nombreuses militantes féministes à proposer un nouveau terme pour le féminisme, plus actuel et distinct des mouvements féministes précédents.

Avant de plonger dans le cœur de cet essai académique, prenons un moment pour réfléchir à cette statistique qui vient appuyer l’idée que, bien que le féminisme les défende, de nombreuses femmes le perçoivent comme une solution imparfaite à leurs besoins. En effet, il arrive que les discours féministes ne reflètent pas fidèlement leurs réalités et ne parviennent pas à cerner leurs angoisses profondes, car toutes les femmes ne jouissent pas des mêmes privilèges et opportunités.

En 2023, une enquête de l’Institut français « Ipsos » menée auprès de 1000 femmes françaises a révélé des chiffres frappants :

1.32% des femmes ne se reconnaissent pas dans le mouvement féministe.

2. Un quart des femmes (25%) estime que le féminisme ne répond pas à leurs préoccupations et aspirations.

3. Près d’une femme sur cinq (18%) considère que les discours féministes ne prennent pas en compte les réalités et les défis auxquels font face, notamment les femmes de divers horizons et origines.

Le féminisme, jadis confiné aux recoins domestiques, a désormais imprégné tous les aspects de la société, de la politique aux médias en passant par l’art. Les slogans et les discours féministes résonnent désormais dans tous les domaines, portés par des personnalités aussi diverses qu’Hillary Clinton et Ivanka Trump.

Ivanka Trump signe un ouvrage intitulé « Les femmes qui travaillent : Réécrire les règles du succès », tandis que Sheryl Sandberg, COO de Facebook, publie « En avant : Femmes, travail et volonté de diriger ». Sandberg, figure emblématique du féminisme d’entreprise, a bâti sa renommée et sa fortune en encourageant les femmes à prendre les rênes des entreprises, persuadée que l’égalité se conquerra par le biais du monde des affaires.

Dans le même sillage, la professeure Anne-Marie Slaughter publie « Pourquoi les femmes ne peuvent-elles toujours pas tout avoir ? Soulevant une question cruciale : Quand les problèmes des femmes se sont-ils réduits à de simples questions de réussite professionnelle ? Dans quelle mesure une femme peut-elle se satisfaire de ce type de féminisme, qu’il s’agisse de celui d’Hillary Clinton ou même du féminisme version Trump ?

Cette interrogation en amène une autre fondamentale : Les différences entre les mouvements et les formes de féminisme ne sont-elles pas contradictoires ? Si la multitude de tendances féministes pourrait faire paraître cette question simpliste, il est clair qu’un discours féministe dominant s’impose, gommant les nuances et uniformisant les perspectives féministes. Ce discours ne se contente pas d’ignorer les diversités, mais il pose, d’une manière ou d’une autre, une limite ou une fin à la lutte féministe réelle.

L’universalité du terme « féminisme » risque-t-elle de le vider de son sens ?

Lorsque le terme « féminisme » est employé de manière trop large et pour désigner une variété de causes et de défis, il risque effectivement de perdre de sa signification précise. Cette utilisation universelle peut mener à des interprétations floues et permettre à des discours et idéologies politiques en vogue de redéfinir le terme à leur convenance, le vidant ainsi de son essence initiale.

Face à ce constat, une question fondamentale se pose : Que recouvre exactement le terme ‘féminisme’ aujourd’hui ? Que signifie-t-il de nos jours ?

Catherine Rosenberg, professeure émérite d’études féministes, s’interroge sur l’évolution de la pensée féministe, soulignant le remplacement progressif des notions de justice, de liberté et d’égalité par des concepts tels que le bonheur, la responsabilité, le progrès et le succès.

Pour comprendre cette transformation, il est nécessaire de remonter aux années 1960, marquées par l’émergence de la deuxième vague féministe aux États-Unis. Cette période charnière a été caractérisée par une revendication fondamentale : l’égalité des droits.

En 1961, la création de la Commission présidentielle sur la situation de la femme sous la présidence de John F. Kennedy a constitué un tournant majeur. Cette commission avait pour objectif d’informer le président sur les questions relatives aux femmes, ouvrant ainsi la voie à l’adoption de lois cruciales, comme la loi sur l’égalité des salaires en 1963.

Judyth Krantz, historienne américaine, s’est penchée sur les origines de ce mouvement féministe et son ascension fulgurante, suscitant l’intérêt de l’élite gouvernementale. Comment les questions des femmes ont-elles pu s’inscrire à l’agenda politique de l’administration américaine sans l’impulsion d’un mouvement féministe organisé ?

La réponse réside dans le contexte économique et social de l’époque. La loi sur l’égalité des salaires n’a véritablement attiré l’attention de l’administration américaine que lorsqu’elle a été confrontée aux lois de protection du travail, conçues pour protéger les femmes de la classe ouvrière.

Le projet de loi sur l’égalité des salaires, présent sur la table politique depuis des décennies, n’a été pris au sérieux qu’à partir du moment où il a été envisagé de le substituer à la loi sur le travail qui protégeait les femmes travailleuses ou les mères non instruites en leur garantissant un salaire spécifique.

En d’autres termes, la loi sur l’égalité des salaires visait avant tout les femmes éduquées et les universitaires qui aspiraient à des carrières dans des domaines tels que la médecine, l’ingénierie, le droit et la philosophie.

Le parcours tortueux de la loi sur l’égalité des salaires révèle une réalité troublante : son objectif principal n’était pas d’améliorer le sort des femmes travailleuses issues de milieux défavorisés.

Au lieu de leur garantir une rémunération équitable, elle a plutôt servi d’outil pour octroyer un salaire aux femmes de la classe supérieure, tout en privant les ouvrières du salaire qui leur était destiné à titre de protection.

Dans son ouvrage Féminisme pour les 99% », la philosophe Nancy Fraser dénonce cette approche biaisée et propose une alternative : un féminisme inclusif et accessible à toutes.

Ce nouveau courant, dominant dans les pays du Nord, met l’accent sur la participation des femmes aux instances dirigeantes, notamment aux conseils d’administration des entreprises. Son objectif est d’autonomiser un petit nombre de femmes privilégiées pour leur permettre de gravir les échelons du monde professionnel.

Si ce féminisme condamne fermement la discrimination sexuelle et défend la liberté de choix des femmes, il reste aveugle aux contraintes socio-économiques qui entravent l’accès à la liberté et à l’autonomisation pour la majorité des femmes.

En effet, il semble que son objectif ultime ne soit pas l’égalité des chances, mais plutôt l’instauration d’une méritocratie qui profite à une minorité privilégiée.

Le mouvement féministe, en luttant pour l’intégration des femmes dans le monde du travail et pour l’égalité salariale, a consolidé un courant largement accepté, souvent appelé ‘féminisme mainstream’. Ce courant met l’accent sur des revendications telles que l’accès au marché du travail et l’égalité des rémunérations.

Cependant, cette évolution a suscité des tensions entre différents courants féministes. Le féminisme mainstream se concentre sur des réformes au sein des structures existantes, tandis que d’autres branches, comme le féminisme radical ou intersectionnel, critiquent plus profondément les structures de pouvoir en place.

Contrairement à ce qui est parfois suggéré, le féminisme mainstream n’est généralement pas associé à la droite politique ou à des politiques non libérales. Il est plutôt lié à des politiques progressistes, bien que certaines alliances temporaires avec des groupes de droite ou certaines alliances temporaires avec des groupes de gauche radicale puissent se produire pour des objectifs spécifiques.

Cette complexité peut parfois placer le féminisme dans des positions délicates.

En réponse, un nouveau discours féministe a émergé, centré sur le travail, l’entrepreneuriat et l’épanouissement personnel. Cependant, ce changement s’est accompagné d’une disparition regrettable de termes fondamentaux comme l’égalité, remplacés par des notions axées sur le plaisir, le bonheur et la réalisation de soi. Même lorsque le féminisme mainstream aborde l’égalité, il le fait dans un cadre restreint, se limitant à la reconnaissance de l’identité de genre ou à l’égalité professionnelle.

Ce changement s’explique en partie par l’absence de prise en compte, par la deuxième vague féministe, d’une critique matérielle des conditions économiques et sociales. Ce manque a favorisé l’émergence de la troisième vague féministe et d’autres courants postmodernes.

Le problème avec le féminisme mainstream, gagnant en popularité, réside dans son omniprésence dans les publicités et sur les réseaux sociaux.

Non seulement il utilise un langage féministe pour promouvoir des politiques non libérales, mais il contribue également à l’apparition de nouvelles formes de racisme et de discrimination. Plus encore, il dénature et marginalise le féminisme, le réduisant à un produit de consommation éphémère ou à un outil pour des ambitions individuelles.

Le véritable problème réside dans le système de valeurs et la nature des désirs inculqués par ce discours féministe.

Sous couvert de promouvoir la rationalité politique chez les femmes, il transforme leur vie, privée et publique, en une sorte de commerce. Il encourage un individualisme forcené qui exclut autrui et vise uniquement le profit personnel.

L’alliance entre le féminisme mainstream et l’ascension individuelle se retrouve également chez les célébrités des réseaux sociaux. Les frontières entre le féminisme et la promotion personnelle de certaines femmes se brouillent. Le risque est que le féminisme ne devienne qu’un hashtag et un outil de marketing personnel, servant l’intérêt de quelques-unes au lieu de toutes les femmes.

En conclusion, le féminisme d’aujourd’hui se trouve à une croisée des chemins, confronté au défi de répondre à une diversité de besoins et de réalités. Pour aller au-delà du féminisme mainstream et de la méritocratie, il est crucial de promouvoir un féminisme intersectionnel et inclusif, capable de traiter les inégalités structurelles et de créer un véritable changement pour toutes les femmes.

La méritocratie, appliquée équitablement, permet à chacun de s’épanouir selon ses talents et ses aspirations. Le féminisme mainstream contemporain, selon la philosophe Nancy Fraser, commence à tisser des alliances ponctuelles avec des groupes de droite ou de gauche radicale pour des objectifs spécifiques.

Le problème réside dans l’ascension parfois injustifiée d’individus issus de ces courants, qui accèdent à des positions de pouvoir sans posséder les compétences ou le talent requis. Cette situation est préoccupante car elle peut nuire à la crédibilité du féminisme et brouiller le message d’égalité pour tous.

L’alliance entre le féminisme mainstream et l’ascension individuelle se retrouve également chez les célébrités des réseaux sociaux. Les frontières entre le féminisme et la promotion personnelle de certaines femmes se brouillent. Le risque est que le féminisme ne devienne qu’un hashtag et un outil de marketing personnel, servant l’intérêt de quelques-unes au lieu de toutes les femmes.

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bookirama.com
Administrateur
2 mois il y a

Salut Engy,

Ton article est vraiment intéressant, et je suis surpris que les statistiques ne révèlent pas davantage de femmes se positionnant sur le fait que le féminisme ne soulève pas les vrais problèmes. Comme tu le dis, il est vrai que le féminisme tend à devenir une étiquette, une sorte de label comme pour du fromage AOP.

Cependant, je m’attendais, compte tenu du sujet, à lire des questions qui piquent. Sans me positionner, je ne souhaite pas prendre de risques pour ma sécurité 😆. Mais voilà, tu as décrit une réalité où les femmes sont privilégiées dans des métiers élitistes par rapport à d’autres femmes dans des métiers plus manuels. Certes, ce n’est pas une question, mais un constat. La vraie question serait alors pourquoi ?

Est-ce à cause de la différence physique liée à la dureté du travail ? Des heures de présence, car bien que le phénomène tende vers un mixte, ce sont encore souvent les femmes qui prennent en charge la garde des enfants ? Ou bien est-ce encore la faute des normes sociales qui ont du mal à évoluer ?

Si la question à soulever est la dernière (la faute des normes sociales qui ont du mal à évoluer ?), alors elle renvoie encore aux deux premières. Une autre question pertinente serait de savoir si, secrètement, les hommes ne souhaitent pas voir les femmes évoluer de peur que la tendance homme-femme s’inverse (je n’y crois pas une seconde, mais on peut se poser la question).

Encore une question qui touche en plein le sujet : pourquoi, alors qu’il est scientifiquement prouvé que les femmes ont tendance à prendre des décisions basées sur l’émotionnel plutôt que sur la rationalité, ont-elles plus facilement accès à des postes politiques plutôt que manuels ?

En somme, ton article est intéressant, mais tant de questions restent à soulever. Le but étant de trouver des solutions pour que les femmes comme les hommes puissent s’épanouir grâce à un soutien mutuel et logique.

Merci encore pour ce partage en tout cas
Amicalement,
🧸 Yohan

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