Bistrot d’Alex – 13h10. Le froid mordant de l’hiver s’effaçait sous les caresses du soleil, tel un amant timide qui murmure des secrets à l’oreille de son aimée. Assise à la terrasse, je savourais mon expresso, l’esprit paisible avant les tumultes de l’après-midi.
Ma mission : composer la symphonie du projet, tisser la mélodie des moyens. Arracher les femmes de zone rurale, en Égypte aux griffes de la polygamie, un combat qui m’amenait à composer avec les extrêmes, à danser sur la corde raide du langage.
Jean, le maître des lieux, s’approcha, un sourire chaleureux sur son visage buriné. “Un expresso, Meritt ? Un homme étranger vous attend.” Un frisson d’excitation parcourut mon corps. Ce jour-là, le destin avait décidé de jouer les entremetteurs.
J’avais sculpté mon apparence avec soin, comme une artiste façonnant son chef-d’œuvre. brushing discret, chemisier blanc cintré, jupe marron, des escarpins qui me faisaient de belles jambes. Les heures au gymnase et une attention méticuleuse à mon alimentation avaient dessiné une silhouette élancée. En, Égypte, la beauté est une arme, un étendard de réussite, d’ailleurs comme partout.
Le représentant financier du nouveau projet se présenta. Un homme brun d’une trentaine d’années, une chemise blanche impeccable. Son allure me séduisit, sa voix professorale fit vibrer mon âme. Ses yeux, un mélange envoûtant de gris, vert et jaune, ressemblaient à un tableau impressionniste.
La discussion professionnelle s’acheva, laissant place à un silence troublant. Nos regards se croisèrent, et Hugo, d’une voix douce et envoûtante, murmura : “Laissons nos papilles danser au rythme du falafel d’Alexandrie.
J’étais prise au dépourvu. Bien que aie déjà déjeuné 2 heures plus tôt, et que j’aie suivi un régime draconien, j’avais envie de prolonger le moment avec lui.
J’étais étourdie, surprise par cette invitation inattendue. Le programme de la journée n’incluait pas de romance, mais la vie a parfois le don de nous surprendre avec des délices inespérés.
Installés à une table près de la fenêtre, baignés par la lumière du soleil couchant, nous avons partagé un repas simple et savoureux. Les saveurs du falafel se mêlaient à nos conversations passionnées, chaque bouchée une découverte, chaque mot un pont vers l’autre.
Hugo avait le don de rendre chaque instant magique. Ses questions profondes nourrissaient nos réflexions, nous entraînant dans des discussions enflammées. Le temps semblait s’étirer, nous laissant libres de nous explorer, de nous perdre dans les méandres de nos âmes.
L’exode des peuples juifs en Égypte devint le fil conducteur de nos échanges. Nous avons exploré la tolérance, l’empathie et la compréhension mutuelle, chaque mot échangé une pierre précieuse ajoutée à l’édifice de notre relation.
Nos valeurs communes, nos passions et nos rêves se sont révélés comme les pièces d’un puzzle parfait. Ensemble, nous avons dessiné le rêve d’un monde meilleur, où l’amour et la compassion transcendent les barrières culturelles et religieuses.
Les jours se transformèrent en semaines, puis en mois. Notre amour grandissait, nourri par chaque instant partagé. Mais les différences qui nous séparaient pesaient de plus en plus lourd. Religion, coutumes et distance semblaient des obstacles infranchissables.
Malgré l’adversité, nous avons choisi de ne pas céder. Notre foi en l’avenir et en la force de notre amour nous a permis de garder espoir. Lettres et appels téléphoniques ont rythmé notre séparation, chaque mot un baume pour nos cœurs meurtris.
Les années ont passé, apportant leur lot d’expériences et de rencontres. Mais jamais l’amour que nous partagions ne s’est éteint.
Franco-égyptienne, née dans un foyer où les livres étaient rois, j’ai été bercée par les récits du monde entier. Ma tante, professeure d’anglais, nourrissait mon esprit de Shakespeare et de Dickens, tandis que ma grand-mère, étoile bienveillante, éclairait mon chemin vers la connaissance. Je me suis plongée dans l’océan des mots, voguant sans limites, insatiable.
Dès l’âge de huit ans, j’ai foulé les planches du théâtre, incarnant les personnages de Naguib Mahfouz, Série Contes de l’Est et Série d’histoires internationales, embrassant la créativité de l’Orient et de l’Occident. Un talent inné, aiguisé par l’expérience, s’épanouissant au fil des années, devenant une étoile sur scène, captivante et vibrante.
Une famille qui m’enveloppe d’affection, encourageant chaque pas, une école fière de mes réussites, une université qui ouvre ses portes, des prix et des reconnaissances, couronnant mon talent et ma passion, une fierté gravée dans mon cœur.
Étudiante en philosophie, j’ai rencontré des penseurs et des écrivains, nourrissant ma culture, élargissant mes horizons. J’ai tissé un lien entre littérature et philosophie, forgeant une petite singularité.
Sept années au sein de Caritas Égypte, défendant les droits des femmes et des enfants, contribuant à bâtir une société plus juste et humaine. Une expérience riche qui a transformé mon regard sur le monde. Le printemps arabe a soufflé le vent du changement, mais le règne des Frères Musulmans ne correspondait pas à mes convictions. J’ai quitté l’Égypte pour la France, terre d’accueil et d’espoir.
À Paris, j’ai appris la langue française, ouvrant de nouveaux horizons. J’ai découvert une nouvelle culture, tissé des liens uniques. J’ai écrit quelques nouvelles fragmentes de mon âme que je partage avec vous.
Bonjour, je suis tombée tout à fait par hasard sur votre texte que je trouve très beau, très bien écrit. Un vrai trésor. Au plaisir de vous lire encore et encore.
Waouh, merci beaucoup pour votre message !
Vos paroles me touchent vraiment beaucoup et me font chaud au cœur
Bonsoir Engy, premier texte que je lis de vous. Une lecture douce, intéressante et je pense, nourrie de votre expérience de femme. Je n’ai pas détesté votre texte, vous y mettez de belles descriptions que j’aurais pourtant aimé plus développées pour plus d’intensité à votre texte. J’espère que vous ne m’en voudrez pas de mon honnêteté
notes : – vous avez oublié une majuscule à “Brushing”.
– En Égypte : vous avez mis une virgule entre les deux termes.
– Bien que j’ai déjà déjeuné : vous avez oublié le ” j”
– “chaque bouchée une découverte, chaque mot un pont vers l’autre.” : ici je mettrais, chaque bouchée était…. et chaque mot, …”
– “chaque mot échangé une pierre précieuse ajoutée à l’édifice de notre relation.” : ici, plutôt mettre “chaque mot échangé était…”
Ne m’en veuillez pas, c’est un défaut terrible chez moi à force d’avoir lu, d’avoir chroniqué des livres et d’avoir surtout été lectrice dans un comité de lecture. Mais, je suis aussi moi-même comme tout le monde et je suis certaine que mes textes ne sont pas parfaits. Le vôtre est tout de même agréable à lire, oui, comme le dit précédemment Sandra et il donne envie de savoir la suite de l’histoire. Il me fait penser de plus à une internaute avec qui j’ai discuté quelques temps par le passé sur un réseau social américain, elle s’appelait Shakila, elle était chrétienne catholique, mariée avec un homme musulman et leur union ne semblait pas toujours simple justement déjà à cause de leur religion respective, vis à vis de leur entourage et d’autres choses.
Pourriez-vous me dire ce qu’est le fameux Falafel ? Je suis très curieuse.
Merci pour votre texte et au plaisir de vous lire,
Laetitia
Laetitia, je te remercie énormément d’avoir pris le temps de me lire et surtout pour tes commentaires très agréables. Je tiens à te rassurer, je ne suis pas du tout dérangé lorsque tu me fais remarquer les fautes, même si le texte a déjà été révisé par une professeure universitaire de FLE.
Effectivement, il y a quelques fautes de frappe, notamment pour le virgule et la lettre “j”.
Au départ, je ne savais pas qu’il était possible de les corriger, mais heureusement, Johan m’a expliqué comment faire.
En ce qui concerne l’histoire, il s’agit d’une nouvelle, d’où sa brièveté. Cependant, j’ai prévu de la développer davantage à l’avenir. En ce moment, j’écris beaucoup d’essais philosophiques et j’aimerais beaucoup connaître ton avis à ce sujet.
Quant aux falafels, ils sont utilisés comme symboles pour représenter la délivrance de la religion de Hugo (qui est juif). Je tiens à rappeler que cette histoire est purement imaginaire et ne reflète en aucun cas la réalité.
Bonsoir Engy,
J’espère que tu développeras ta nouvelle, si c’est le cas, je la lirai.
Les fautes, tu sais, ce n’est pas grave, dans la mesure où l’on peut modifier par la suite. Parfois, il faut plus d ‘une relecture pour un texte parfait et même deux ou trois personnes pour lire car on n’est jamais à l’abri d’un oubli. Je sais de quoi je parle, car je retrouve des coquilles dans certains livres, même publiés par de grandes maisons d’édition et moi-même mes livres, j’ai revu des fautes que je corrige ensuite. Mais parfois, il n’est pas possible de corriger dans l’immédiat car l’éditeur n’a pas le temps et en plus, on a des exemplaires de nos livres chez nous pour les dédicaces en salon.
En ce qui concerne tes textes philosophiques, j’essaierai de lire, cela me remettra dans le bain car il y a pas mal d’années que je n’en ai pas lu. J’en lisais durant mes études littéraires. Par contre, je prendrai surement plus de temps à leur lecture car lire de la philosophie n’est pas la même chose que lire un conte, une poésie, une histoire…
Laetitia,
Les falafels, ces délicieuses boulettes frites, constituent un plat ancien et savoureux originaire du Moyen-Orient.
Leurs origines remontent à des siècles, et font l’objet de différentes attributions. Certains les associent aux Juifs d’Égypte dans l’Antiquité, tandis que d’autres les rattachent aux Coptes d’Égypte, la communauté chrétienne la plus ancienne, dont l’influence se retrouve dans le nom de la première personne de votre nouvelle, Merit.
En effet, il y a environ 1000 ans, les falafels étaient consommés par les chrétiens coptes pendant le carême, en tant que substitut à la viande. Le mot “falafel” lui-même trouve ses racines dans la langue copte et signifie “mélange”, reflétant la composition de ces boulettes à base de fèves, d’herbes et d’épices.
Les falafels généralement servis dans du pain pita garni de crudités, de sauce tahini et d’autres condiments.
Un texte très bien écrit et particulièrement agréable à lire. Je ferai bien l’expérience de cette plume sur un récit plus long.
Merci pour cet agréable moment.
Ravie que ma nouvelle vous plaise !
Savoir qu’elle vous a semblé bien écrite et agréable à lire me touche beaucoup.♥️
D’autant plus que le français n’est ma langue maternelle que depuis huit ans.
Avoir apprise à écrire en français, de la philosophie à la création de nouvelles, est une immense joie.
Merci beaucoup !
Alors vous avez d’autant plus de mérite. Encore bravo, notre langue est très belle, mais tellement difficile.