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5 - 6 minutes de temps de lectureMode de lectureL’appétit féminin partie deux : une histoire de répression ?

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La première partie de cet essai philosophique a examiné les raisons de la répression de l’appétit des femmes à travers l’histoire, en mettant l’accent sur l’époque victorienne où l’aristocratie a promu des normes esthétiques spécifiques et où l’idée de la privation de soi s’est répandue. Il discute également de l’aspect idéologique des représentations du corps mince et plein. Dans cette partie, nous aborderons des questions plus problématiques concernant la compréhension des troubles alimentaires chez les femmes en particulier.

Traditionnellement, la médecine aborde les problèmes de poids, qu’ils soient en excès ou en déficit, en les qualifiant de problèmes biologiques, hormonaux, physiologiques ou même psychologiques, pouvant être liés à la paresse, à l’ennui, à l’anxiété, à la dépression, etc. Souvent, la médecine trouve la solution dans la régulation des repas, la consommation d’aliments sains et le calcul des calories ingérées ou brûlées par le corps. Malheureusement, la médecine néglige ici une idée fondamentale liée à la nourriture, à savoir le plaisir fondamental de manger, ou en d’autres termes, le plaisir particulier lié à la personne elle-même et à sa psyché. Nous ne parlons bien sûr pas des troubles physiques, hormonaux et génétiques liés à la personne. Le plaisir alimentaire chez cette personne est lié à de nombreux facteurs psychologiques intrinsèques qui dépassent les facteurs génétiques et hormonaux.

Nous commençons ici par poser une question importante : Comment pouvons-nous comprendre le plaisir de manger chez les femmes ? Cette question nous invite d’abord à distinguer entre le concept du besoin de nourriture et celui du désir de nourriture. Le besoin de nourriture représente un besoin biologique de fournir la nourriture nécessaire au corps pour survivre et accomplir ses fonctions vitales. Quant au désir de nourriture, il s’agit d’un désir psychologique qui dépasse le simple sentiment de faim ou de satiété, et inclut une sensation de plaisir particulier, parfois accompagnée de douleur. Le plaisir peut être douloureux pour l’individu lorsqu’il mange trop ou s’abstient de le faire. Cependant, il reste un plaisir pour lui, et peut même être une solution à d’autres problèmes de sa vie. Par exemple, lorsque quelqu’un est confronté à des difficultés émotionnelles, à des situations douloureuses ou à des retards inattendus dans des affaires spécifiques, il peut soit se tourner vers la nourriture, soit la résister. Il ressent du plaisir qui le distrait des autres problèmes et l’aide à résoudre le problème. Bien que ce plaisir puisse être temporaire, lorsque la personne mange dans ces circonstances soudaines ou douloureuses, elle répond à son désir de manger et éprouve ce plaisir, ce qui lui permet de se débarrasser des pensées négatives et de sortir de l’état dans lequel elle se trouvait.

La Dr. Emmanuelle Garnier, experte française en psychologie et neurosciences, a mené des recherches sur la relation entre le cerveau et le comportement, y compris l’impact des émotions sur l’alimentation. Elle a publié de nombreux articles et documents scientifiques sur ce sujet, dont son célèbre livre « Pourquoi on mange trop », qui aborde l’effet des émotions sur les choix alimentaires et les comportements alimentaires chez les femmes.

Dans son livre, elle aborde l’impact des émotions sur les choix alimentaires et les comportements alimentaires des femmes, un sujet complexe exploré par de nombreux chercheurs et experts en psychologie et en nutrition. Les femmes ont généralement tendance à recourir à la nourriture comme moyen de faire face aux émotions négatives telles que la tristesse, l’anxiété, le stress ou l’ennui.
Tristesse : Consommation d’aliments riches en matières grasses et en sucres, car ces aliments stimulent la libération d’hormones telles que la dopamine et la sérotonine qui améliorent l’humeur à court terme.
Anxiété : Surconsommation alimentaire ou consommation de repas peu sains, recherche de soulagement du stress par la nourriture.
Stress : Suralimentation compulsive ou perte d’appétit, affectation des hormones de la faim et de la satiété.
Ennui : Manger comme forme de divertissement ou pour combler le vide.

Passons à la deuxième question : Quel est le lien entre la nourriture et les émotions, 
L’analyse psychologique considère que la relation entre la nourriture et les émotions reflète la relation de la personne avec elle-même et avec les autres. La nourriture est souvent utilisée comme moyen d’expression émotionnelle. Dans les premiers stades de la vie, le nourrisson est lié à sa mère à travers la nourriture, et les effets de cette relation émotionnelle sont clairement visibles dans les cas de rejet ou de suralimentation. Pendant l’adolescence, les défis émotionnels augmentent avec le sentiment de choc et de non-compréhension des changements physiques et des nouvelles identités sociales, ce qui peut entraîner des troubles alimentaires tels que la boulimie ou l’anorexie.
Au niveau psychologique, le désir sexuel est étroitement lié à la nourriture. Des troubles alimentaires peuvent apparaître en raison du désir émotionnel pour l’autre et pour exprimer des émotions. Dans certains cas, une personne peut ressentir un confort et une tranquillité mentale en consommant de grandes quantités de nourriture, tandis que d’autres peuvent refuser de manger comme moyen de contrôler leurs émotions ou en réaction à la peur de perdre ce plaisir.

Ainsi, il apparaît que la relation entre la nourriture et les émotions représente un aspect important des relations personnelles et psychologiques. Elle reflète les défis et les changements auxquels l’individu est confronté dans sa vie. La nourriture peut être utilisée comme une stratégie d’adaptation pour faire face à des émotions difficiles, à des situations stressantes ou à des changements importants.

Nous arrivons à la dernière question de cet essai philosophique : Pourquoi les femmes sont-elles associées aux sucreries ? En réalité, cela est lié à l’histoire et à la culture des publicités qui ont lié les sucreries à la récompense, au réconfort et à une gamme d’émotions variées. Les médias actuels dépeignent les glaces, le chocolat et les sucreries comme des aliments préférés des femmes, associés à la récompense, au réconfort, parfois à la détente, et d’autres fois aux émotions romantiques et érotiques.
Les caractéristiques sensorielles et émotionnelles des sucreries
Il existe d’autres facteurs liés à la nature même des sucreries qui en font partie intégrante de la culture populaire. Elles stimulent les sens du goût et de l’odorat, et contiennent des composés qui favorisent la relaxation et le confort. Ces caractéristiques sensorielles et émotionnelles font des sucreries un symbole de plaisir et de récompense, et peuvent parfois inciter les femmes à se sentir coupables en en consommant de grandes quantités.

En général, la question de la préférence des femmes pour les sucreries reste multidimensionnelle. Elle est liée à l’histoire, aux discours culturels et sociaux associés à la nourriture et à son impact sur les émotions. 

 

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bookirama.com
Administrateur
2 mois il y a

Salut Engy,

C’est un sujet très intéressant que tu nous proposes aujourd’hui. Voici ma réflexion : je pense que nos émotions sont en effet liées à notre façon de consommer, quelle que soit la chose que l’on consomme : alcools, cigarettes, achats, contenus audiovisuels, etc. Les émotions influent sur notre consommation et l’inverse est tout aussi vrai, de sorte que l’on peut entrer dans un cercle vertueux comme vicieux. Et cela quel que soit le genre de la personne !

Quant à l’association entre les femmes et les friandises, je trouve que c’est une façon coquine et taquine de les comparer à des saveurs qui donnent envie d’être goûtées sans faim et sans fin.

Mais je ne vois pas là un aspect réducteur mais plutôt comme une métaphore un peu lourde certes, mais pas méchante.

Le problème serait de ne limiter la femme qu’à cela, comme le dépeint très bien mon ami Yoan dans « Sunshine » (https://bookirama.com/sunshine/).

C’était un plaisir de t’avoir lu à nouveau, vivement une nouvelle réflexion à partager 🙂

À bientôt,

Yohan

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