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13 - 18 minutes de temps de lectureMode de lectureLe Peuple S.A.

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« LE PEUPLE S.A. »

Un feuilleton désopilant et politique signé Schwartz-Belqaçem de l’Ecole de l’Aire de Sampans

SAISON 01 – EPISODE 01

LORSQUE RENE ANTOINE, celui dont on dit qu’il pèse plusieurs billions, pousse la porte de l’agence Curtis & Curtis au 159 de la rue Philippe-Triaire, Zaza, la rousse occupée à redresser la copie du « David & Goliath » de Michelangelo Merisi dit le Caravage, est loin de se douter que sa vie va basculer en même temps que l’escabeau d’occasion que lui a fait apporter David Petkovic, la crapule qui lui sert de patron…

Lorsque le même René Antoine né à Mandelieu d’une Dornett-Crabos et d’un Dreyfuss à la mode de Bretagne, s’installe dans le fauteuil à bascule réservé à David Petrovic, il ignore ce que pourra être sa réaction lorsqu’il sortira le pognon et le plaquera cash sur son bureau….

Lorsque Icelui Petkovic pousse la porte de ce qui est son agence immobilière et remarque le burnous qui enveloppe les épaules de René Antoine, le Wegener posé sur la pile de ses dossiers et la pâleur extrême de sa secrétaire, il comprend qu’un homme capable de sidérer Zaza Dumont, de s’asseoir à sa place et de feuilleter ses livres de comptes sans son autorisation est susceptible de lui attirer pas mal d’ennuis : « Bonjour, s’entend-il dire, est-ce que les papiers sont prêts ? »

Il est des moments, dans la vie (what else ?) où l’on perd le sens des réalités. Petkovic a reçu un coup de fil de son avocat lui parlant d’un intéressement à leurs affaires de la part d’une grosse légume, mais si vite…

René Antoine n’a pas l’air armé. Il est là, ses énormes Doc Martens posées sur la moquette – les mains à plat sur le faux acajou du bureau mais Petkovic – qui avait sévi lors de la guerre de Bosnie et s’était refait une santé en effectuant de ténébreuses missions pour Blackwater en Afrique – n’en restait pas moins méfiant.

« David Petrovic, n’est-il pas ? Si vous restez debout, ça va nous prendre un bout de temps, or du temps c’est de l’argent et il ne nous reste pas beaucoup, d’accord ? »

Lorsque Ka’an hypnotise Mowgli dans « Le Livre de la Jungle » il sait que le gosse ne restera pas éternellement sous son charme : René Antoine sort adoncques une serviette bourrée de bifferons jusqu’à la gueule du sac de voyage qu’il tient coincé entre ses énormes cuisses.

— C’est pour vous, Petrovic, vous pouvez compter, ensuite je vous prierai de prendre votre nécessaire ou de vous faire aider par Madame Dumont. J’ai du pain sur la planche, voyez-vous, il s’agit de changer le monde.

Pétrifiée du côté du palmier nain du Yémen que Zaza Dumont lui a offert pour son 70e anniversaire, Petkovic, tout en rousseur livide, se demande d’où sort le type en burnous qui le transperce du regard et souffle des narines comme un buffle dont la sieste aurait été troublée par une Jeep de touristes suisses. Il fait deux pas en direction de la serviette, en renverse le contenu et, ébahi, lève les yeux vers Antoine qui a gardé son chapeau manufacturé à Frankfurt-Am-Main…

— Un bâton en dollars, c’est ça ?
— Un bâton pour les murs et 400 000 pour le fonds et les faux frais.
— C’est un peu ric-rac, non ?
— C’est ric-rac, mais je m’occupe de la déclaration et des problèmes fiscaux. Petrovic ôte ses Ray Ban et fait tourner sa Piguet autour de son poignet…
— J’hésite. Vous comprenez que vos manières sont expéditives… D’un autre côté, si vous avez des compétences en changement du monde…
Antoine plaque son Wegener sur une pile de factures et fixe Petkovic : « Si j’ai un conseil à vous donner, camarade, c’est de prendre ce qui vous est dû et de débarrasser le plancher. Car je vous assure, toutes vos planètes ne sont pas alignées… »

Petrovic désigne Zaza comme s’il était son avocat au prudhomme : « Et d’elle, vous allez faire quoi ? Je vous la vends ou je vous la prête ? »

« Je la prends en charge, le devance René. Je suis l’ami du petit personnel et des syndicats. »

Petrovic a une tête à faire passer Bela Lugosi pour une vendeuse chez Séphora… Le moment est critique, ou il défouraille ou il traite…

— Pour la franchise « All Buildings, Boston », vous comptez faire comment ?

Planquée derrière son palmier, Zaza épie René dans un miroir… : un caractère fascinant avec ses interminables jambes, ses bras mous comme une trompe et ses oreilles décollées comme les éléphants.

— Ce n’est plus votre affaire. Dans le quartier, ça va changer de musique, c’est moi qui vous le dis.

Rêveur, Petkovic actionne le rideau métallique qui donne dans la rue et regarde dans la direction de la Statue du Grand Poète. C’est à ce moment là que le billionnaire René Antoine lui donne son congé en ces termes :

— Petkovic, vous n’avez pas le choix, débarrassez-moi de ces cartons, je ne veux pas d’ennuis avec les Brigades d’Octroi ou avec vos associés.

(A Suivre)

SAISON 01 – EPISODE 02

Résumé de l’épisode précédent et contexte

LE QUARTIER où René ou André Antoine venait de s’installer était en ruines pour cause d’émeutes lors du Grand Chambardement. Il avait fallu débrancher toutes sortes de câbles et remplacer les matériaux composites par des matériaux plus sûrs faciles à trouver localement. Dans certains secteurs de la Généralité, cela donnait le spectacle d’un vaste gruyère minéral qu’on devait franchir sur des planches posées sur d’interminables alignements de parpaings.

CELA TOURNAIT ET VIRAIT dans la tête d’Albert Veillet-Lavallée, l’inoxydable reporter des « Affiches » : la voix d’un collègue au bigo :

— Le type est complètement ouffe ! Il pousse la porte des commerces de la rue Philippe-Triaire, il fait sortir les clients s’il y en a, il invite le patron ou la patronne à tirer les rideaux, et hop, il les exproprie à grands coups de biffetons !

— Comment ça, il les exproprie ? – fait Albert V.L.

— Eh bien oui, comme je t’ai dit, il sort une malle de sa voiture, il en tire des paquets de billets tout frais sorti de la Banque Geral et il les tend avec un acte de vente aux commerçants qui s’étouffent à moitié, ils protestent tous, d’accord, mais ils acceptent tous !

— Ils acceptent sans protester ?
— Ben oui, il est convainquant, sézigue, si tu voyais le morceau…
— Il est violent ? Violent, non, disons péremptoire.
— A quoi il ressemble ?
— Jamais vu ça de ma vie, il porte des pompes de skin à armatures, un jean XXL délavé, une ceinture en toile rose et une banane sous le bide : il a une espèce de chemise en drap ; un gilet de loufiat rayé jaune et noir trop petit pour lui ; un burnous beige avec une capuche ; et le même chapeau que Derrick à ses débuts…

— Tu as essayé de lui parler ?
— Pourquoi j’aurais fait ça ?
— Ben, tu es journaliste aussi, ça se fait, de poser des questions, quand on est journaliste…
— J’ai essayé… J’ai essayé mais à la manière dont il m’a fixé…
— Comment ça, tu te dégonfles, maintenant ? (Silence, crachats)
— Je m’en suis bien gardé parce que j’ai eu un mauvais pressentiment.
— Tu donnes dans le pressentiment maintenant ?
— Non… Mais ce type a quelque chose de pas humain…
— Tu ne vas pas me dire que tu as repiqué à ce truc et que tu vois des fantômes partout…?
— Ce type est dingue, Albert, il fait peur sans produit !
— Et pourquoi il te fait peur ?
— Tu l’auras voulu ! Il a trois yeux !
Stupéfaction d’Albert V.L, raclement de gorge, quasi éternuement…
— U’ Pasqua’, tu vas pas me dire que tu as rechuté ?
— Qu’est-ce que t’es con ! Ce que je te dis là, c’est qu’il a vraiment trois yeux ! Il a

deux yeux comme toi et moi et un troisième en plein front, une verrue qui brille comme une agate et qui te fout sacrément mal à l’aise.

Albert se gratte l’arrière de la tête et change son mobile d’oreille.
— Tu me dis qu’il va se fournir en pognon dans sa voiture, c’est ça ?
— Ca paraît dingo mais c’est bien ça.
— Il doit y avoir des sommes considérables, s’il fait toute la rue avec ses sacs de billets ?
— Ca paraît fou mais c’est ce que j’ai vu de mes yeux vu.
— Il a un complice, alors ? Il ne laisse quand même pas son pognon sans surveillance pendant qu’il négocie.
— T’es sacrément fortiche, mon Bébert ! Dans la bagnole, y’a une vieille   emmitouflée dans son col de renard, les mains pelotonnées dans son manchon, sa mère, probablement… »

(A suivre)

SAISON 01 – EPISODE 03

Résumé de l’épisode précédent et contexte

RENE OU ANDRE, bref, l’homme en burnous et Wegener qui venait de faire irruption Rue Philippe Triaire dans le but de changer le monde ne s’était pas toujours appelé Antoine. Selon le pays et la ville où il officiait, il se faisait appeler Henri Crabos, Paul Dreyfuss, Sylvain ou Harry Antoine, Gene Hickerbottom, Henry Foster ou Adam de Bilderberg. Difficile dans ces conditions de trouver des traces vérifiables de son existence dans les registres de l’état-civil et même dans les fadettes d’Interpol ou du ministère de l’Intérieur. Issu d’une famille de financiers de calibre mondial, il s’était éloigné de Wall Street dans les années 80 et s’était payé une décennie sabbatique. Comme il avait mordu l’oreille d’un actionnaire majoritaire lors d’un conseil d’administration, un vieux juif cultivé, Ariel Lipouchkine, l’avait baptisé « Stavroguine », du nom du héros des « Démons » de Dostoïevski. Victime d’un accident vasculaire le jour de ses 40 ans, il avait été opéré à Madrid et en était revenu avec la passion des taureaux. A l’analyste que le conseiller de la holding familiale lui avait adressé à Pampelune, il avait déclaré qu’il ne serait jamais plus un Crabos, un Dreyfuss ou Foster eu égard à sa décision d’utiliser sa fortune pour changer le monde.

(A suivre)

SAISON 01 – EPISODE 04

Résumé de l’épisode précédent et contexte

LE COMMISSAIRE LETONDEUR a reçu un coup de fil de son pote journaliste Veillet- Lavallée. Il y a une épidémie de suicides rue Philippe-Triaire, dans le quartier du Q., secteur jadis florissant. Letondeur porte un flyer de la RAF, un Levis gris et des Church Torpille à boucle. La scène se passe dans de sa tête :

« POURRITURE D’OREILLETTE, saloperie de parasites ! Rue Philippe-Triaire, c’est près de la Statue du Grand Poète, c’est ça ? Si je n’accélère pas, les Brigades d’Octroi et la Milice seront là avant moi. Où est mon WGPS, où est mon Tazer ? Bordel, quel désastre, un vrai champ de ruines. Rue Vignal, rue Merulana, rue Klug, Fowgay Drive… J’y suis ! Vaderetrosatanas : trois macchabées écrabouillés sur le macadam !

« Ecartez-vous ! Département Détective. Quelqu’un a assisté à la scène ?
— Moi, pas moi, moi, pas moi !
Trois témoins se bousculent, deux gonzesses et un gamin tenant en laisse un petit vieux qui claque des dents.
— Vous habitez la rue ?
— Pas moi, non, pas moi, non !
Il n’y a pas un habitant du quartier parmi les témoins oculaires. Sur les 29 pas-de- porte de la rue, seul le Cao-Bang est ouvert. Arnulf y a déjà bu des coups : un charbon-buvette qui faisait guinguette depuis la Naqba hongroise. Il ôte ses bésicles et lève les yeux : pas une fenêtre ouverte, pas un péquin au balcon, même pas la traditionnelle mémé voyeuse…

Letondeur ne fait ni une ni deux, il s’approche d’une dondon chauve qui tourne et retourne ses marrons dans un brasero défoncé. Parmi les mecs occis, elle dit qu’il y a son mec. Ses babouches sont maculées de sang, mais elle touille ses châtaignes comme si de rien n’était…

— Votre mec s’écrase la tronche sur le bitume, tout le quartier est en émoi et c’est tout ce que ça vous fait ?

— C’est pas parce qu’on couche qu’on s’aime…
— Il faisait quoi, comme boulot ?
— Il était inspecteur d’assurance intérimaire au noir.
— Vous êtes sûr de ce vous avancez ?
— Tout à fait bien sûr, demandez à mon père.
— Et il fait quoi, votre père ?
— Il travaillait comme vigile au Géant Total-Global, de l’autre côté du Port autonome, maintenant il vend des idées géniales d’occasion aux birmans de l’Entreterre.
— Vous connaissez les autres victimes ?
— Pas du tout, je n’ai aucun Chinois sur mon carnet d’adresses.
— Vous pensez qu’ils sont tombés ensemble, qu’il n’y a eu qu’un seul service ? La touilleuse de châtaignes se prend un retour de flamme dans les narines, c’est Gros Gavroche, un recycleur de la rue Merulana qui répond à Arnulf :
— Parole ! Ils sont tombés d’un coup, mais l’un après l’autre… J’veux dire qu’ils ne se sont pas écrasés exactement ensemble.
— Logique, fait Arnulf en se grattant les aisselles. Si tu avais bossé la chute des corps au lieu de dévaliser les cadavres sur les barricades, tu comprendrais pourquoi. » Letondeur est un pro, rien ne l’époustoufle. Il pousse la porte du Cao Bang et s’adresse au Grand Saïd, un va-chercher du quartier de l’université quand il y avait une université…
« Bonjour Saïd, Commissaire Letondeur, Vous connaissiez les victimes ?
— Pas du tout, ce ne sont pas des gars du coin.
— Qu’est-ce qui s’est passé, à votre avis ? Qu’est-ce qu’il leur est arrivé ?
— Une histoire de gonzesses, ou bien alors une histoire de fric. Pas un empoisonnement alimentaire en tout cas. Vous savez, les causes des crimes et des suicides, c’est les mêmes depuis Abel et Romulus. »

Il y a un bruit à l’arrière du Cao. Arnulf distingue l’ombre d’une nana en tablier qui déguerpit. Il est vif comme la poudre, le Commissaire, il écarte Saïd d’un coup de coude et chope la fille par un pied au moment où elle va se carapater.

« Me laisser, me laisser, pas de papier, me laisser ! »

« Merdre, fait Arnulf Letondeur, cette fille ne comprend rien aux questions que j’lui pose ! »

La fille baisse sa culotte, elle a un croupion de pintade mal plumée et elle ne sent pas la rose.

(A suivre)

SAISON 01 – EPISODE 05

Résumé de l’épisode précédent et contexte

UN ELEPHANT EN BURNOUS se présentant comme un billionnaire, rachète toutes les boutiques de la rue Vignal, au cœur dévasté de ce qui a été le quartier de l’Université. C’est le signal d’une épidémie de plongeons par la fenêtre et d’évacuations forcées du Quartier du Q., non loin de la Statue du Grand Poète. Albert Veillet-Lavallée, le doyen des faits-diversiers de la Généralité, et Arnulf Letondeur, le commissaire de la Division “Enquêtes Spéciales”, se perdent en conjectures…

« ALLÔ, VEILLET ? Mais qu’est-ce que tu fous, tu t’es recouché ? Sors de ton p… de pageot et réponds-moi ! »

La voix de Gordon Le Michon, le rédac-chef des « Affiches », ne fait ni chaud ni froid au doyen des Rouletabille de la Généralité, il fourre sa tronche piquetée de comédons au plus profond de son polochon et jure qu’il finira sa sieste.

Son rédac-chef ne lâche pas le morceau :

« Veillet, si tu ne retournes pas tout de suite rue Philippe-Triaire, je fous le feu à tes archives !

— N’fais pas l’con, Gordon ! Bon dieu, mais comment vous allez faire quand je serai à la retraite ? J’suis de congé, ce matin !
— Congé, mon cul. Deux autres abrutis ont fait le grand saut, on ne va pas se laisser doubler par les gars de “La Blatte Daily”, quand même !
— Calme toi, Gordon, ce n’est pas comme si les Bulgares attaquaient ! Et puis j’ai des observateurs sur place.
Saloperie de conscience professionnelle, grogne A.V-L en glissant ses viandes dans son benne et en se tartinant l’épi. Rue Il fallait qu’il mette la main sur U’ Pasqua’ qui à c’t’heure là prenait son apéro pas loin de la Statue du Grand Poète…

Quand il est dans la rue, Albert Veillée-Lavallée, dit le Bert, jette un coup d’œil à gauche, puis un coup d’œil à droite, enfin un coup d’œil dans son dos. Comme il le fait chaque fois qu’il passe sous ses fenêtres, il constate que la dernière prof d’allemand du Quartier du Q. n’est pas rentrée de sa leçon de batik au Secours Birman. Les rues ne sont plus très sûres depuis qu’on a supprimé les soupes populaires et qu’il faut acheter son pain et son vin dans le ghetto bulgare. Coup de pot, U’Pasqua boit bien des anisettes au Cao Long.

« U’ Pasqua, t’en reprends une ? Moi ce sera un déci de fendant… Dis moi, vieille crapule, comment t’expliques que le quartier se soit vidé tout d’un coup, j’ai pas vu un visage connu depuis la Statue…

Pascal U’ Pascal, né en Ancienne Corse avant le Typhon ne s’explique rien ni ne comprend rien.

— Et pourquoi t’y comprends rien ?

— Ben parce que tout s’est produit en moins d’un mois, l’Eléphant en burnous s’est pointé et tout le monde s’est évaporé d’un coup. C’est bien simple, y’a même plus une pute !

— Il se serait passé quoi, à ton avis ? Ils seraient passés où, tous ces gens ?
Pascal au carré n’a pas de réponse.
— Mais dis-donc, y’avait pas ton pote de régiment qui habitait dans le coin, on pourrait l’interroger ?
U’ Pasqua n’aime pas qu’on lui perturbe les biorythmes lors de l’apéro mais il opine et ils franchissent une porte moisie au début de la rue Vignal.
— Merdre, merdre, merdre, interjette Pasqua. Impossible de glisser sa clé dans la serrure, on dirait que l’autre crétin s’est enfermé de l’intérieur !
Arnulf ne fait ni une ni deux, il défonce la porte avec son pied-de-bouc télescopique.

Pétard ! La fenêtre grande ouverte, les rideaux déchirés et les meubles réduits en cubes à la tronçonneuse.

— Qu’est-ce t’en penses, Pasqua ?

— Qu’on devrait se pencher pour voir s’il y a un tas de viande rouge sur le pavé, non ?

Silence réprobateur de Letondeur…

— Ne me regarde pas comme ça, les assassins sont p’t-être des pompiers. Ils calent leur échelle la nuit dans la rue et v’lan, leurs victimes finissent en chair à saucisses sur le macadam…
— T’es génial, le Corse, tu me croiras pas, tu me crois si je te dis que j’ai trouvé un casque de pompier devant le bistrot ?
— Tu te paies ma tête, c’est ça ? N’empêche, y’a un blême ! Si tu calcules l’angle entre la fenêtre dont les plongeurs ont sauté et l’endroit où ils se sont crashés, il y a une dizaine de mètres de décalage. A croire qu’ils ont tous rampé dans le même sens pour chercher de l’aide…

— Pasqua’, toi qui a plus d’intuition que de cervelle, si tu devais commencer ton enquête par un bout, quel bout tu choisirais ?

— J’irai voir l’éléphant en burnous. Depuis qu’il a posé ses valises dans le coin, on nage dans le bizarre…

(A suivre)

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Yoan SADARNAC
5 mois il y a

Bonjour à mon voisin de « Dystopie » ! J’ai adoré le style déployé dans « Le Peuple S.A », avec des dialogues qui n’auraient rien à envier à du Audiard ! On se laisse embarquer volontiers dans cette atmosphère particulière, et on a hâte de connaître la suite ! Excellente découverte !

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