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12 - 16 minutes de temps de lectureMode de lectureLes Portes Cristallines au-delà des Monts – Tome 2 Rencontres

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Tome 2 – Chapitre II – Changement de paradigme.

Scène – Rencontre dans le jardin Jérôme –

  Dans cette période de fin mai, alors que les feuillages de leurs clartés resplendissaient des tons de jaune et de vert des fleuraisons de l’époque, Finièce Sodiam et Amîha arrivèrent dans les jardins magnifiques.

C’est ici le legs que Jérôme, le compagnon de Finièce et père d’Amîha, fit à Finièce lors de sa disparition. Et c’est lui qui en avait agencé les formes et la géographie de toute sa flore.

Finièce adorait être en ces espaces, et elle avait pu participer avec lui à agencer quelques parterres de fleurs exquises ici et là. C’était une période où Jérôme était en romance avec elle, et qu’il avait choisi de lui faire découvrir des fleurs et des plantes magnifiques, qui reflétaient l’amour qu’il pouvait éprouver pour elle.

Elle se sentait ici comme dans un petit paradis. Un sentiment de liberté la traversait lorsqu’elle s’y trouvait. Une association à la nature lui procurait un doux sentiment, quand elle y passait la plupart de son temps. Elle prenait grand soin à préserver tout le travail que Jérôme avait fourni pour agencer tout ce petit monde riche de saveurs.

  En arrivant, Sodiam sentait les multiples odeurs venir éveiller les sensations de son odorat. Il regarda Amîha qui, sautant expressément comme une enfant joyeuse, se mit à bondir en toute gaieté pour s’empresser de pénétrer dans ces jardins, qui semblaient tout aussi riches que luxuriants. Finièce ne disait mot, elle laissait Sodiam découvrir tout ce petit univers, voir ce que cela pouvait signifier pour lui.

Après avoir fait quelques pas dans le silence le plus complet, sentant ce besoin du respect de cet espace, dans ce précieux environnement dégageant l’état profond de la nature, de la vie enrichie par des ondes de bien-être, il observait avec beaucoup de joie l’agencement de tous les parterres. Des formes des arbustes, comme des voûtes florales dessinées au-dessus de quelques chemins. Il sentait bien au fond de lui le soin apporté à cet environnement et, sans regarder Finièce, percevait en elle le plaisir qu’elle avait à lui faire découvrir cela.

Amîha avait disparu, élancée qu’elle l’était dans sa petite foulée à valser et rayonner sur les sentiers entourant ces plantes. Elle ne faisait que suivre son habitude, celle de parcourir l’esprit vide des petits parcours irréfléchis, comme une petite linotte[1] qui vole avec aisance entre les fleurs, sans se soucier du temps ou de l’espace.

Sodiam s’arrêta et prit place sur l’un des bancs qui se trouvait sur son passage. Finièce s’était arrêtée un peu avant, l’observant en train de contempler ce lieu magique. On entendit Amîha crier au loin.

– « MAM ! VOUS ÊTES OÙ !? ».

– « ICI MA CHÉRIE ! ».

Finièce se rapprocha de Sodiam et déposa son panier à ses pieds.

Finièce « Je pense que nous serons bien ici. Je vais aller chercher une petite table et une ou deux chaises, je reviens. ».

Sodiam « Tu veux que je t’aide ? ».

– « Non non, reste avec Amîha, ces objets sont très légers, je peux très bien me débrouiller seule avec. ».

– « Bon très bien. À de suite alors. ».

  Pendant qu’elle s’en allait chercher cela, Amîha jaillit de derrière quelques arbustes bien touffus, avec un sourire aux lèvres et une joie pétillante qui en disait long sur son état, comme sur l’osmose qui se manifestait en elle dans ce lieu inspirant. Sodiam était heureux de voir cette femme aussi ravissante dans son état naturel. Elle s’approcha de lui avec une démarche enjouée, alors qu’elle regardait sa mère partir au loin.

Amîha « Elle est partie chercher quelque chose ? ».

– « Oui, une table et des chaises elle m’a dit. ».

– « Super ! Tu te plais ici ? ».

– « Oh que oui, c’est juste somptueux, on se croirait dans un rêve. ».

– « Ah oui tu as raison, c’est un vrai rêve d’être ici. Tu comprends, je pense, pourquoi mam perçoit cet endroit comme un joyau. Je pense qu’elle se sent même plus chez elle ici que dans notre logis. ».

– « Ça ne m’étonne guère. Vivre ici doit être juste merveilleux tous les jours. ».

– « Ouiiiii ! Mais elle travaille beaucoup pour entretenir toute cette merveille. Elle n’est pas seule bien entendu, sinon cela serait impossible de traiter tout ça. Une personne seule ne le pourrait. Mais elle est comme une artiste qui accommode les plantes les unes avec les autres. ».

– « J’ai vu ça oui. ».

– « Personnellement, je ne connais pas le nom de toutes ces plantes, il y en a beaucoup trop de sortes. Elle a, je crois ne pas me tromper en disant ça, toutes les plantes qui puissent exister sur notre chère Urzià. ».

– « Ah oui en effet, ça ne doit pas être évident de retenir tout ça. Elle doit avoir une bibliothèque certainement pour répertorier toutes ces plantes. ».

– « Oui, elle en a une bien sûr, mais elle retient les noms de toutes les plantes par contre, en plus de ça. Elle a une mémoire eidétique[2] que j’aurais aimé aussi avoir, mais l’univers n’en a pas décidé ainsi. Hihihi ! ».

– « Tu as d’autres qualités c’est pour ça. Tu es une jeune femme merveilleuse. Tu n’as pas besoin de mémoire car, et je l’ai bien ressenti, tu as une force de cœur qui se projette sur tout ce qui t’entoure. C’est une puissance qui n’a pas besoin de mémoire. », fit-il avec un sourire d’appréciation de cela.

– « Oui tu as sûrement raison, je suis bien comme je suis. Si j’avais été une scientifique par exemple, ça aurait été une tare. Hahaha ! ».

  Après un instant où ils contemplèrent tous deux cette nature façonnée de la main humaine, et croisant leurs regards de temps à autre dans un silence un peu gênant, elle vint s’asseoir à côté de lui avec beaucoup de délicatesse, dans son apparat qu’elle avait soigneusement modelé sur sa personne pour lui complaire. Puis, elle le regarda avec des yeux tendres, qui eurent pour effet de mettre Sodiam un peu mal à l’aise. Dans cette position intimiste un peu délicate pour lui tout de même, il prit le soin d’accueillir cette tendresse, en essayant de ne pas montrer cette gêne.

– « Ton compagnon va venir bientôt tu penses ? », lui demanda-t-elle d’une voix mielleuse.

– « Je…  …je ne sais pas trop, je pense qu’il est fort possible qu’il soit déjà là. Peut-être même qu’il est arrivé bien avant nous. ».

– « Pas trop tôt alors, car on est bien là, ensemble. ».

Elle sentait qu’elle appréciait de se retrouver entièrement seule avec lui, et qui plus est, dans un espace assez romantique, qui puisse animer en elle toute la féerie qu’une jeune femme aime à sentir vibrer dans tout son Être.

L’air était un peu frais, et le Solis se montrait à peine entre les légers nuages dans le ciel. L’ambiance de ce lieu prêtait idéalement à la romance, et l’atmosphère, avec cette légère brise, et les éclairages naturels des rayons blanc nacré de leur soleil, accentuait la richesse de leur présence. Le calme était palpable à l’extérieur, mais à l’intérieur de ces deux Êtres, se généraient des vibrations bien perturbantes.

Sodiam appréciait étrangement cette situation. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas ressenti de telles choses en lui, depuis ces choix d’avoir abandonné son pays et la compagne qu’il avait de l’époque. Il trouvait cela attendrissant, mais il restait tout de même dans son inconfort.

Amîha quant à elle, était comme une bouilloire qui commençait à transpirer légèrement. La tension en elle, de son attraction envers cet homme qui la retournait entièrement, la plaçait à la bordure de l’explosion de ses sentiments.

  Revenant avec ses supports, Finièce s’arrêta au loin, et marqua un temps pour regarder ces deux Êtres magnifiques, assagis sur ce banc printanier dans un instant de magie. Elle les voyait tels deux esprits enrichis par la vie, émettant une atmosphère aurique[3] si somptueuse, qu’elle n’osait à peine bouger, de crainte de troubler cet instant qui les rendait si exaltants à contempler.

Sodiam leva les yeux et vit Finièce dans sa posture de retrait. Il comprenait très bien ce qui avait forcé son arrêt. Il était comme à s’observer également d’un œil détaché bien au-dessus d’eux, appréciant cet instant et l’harmonie qu’il percevait dans les énergies qui les entouraient. Il se disait que cela était indéniable, que ces deux Êtres, s’observant de l’extérieur, étaient sans contrefaçon le fruit d’une raliance vibratoire si pure, si harmonieuse, qu’il comprenait à quel point la vie l’avait porté jusqu’à cet instant, en ayant soigneusement adapté tout son Être à se préparer à cet espace de communion.

Finièce finit par s’avancer et se rapprocher d’eux. Doucement, elle commença à installer chaises et table avec délicatesse, sans ne dire mot, comme de crainte de briser l’apaisement de ce tendre moment.

Amîha la regarda, et savait très bien que, étant dans le même état d’être que sa mère, que celle-ci pouvait très bien ressentir en elle ce qu’elle accueillait dans son corps. Elle lui fit un sourire, l’invitant à laisser la chose telle quelle, dans la jonglerie du départ, sur un autre état d’esprit.

Amîha « Eh alors, nous n’avons plus qu’à attendre. N’est-ce pas mam ? ».

– « Oui ma chérie, la connaissance de Sodi ne devrait plus tarder. ».

Sodiam revint à l’esprit de la réflexion de cette pensée, et fit le choix d’aller le chercher, de partir à la rencontre de son camarade qui devait certainement errer entre les parterres de fleurs.

– « Je vais aller à sa rencontre ! », fit-il d’une voix assurée.

Amîha acquiesça de la tête.

Finièce « Fort bien ! Nous allons vous attendre et préparer le déjeuner. Cela ne devrait pas être compliqué. Tout est déjà prêt dans le panier. Hihihi ! ».

  Sodiam se leva d’un air un peu perturbé tout de même. Ces instants où il s’était senti comme dans un petit cocon de tendresse, dans ce bain d’amour léger et détaché, avait quelque peu désorienté son état premier. Il était animé au départ par le palpitant et l’excitation face à sa découverte, et à l’engouement de faire découvrir cela. Mais surtout, dans le plaisir de revoir Médhèna, qu’il considérait comme étant l’une des personnes qu’il appréciait le plus, et lui offrir la joie de découvrir ceci également.

Tout ce chapitre, au départ, avait animé en lui une forte vivacité qui s’était soudain estompée dans cette aura subtile et raffinée. Elle avait entouré l’espace dans lequel Amîha et lui-même s’étaient retrouvés à cet instant précis. Il n’en restait pas moins ravi et heureux de revoir ce camarade, mais il se sentait comme flotter sur le sol, alors qu’un peu plus en avant, il était dans un esprit assez scientifique, dans une réelle focalisation de la structure qui était le sujet de sa journée.

  Pendant qu’il parcourait les étendues de tous ces petits sentiers, animés par la joliesse[4] de ce parc qu’il l’était, Finièce et Amîha conversaient au sujet de ce rapport étrange qui se mettait en place entre eux deux. Finièce comprenait bien qu’Amîha avait besoin de réponses à ses questions. Mais elle préférait la laisser trouver ses propres réponses par elle-même. Elle ne voulait pas interférer avec ses propres songes, car elle avait le sentiment qu’elle n’avait pas non plus toutes les réponses. Que ce qu’elle pourrait lui dire fausserait certainement ce soupçon de simplicité, qui devait laisser place à la réflexion pure de la personne vivant la chose. Alors elle ne répondait qu’en forme d’acquiescement à ce qu’Amîha formulait sur ce qu’elle en pensait, sur ce qu’elle ressentait, et ne faisait que lui offrir des suppositions sur la multitude de possibilités que cela pouvait faire émerger dans chaque situation.

Amîha se sentait perdue d’une certaine manière, mais comme elle l’exprimait à sa mère, cette sensation de bien-être, ce sentiment d’être complète en présence de Sodiam, elle lui disait que cela suffisait amplement à la satisfaire. Sans trop chercher à comprendre la chose exactement, et même si elle voyait bien que son mental était en perpétuel trouble dans l’effet instable de la question persistante, elle laissait faire.

Finièce, toujours impressionnée par le caractère de sa fille, était confiante dans tout ce qui se déroulait. Elle comprenait très bien que cet effet de vie était une chose exceptionnelle d’une certaine manière. Elle savait au fond d’elle que sa fille n’était pas commune, et que cette rencontre était le fruit d’un déclenchement majeur.

Jérôme avait pris le soin de lui expliquer que leur fille était surtout le produit d’un agencement très précieux. Que leur création en cet Être avait été accompagné par les hautes sphères de vie, afin de déposer un élément déclencheur dissimulé et très puissant dans le corps d’une femme, d’une petite fille frêle, afin que cela reste imperceptible. Et que cela puisse, le moment venu, éclater au grand jour, et inonder le monde d’une chose merveilleuse. Amîha n’avait aucune idée de cela, pas plus que Sodiam qui était l’outil servant d’élément déclencheur.

Ils sentaient par contre, tous deux, que la vie devenait bien plus palpitante depuis le premier jour où ils se sont rencontrés. Dans cet élan d’incompréhension partagée, il se passait des choses dans leur environnement, qui faussait entièrement la donne sur tout ce qu’ils se voyaient être avant cela.

Bien évidemment, un tel chamboulement ne laisse pas indifférent, et invite à se poser beaucoup de questions en l’Être. Cela étant, même si Sodiam se caractérise comme une personne analytique, expérimentant la synthèse systémique sur la globalité des choses, ce phénomène avait modifié avec beaucoup de finesse sa façon d’être et de réagir. Et, forcément, se sentant changer dans cette proportion, il se voyait comme devenir autre chose. Ou plus exactement, percevoir une forme de modulation plus aiguisée de ce qui agence tout son Être, de sa psyché à ses perceptions extra-sensorielles.

  À force de marches vives, il finit par apercevoir Médhèna au loin, constatant que les parcours de ce parc sont très multiples, tout aussi bien que sa diversité, mais également que son envergure. Toutes ces appréciations lui apportèrent le sentiment que dans cette recherche assez fastidieuse, et sur son chemin, il ne put manquer de s’en faire la réflexion, il était délicat d’arriver à dénicher une personne dans une telle amazonie.

– « MÉDHÈNA !! JE SUIS LÀ ! VIENS NOUS REJOINDRE MON FRÈRE. », lui cria-t-il avec, dans le fond de sa voix, la joie de le revoir à nouveau.

Médhèna tourna la tête dans sa direction, alors qu’il était encore absorbé par la contemplation de la diversité de ce qu’il foulait de ses pas. Il leva la main et lui fit un signe avec, dans le regard, la marque du plaisir de le revoir.

Lâchant l’attention qu’il manifestait sur toutes ces merveilles, il se dirigea vers Sodiam avec hâte, dans un engouement de se retrouver en sa compagnie, que Sodiam percevait bien dans la gestuelle de son compagnon. Ces deux-là se connaissaient très bien, et s’étaient toujours senti être très proches l’un de l’autre. Cela avait forcément créé entre eux cette marque indélébile permettant de savoir entièrement, ou presque, lire en l’autre son état d’esprit dans ses gestes et sa façon d’être.

Médhèna « Wouhaa comme ça me fait trop plaisir de te revoir mon frère, depuis tout ce temps. Comment te portes-tu ? Quelles sont les joies de ton parcours ? J’ai tant envi de partager avec toi. Tu avais pris une place si importante dans ma vie, j’ai l’impression de ne jamais t’avoir quitté finalement. Alors que nous avons pourtant passé une grande majorité de notre vie éloignée l’un de l’autre. », lui exprima-t-il en le prenant dans ses bras, lui faisant une accolade chaleureuse.

Sodiam « Merci d’être venu mon bon. Je suis aussi très en joie de te revoir. Juste lorsque j’ai eu l’impulsion de la pensée que ce que j’ai découvert pourrait t’interpeller, alors là, à cet instant précis, je me suis vu comme lorsque nous étions enfants, et que je savais que nous allions nous voir. Tout ce palpitant, cette excitation en moi est venue se réanimer en un éclair. C’était tellement intense et bon à la fois. ».

– « Hahaha ! J’en ai de même ès sensations mon frère. ».

– « Viens avec moi. Avant que je te montre et que je te parle de ce pourquoi je t’ai fait venir, je vais te présenter les personnes avec qui je suis venu à ta rencontre. ».

– « Allez ! ».

[1] Linotte : Petit oiseau à la gorge et au-dessus de la tête rouge, qui parcours ce jardin et s’y niche.

[2] Mémoire eidétique : Capacité à se rappeler d’un nombre important d’informations.

[3] Aurique : Relevant du champ vibratoire, d’une onde, de l’aura d’un Être.

[4] Joliesse : Caractère de ce qui est jolie et délicat.

Fin de l’extrait. Merci de m’avoir lu.

https://portescristallines.fr/tome2-chapitre2/

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