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4 - 6 minutes de temps de lectureMode de lectureLa Prison de Verre – Derrière les apparences Tome 2

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Chapitre 1

Michaël ne pouvait s’empêcher de fixer le cercueil qui dominait l’autel de l’église. A l’intérieur, sa mère Sylvia gisait, le visage émacié par un long combat contre le cancer. Le jeune homme s’avança lentement et la contempla, les yeux embués de larmes. Il se pencha doucement et lui déposa un baiser sur le front.

– Pardonne-moi, maman. J’aurais tellement voulu te sauver, mais je n’ai pas réussi.

Il sentit une main se poser sur son épaule. Il se retourna et vit son père. Jean Blanchart, un banquier respecté, avait du mal à contenir son émotion. Il semblait anéanti et vacillait sur ses jambes. Le regard hanté par le chagrin, il ne pouvait détacher ses yeux de la femme allongée dans le cercueil. C’était l’amour de sa vie, sa compagne depuis plus de quarante ans.

Michaël le prit dans ses bras et le conduisit sur le banc du premier rang. Il balaya du regard l’église et il remarqua que son oncle Filipe, le seul frère survivant de sa mère, était présent. Il remarqua aussi la présence de son ami d’enfance Mario. Celui-ci était accompagné de son père Salvatore. Assis à côté d’eux, deux hommes dont le visage lui disait vaguement quelque chose l’observaient mais il ne parvint pas à les identifier. Il s’assit à côté de son père et le prêtre commença son homélie.

Quand l’office se termina, des porteurs emportèrent le cercueil vers le corbillard et les personnes présentes les suivirent en silence. Ils arrivèrent au petit cimetière du village. Jean avait du mal à avancer mais Michaël était là pour le soutenir. Son père chancelait sur ses jambes et, au moment où Michaël crut qu’il allait tomber, une main attrapa le bras de Jean et le passa derrière son cou. C’était Mario.

Michaël le regarda avec reconnaissance. Mario lui fit un faible sourire. Malgré les événements terrifiants qu’ils avaient connus dans leur enfance, Mario et lui étaient restés très proches. Il était soulagé de ne pas devoir affronter cette épreuve tout seul. Ils atteignirent enfin l’endroit où Sylvia Giorno reposerait pour l’éternité.

Le prêtre fit une dernière prière et ce fut tout. Mais au moment où l’on fit descendre le cercueil, Jean s’effondra complètement. Michaël et Mario le portèrent jusqu’à la voiture qui se trouvait près de l’entrée du cimetière et l’allongèrent sur le siège arrière. Michaël examina son père et constata qu’il était en état de choc.

Il vit son oncle approcher, l’air inquiet, et lui demanda s’il pouvait s’occuper de la suite sans lui. Il préférait conduire son père à l’hôpital. Filipe acquiesça et retourna vers la famille et les amis en deuil. Mario s’installa au volant et Michaël resta près de son père. Jean avait perdu connaissance et semblait marmonner des mots incompréhensibles. Michaël lui tenait la main et tentait de le rassurer. Ils arrivèrent à l’hôpital et Mario se précipita vers les urgences. Quelques secondes plus tard, quatre urgentistes arrivèrent avec une civière et emmenèrent Jean aux urgences. Michaël resta un instant pétrifié, comme si ses jambes refusaient de lui obéir. Mais Mario le prit par le bras et l’entraîna à sa suite.

Jean fut installé dans une chambre et les infirmières s’affairaient autour de lui. Le pauvre homme était en piteux état. Un médecin arriva et examina le patient. Il écouta un instant son cœur et prit un air soucieux. Il donna des instructions aux infirmières et Jean fut emmené.

Michaël commença à paniquer. Il attrapa le médecin par le bras et lui demanda des explications. Le médecin le regarda d’un air navré.

– Je crains que votre père n’ait fait un infarctus. Il va falloir l’opérer d’urgence.

Michaël lâcha lentement le bras du médecin. Sa tête se mit à tourner et il sentit qu’il allait perdre connaissance. Heureusement, Mario le rattrapa et l’installa sur une des chaises de plastique qui se trouvait dans le couloir.

– Courage, mon pote, ça va aller. Je suis sûr que tout va bien se passer. Je reste avec toi. Ton père est un battant, il va s’en sortir.

Michaël reprenait doucement ses esprits. Il serra la main de son ami avec reconnaissance. Mario alla lui chercher un verre d’eau et ils s’installèrent dans la salle d’attente. Mario observait Michaël avec inquiétude. Son ami de toujours avait beaucoup changé. Il avait toujours été solide, un vrai colosse avec son nez aquilin et ses cheveux noirs. Mais aujourd’hui, il semblait voûté et vieilli. Ses cheveux avaient blanchi et il avait perdu du poids. Il paraissait perdu dans ses pensées et Mario décida de ne pas le déranger. Ces dernières années, ils n’avaient pas eu beaucoup l’occasion de se voir. Il savait que Michaël avait obtenu son diplôme de médecine et qu’il était devenu un excellent chirurgien. Il avait même été le témoin de son mariage avec une jolie blonde du nom d’Emma. Mais il remarqua que Michaël ne portait plus son alliance. Il n’osa pas lui poser de questions cependant. Ce n’était vraiment pas le moment. Il se contenta donc d’attendre en silence.

Quelques heures plus tard, ils virent un médecin arriver. Michaël se leva et le docteur lui sourit.

– Votre père a fait un petit infarctus mais l’opération s’est bien passée. Il va devoir rester quelques jours à l’hôpital mais je suis optimiste.

Le jeune homme poussa un soupir de soulagement. Il demanda s’il pouvait aller voir son père mais le médecin lui conseilla de revenir le lendemain.

– Votre père a besoin de repos. Dès qu’il sera réveillé, nous vous avertirons.

Les deux hommes quittèrent donc l’hôpital et Mario lui demanda s’il voulait rejoindre la veillée organisée pour sa mère. Mais celui-ci refusa. Il ne voulait voir personne. Il demanda donc à Mario de le déposer chez lui. Mario acquiesça.

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