Nouvelle De L’accent Provençal
Prologue
Petite Provençale déracinée un temps en la très belle Normandie, j’ai été moquée de cet accent chantant venu du soleil. Cette nouvelle est prétexte à redonner ses lettres de noblesse à l’accent du sud. Chez nous on dit « l’assent » avec une intonation chantante. Ensoleillez vous au grès de ces mots égrenés de notes chaudes, vibrantes, simples. Ecoute amie toi qui te moque de mon assent.
Je suis née provençale, au pays des cigales qui stridulent dans les pins parasols, de la garrigue avec ses senteurs envoûtantes, de cyste aux pétales de soie blancs ou roses dont les feuilles veloutées enivrent nos sens d’une subtile odeur poivrée, des pins parasols tortueux aux effluves de résine,
de l’olivier séculaire, majestueux au feuillage gris-vert, généreux en fruits qui me font saliver oh fan de chichourle rien que de t’en parler.
Amie moqueuse comment voudrais tu
Que mon assent, soit pointu, ou neutre.
Tu l’auras compris il vient de cet environnement lumineux, odorant, vibrant.
Mon accent, fait partie de cette terre de Provence, il est moi.
Et voui, peucherette je n’arrive pas à prononcer comme toi, L1ndi, chez moi c’est lindii ,
Je ne dis pas rôse, mais rause, je ne sais pas mettre la bouche en cul de poule .
Mon phrasé est ouvert, généreux, il est ensoleillé. On y distingue les syllabes qui s’envolent telles des parpaillous.
Cet accent vois tu, il vient de loin, il est gai, les expressions y sont imagées.
On aime peut être l’emphase, en fait c’est la générosité du cœur qui éclabousse les mots, comme l’onde fraiche d’une source cachée.
Amie, entends tu la douceur, la chaleur de mes mots ?
Il est vrai nous avons parfois des expressions qui peuvent paraître à l’estranger déconcertantes.
Ma mémé elle me disait, petite va me cueillir s’il te plaît un faï de thym et de romarin.
Je m’empressais de lui ramener le précieux et odorant butin de la garrigue. Ah peuchère quelle fragrance !
Mémé disait, Pitchoune je vais farcir le lapin du thym et mettre le romarin sur les pommes de terre coupées en carrés tout autour avé l’huile d’olive.
Ma gallinette, le thym et le romarin c’est le Centre.
Amie, comment veux tu qu’avec de telles merveilles je puisse parler la bouche pincée ! Les mots roulent en sons chantants.
Le soleil brille, il fait chaud, on cherche l’ombre et la fraîcheur de la bâtisse, en y entrant,
on s’esclame bou ‘diou, coquin de sort, qué cagnar, qué sudagne. Et on boit la citronnade fraîche dans l’ ombre de la maïoune. (maison)
Cette vie, dans ces lieux de cocagnes nous donne le soleil dans la voix.
Le soleil, ça brille, ça chauffe, ça ne peut que nous donner cet air chantonnant.
Maintenant que tu sais d’où vient mon assent ensoleillé, l’accepteras tu plus facilement, même si m’entendre ainsi t’escagasse ?
Je suis née à Cannes en 1956 de parents provençaux.
Le soleil, l’accent chantant, le bleu du ciel, la mer, les cigales font parties de mon patrimoine.
Petite nouvelle dans l’écriture de nouvelles, non par l’âge, mais par la prise tardive de la plume.
C’est avec un savoureux plaisir que je laisse mes doigts voguer sur la douceur des lettres de mon clavier.
Chaque lettre touchée, amène un mot, ces mots mis bout à bout par la magie de nos envies de partager des expériences, des sensations, des moments, nous transportent, nous tiennent compagnie, nous éclairent, nous font nous sentir bien. C’est le pouvoir des mots, de la lecture.
Mes nouvelles sont sans prétentions, elles vous parleront de la vie simple, de la nature, du soleil du Sud.
Pagnol m’a bercé et m’a procuré de telles lumineuses joies , qu »écrire me donne l’impression de goûter à la tomate cueillie au jardin, dégustée avec juste le filet d’huile d’olive sur la tranche de pain de campagne.
Le simple bonheur.
Si mes nouvelles, vous procurent un plaisir, celui de sourire, de vous sentir bien après la lecture avec une pointe d’accent provençal , alors j’en serais heureuse.
Ah cet assent ! J’ai passé toutes mes vacances durant plusieurs années à Tamaris, pas très loin de Toulon. et d’ailleurs tous les livres de ma série « Scène de vie » se passent là bas. Je n’ai pas les références de ton enfance, mais pour ces bouquins il me fallait de la chaleur humaine, l’esprit de famille et donc le lieu m’est venu tout seul ! Je n’y ai pas vraiment réfléchis, ça m’a semblé naturel !
Enfin, en te lisant, j’ai l’impression d’entendre mon amie Lisa, une sacrée nana, et ça m’a fait sourire !
Merci
Merci infiniment Sandra pour ce gentil message.
Tamaris est charmant, je comprends quu tu y ais planté le décor de tes livres. Je suis certaine qu’ils me plairont, chez nous ont dit ce livre me parle… 😉 Au plaisir de se croiser sur la page fb Les dingues de lecture. 🌷
Pour répondre à la question posée dans cette nouvelle, non seulement j’accepte l’accent, mais il me remémore tant de nombreux beaux souvenirs, dont Marcel Pagnol fait partie.
Peuchère!
Effectivement ce texte fleurissant et odorant.
Effectivement de très jolis rayons de soleil.
joli rayon de soleil