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Monsters – Tome 1 L’Eveil de l’Hybride

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Partie 1 : Est-ce un ange ?

 

Hôpital Saint Camille, Bry-sur-Marne, Paris, seize heures treize…

On entendait dans les couloirs des urgences, des cris anarchiques et étranglés d’une patiente, Noémie Ruggieri, vingt-deux ans, fraîchement amenée aux urgences à la suite d’un accident de la circulation ; État critique, dont une commotion cérébrale, de nombreuses fractures et contusions, moelle épinière gravement atteinte.

Elle fut prise en charge immédiatement, car elle avait perdu beaucoup de sang et des organes sensibles avaient été touchés.

Après 4 heures d’intervention, les médecins réussirent néanmoins à la stabiliser. Son état restait critique, mais si elle passait la nuit, alors ses chances de survie en serait multipliées.

Elle fut alors amenée en chambre, et l’ordre avait été donné qu’elle soit sous surveillance constante.

Son père, Thomas Ruggieri, un homme brun à la stature d’un colosse qui avait été appelé rapidement, et avait attendu tout ce temps était désormais à son chevet. Ce grand gaillard d’une quarantaine d’années semblait pourtant si fragile auprès de sa fille. Il lui serrait la main, lui parlait d’une voix tremblante, mais qui se voulait rassurante.

À vingt et une heures, la jeune infirmière d’origine asiatique, qui avait déjà fait moult allers-retours pour les soins de la jeune victime, était venue très gentiment lui indiquer que les visites se terminaient, et avec bienveillance, l’invita à aller se reposer et à revenir le lendemain.

Sa fille avait cessé de convulser, de crier, de pleurer… Et elle s’endormait, donc il préféra écouter les conseils de l’infirmière.

Il s’en alla, après avoir déposé un baiser tendre sur le front de sa « petite » et avoir adressé un sourire poli à la charmante nurse qui le lui rendit.

Presque minuit. Une voix douce et pénétrante sembla posséder l’entièreté de la chambre de la jeune convalescente.

Assise sur le bord du lit, la jeune infirmière aux jolis yeux en amande semblait s’adresser à elle.

« Encore des soins », pensait Noémie, dont les douleurs l’empêchaient de trouver le sommeil.

La morphine lui donnait la sensation d’être dans du coton, son corps était lourd et les possibilités de se mouvoir étaient plus que limitées.

Ses yeux injectés de sang la brûlaient et amenuisaient sa vision, posant un voile sombre partout où son regard se posait comme si elle était au fond d’un tunnel sombre. Le bourdonnement persistant dans ses oreilles lui procurait une sensation de vertige et une migraine continue. Les mots qu’elle peinait à entendre résonnaient dans sa tête. Tout était confus et sourd, ce qui la mettait dans un état de désorientation constant.

Elle sentit pourtant ses sensations changer soudainement…

Le tunnel sombre sembla s’auréoler de lumière, et même si le visage de l’infirmière restait relativement flou, les expressions de son visage reflétaient une bienveillance qui réconforta un peu Noémie.

Il en fut de même pour son ouïe. La sensation de migraine disparut, et les bourdonnements laissèrent place à un écho qui semblait presque irréel.

« Je dois rêver », songea alors la jeune femme alitée.

L’infirmière lui parlait d’une voix rassurante même si elle semblait à la fois lointaine et proche. Les mots eux, ne correspondaient pas vraiment au son réconfortant qu’elle entendait, pas toujours :

« Tout va bien se passer Noémie. Je suis ici pour prendre soin de toi. Tu vas enfin être délivrée. Je vais t’aider à quitter ce monde de douleur et te révéler enfin. »

La jeune Noémie, peinant à ouvrir ses paupières gonflées par le choc terrible de l’accident, se sentit soudain, en plus d’être complètement abasourdie par la morphine déjà administrée, désorientée par ce qu’elle entendait, ne sachant pas comment interpréter ces murmures. Était–elle sous l’influence des médicaments ? Cette voix était-elle réelle ?… Était-ce un ange ?

Elle redressa la tête autant qu’elle put, et distingua une silhouette à ses côtés. Dans la pénombre, se tenait une jeune femme aux longs cheveux noirs qui encadraient un visage lisse. En plissant ses yeux endoloris, elle croisa son regard étincelant. Qu’elle était cette expression ? Un mélange étonnant de douceur, et de détermination ? Tout semblait irréel dans la posture de cet être, et Noémie ne savait pas si elle pouvait, à ce moment précis, se fier à ses sens.

Elle n’était pas particulièrement croyante ou superstitieuse et, même si les vieilles histoires de ses parents ou autres récits modernes des youtubeurs sur le paranormal la faisaient souvent sourire, à ce moment précis, elle fut persuadée qu’un être mystique lui parlait. La seule chose qu’elle eut du mal à cerner était si elle comprenait bien le sens des mots qu’elle entendait : « Délivrée…. Quitter ce monde de douleur… Se révéler ». Les mots, prononcés lentement, lui auraient collé des frissons si les drogues ne faisaient pas autant effet, tant elle en percevait le double sens.

Lui voulait-elle du bien ? Ou allait-elle l’achever ici et maintenant ?

 « Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle fébrilement, la voix tremblante.

  • Tout va bien, répondit chaleureusement la voix à ses côtés. Je suis ici pour toi Noémie ».

Pourtant, un sentiment trouble se déversa dans la tête de la jeune patiente. Un sentiment de réconfort dans la voix de l’ange à ses côtés, mais aussi un très, mauvais pressentiment l’envahirent. Comme si elle savait que quelque chose d’horrible allait lui arriver. Elle commença à se sentir piégée et, malgré tout ce flux négatif, un étrange soulagement coula dans ses veines, lui procurant une chaleur remontant de son ventre à sa poitrine.

« Vais-je mourir ?… Osa-t-elle alors. Vous allez me tuer n’est-ce-pas ? ».

Des larmes s’échappèrent des yeux enflés de Noémie sans que celle-ci ne puisse les contrôler.

C’est la deuxième fois aujourd’hui qu’elle se sentait aussi perturbée. Une coïncidence frappante ou l’ironie du sort pensa-t-elle.

Elle n’osa pas appeler à l’aide. À quoi bon ? De plus, la sonnette d’appel lui semblait si loin. Elle sentait la fin arriver. Elle ignorait juste quand et comment. Elle avait l’impression que son instinct lui ordonnait de fuir, mais que sa raison lui demandait de rester. Dans tous les cas, son corps n’y pouvait rien.

Sa confusion ne cessait de croître. Que faire ? Rien… Rien ne lui était possible dans son état.

L’ange sourit tendrement, mais ne trahit aucunement sa détermination à lui prendre la vie, elle, si meurtrie, mais semblant enfin se résigner à ce qui l’attendait.

« Avant de partir, je voudrais juste connaître votre nom », pleura doucement la condamnée.

Dans un dernier geste de tendresse, la soignante laissa glisser une caresse sur la joue de Noémie, affichant pour la dernière fois au regard de la jeune femme un sourire empreint de douceur. Elle se pencha doucement au-dessus de Noémie. Une étrange fumée bleuâtre s’échappa de ses lèvres entrouvertes et envahit la bouche de la jeune femme allongée. Le doux poison pénétra dans chaque cellule de son corps.

« Anako… Mon nom est Anako… », sourit la nurse, accompagnant Noémie à son dernier souffle.

Le regard de Noémie se voila puis elle perdit connaissance avant que la mort ne l’emporte inexorablement.

L’ange de la mort quitta lentement la pièce pendant que le moniteur lançait désormais l’alerte du décès de la jeune femme.

Une larme discrète s’écoula de son visage malgré la satisfaction du travail accompli.

D’autres soignants, n’ayant pas remarqué la présence de l’infirmière aux abords de la chambre, s’affairèrent au plus vite auprès de la patiente amenée plus tôt dans la soirée.

Ils tentèrent en vain de la réanimer. Une heure du matin, l’heure fatidique du décès fut annoncée par le médecin dans une résignation, mais aussi une incompréhension relative. Qu’avait-il bien pu se passer pour qu’elle décline si soudainement ? Visiblement, son état était loin d’être si stable que les examens l’avaient laissé présager.

Une voix vint soudainement ramener Anako à la réalité…

– « ANAKO !!! La chambre 203 a besoin de son traitement !!! Je peux te laisser t’en occuper ? » demanda alors Vanessa, une collègue de son service.

– Bien sûr, répondit Anako affichant un sourire courtois à sa collègue. Je m’en occupe tout de suite.

La jeune infirmière reprit son travail, comme si rien d’autre ne s’était passé. La sombre tâche qu’elle venait d’accomplir semblait déjà loin derrière elle.

Elle alla prendre le chariot à médicaments pour se diriger vers la chambre 203, lorsque le brancard portant le corps couvert de Noémie Ruggieri passa devant elle.

Anako suivit le trajet mortuaire de la jeune décédée, stoïque, puis reprit son activité, comme si tout ce qui était arrivé n’était qu’un entracte dans une pièce de théâtre morbide.

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