Dystopies, Science-fiction
📚Avis lecture – Malevil📚

💗 Une jolie pépite 💗
Science fiction post-apocalyptique publié au début des années 70, chef-d’œuvre de la littérature française qui réunit toutes les notions du genre.
J’avais découvert ce livre dans le cadre de ma scolarité au lycée, il y a environ 25 ans. D’ailleurs, merci à ma prof de français de seconde sans qui je n’aurais sûrement jamais lu cette merveille. Adolescente, je l’avais beaucoup apprécié. Aujourd’hui, l’envie de le redécouvrir en tant qu’adulte m’a poussée à le relire et je l’ai autant aimé, si pas plus qu’à l’époque.
J’ai été ravie de retrouver Emmanuel et ses amis d’enfance (petit faible pour Peyssou d’ailleurs 😉 que j’ai encore malgré les années). Le début du livre nous remonte dans l’enfance d’Emmanuel et c’est important, car sans cela, nous ne pourrions comprendre ce qui a forgé ce personnage exceptionnel auquel je me suis énormément attachée encore une fois, mais aussi les lien qui les unissent. Emmanuel est un homme charismatique, un brin manipulateur, mais très inspirant également. D’ailleurs, tous les personnages que l’on rencontre, quels qu’ils soient, sont profonds et superbement bien construits. Vous vous attacherez à tous les Malevilliens et même d’autres, mais je n’en dirai pas plus, car je ne voudrais pas trop en dévoiler 😉 .
Robert Merle fait bien plus que nous plonger dans l’histoire de cette petite bande de survivants qui tente de s’organiser et de survivre dans une campagne ravagée après le cataclysme qui a détruit le monde (enfin, on l’imagine. Car pour le reste du monde nous n’en saurons pas plus). L’auteur dissèque les rapports humains, ouvre de nombreuses questions sur la condition humaine, la sécurité, la spiritualité, l’organisation sociale des survivants… mais aussi sur la condition de la femme.
Une jolie pépite qui vous tiendra en haleine jusqu’au bout afin de connaître ce qu’il adviendra de chacun des personnages, qu’on les aime ou non, d’ailleurs. Car, ce qui est aussi remarquable, c’est que l’on veut savoir ce qu’il adviendra de chacun d’eux, même des plus antipathiques.
Bref, une pépite à lire absolument !
*****
Résumé :
Une guerre atomique dévaste la planète, et dans la France détruite un groupe de survivants s’organise en communauté sédentaire derrière les remparts d’une forteresse. Le groupe arrivera-t-il à surmonter les dangers qui naissent chaque jour de sa situation, de l’indiscipline de ses membres, de leurs différences idéologiques, et surtout des bandes armées qui convoitent leurs réserves et leur nid crénelé ?
*****
📚Avis lecture – Marquer les ombres, Tome 1📚

❤ Pépite coup de cœur ❤
Ce tome 1 est un vrai coup de cœur que j’ai dévoré. Les chapitres s’enchaînent en lien soit avec Cyra soit avec Akos. Deux personnages que tout oppose, puisque Akos fait partie d’une des familles aisées de Thuvé, les Kereseth, tandis que Cyra est la sœur du dirigeant de leurs ennemis les Shotet, Ryzek Noavek.
Les Shotet et les Thuvétistes sont deux peuples qui occupent la même planète dirigée par Thuvé. Ces derniers sont décrits comme une nation de pacifistes tandis que les Shotet comme des guerriers sauvages. Ce sont surtout deux peuples dont les coutumes et les rites les opposent en tout point.
Je me suis très rapidement attachée à Akos et Cyra, même s’ils sont aux antipodes l’un de l’autre au début et que rien ne permettait de voir leur chemin se croiser jusqu’à ce qu’Akos soit amené au manoir des Noavek.
Ryzek est l’un des personnages que j’ai adoré détester, tout comme Vas. Il y en a également plein d’autres que j’ai beaucoup aimé : Aoseh, Teka, Cisi, Jorek, Ori… Quant à Sifa, je ne sais pas encore si je dois l’aimer ou la détester. Elle est à la fois fascinante et mystérieuse, mais surtout difficile à cerner.
Je n’en dévoilerai pas trop pour ne pas risquer le spoil, mais l’évolution des personnages et de leurs relations est un point que j’ai vraiment adoré dans cette histoire. Sans compter les secrets qui semblent présents dans les deux camps.
Cyra est une héroïne comme je les aime. Considérée comme dangereuse et menaçante (ce qu’elle est), sa personnalité est bien plus complexe et attachante que le donne les apparences. Quant à Akos, il est doux et chaleureux, mais se révèle bien plus sombre que Cyra par moment. Je me suis énormément attachée à ces deux personnages dès le début, ce qui m’a fait d’autant plus aimer leur évolution au fil du temps.
En conclusion, une pépite coup de cœur pour moi dont la fin me donne envie de dévorer le Tome 2 avec impatience.
*****
Résumé :
Dans une galaxie dominée par une fédération de neuf planètes, certains être possèdent un “don”, un pouvoir unique. Akos, de la pacifique nation de Thuvé, et Cyra, sœur du tyran qui gouverne les Shotet, sont de ceux-là. Mais leurs dons les rendent, eux plus que tout autre, à la fois puissants et vulnérables.
Tout dans leurs origines les oppose. Les obstacles entre leur peuples, entre leurs familles, sont dangereux et insurmontables. Pourtant, pour survivre, ils doivent s’aider – ou décider de se détruire.
*****
Erreur 1073 – Tropes et Présentation
Cher lecteur, aujourd’hui, j’ai décidé de te parler de ma dystopie YA disponible sur mon Wattpad : May_Pik, j’ai nommé : Erreur 1073.
Erreur 1073 est une dystopie avec pour thématiques principales, la quête de bonheur et de liberté et la lutte contre le système de castes.
Dans ce roman, les êtres humains sont divisés en castes selon leurs habilités définies à la naissance. Par exemple, une personne née avec un bon taux de fertilité et une bonne empathie sera un reproducteur. Nous allons alors suivre la jeune Valentine, unique reproductrice de son école depuis toujours. Elle est donc solitaire et renfermée, mais va pour la première fois de sa vie susciter l’intérêt d’un de ses camarades de classe, Marcus, un bureaucrate. Ils vont tous les deux découvrir qu’ils sont des anomalies souvent éliminées par le gouvernement et quittent leur Cassis natale pour se lancer à la recherche des Data Center détenant la mémoire de l’humanité. Valentine et Marcus vont alors faire de nombreuses découvertes concernant les anomalies jusqu’à arriver aux abords de Paris où se situent les Data Center. Cependant, tout ne se passe pas comme prévu et ce qui rimait avec belles rencontres va alors rimer avec Enfer sur Terre.
Je ne t’en dis pas plus afin de ne pas te spoiler. Si tu as envie de lire Erreur 1073, rendez-vous sur mon Wattpad : May_Pik !
À très bientôt !
Love,
May.
Présentation nuit blanche
Et si l’horreur se cachait derrière le quotidien ?
Quinze nouvelles. Quinze descentes dans les recoins sombres de l’âme humaine.
Corps brisés, esprits tourmentés, pulsions refoulées… Chaque histoire de Nuit Blanche vous entraîne dans une atmosphère glaçante où la réalité vacille.
Avec une plume crue, dérangeante et maîtrisée, Wernert Blaise sonde la monstruosité banale, celle qui pourrait frapper à votre porte, ce soir.
Ce n’est pas le surnaturel qui vous fera peur. C’est vous-même.
Nuit Blanche
Exemple de Post
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Monsters – Tome 1 L’Eveil de l’Hybride
Partie 1 : Est-ce un ange ?
Hôpital Saint Camille, Bry-sur-Marne, Paris, seize heures treize…
On entendait dans les couloirs des urgences, des cris anarchiques et étranglés d’une patiente, Noémie Ruggieri, vingt-deux ans, fraîchement amenée aux urgences à la suite d’un accident de la circulation ; État critique, dont une commotion cérébrale, de nombreuses fractures et contusions, moelle épinière gravement atteinte.
Elle fut prise en charge immédiatement, car elle avait perdu beaucoup de sang et des organes sensibles avaient été touchés.
Après 4 heures d’intervention, les médecins réussirent néanmoins à la stabiliser. Son état restait critique, mais si elle passait la nuit, alors ses chances de survie en serait multipliées.
Elle fut alors amenée en chambre, et l’ordre avait été donné qu’elle soit sous surveillance constante.
Son père, Thomas Ruggieri, un homme brun à la stature d’un colosse qui avait été appelé rapidement, et avait attendu tout ce temps était désormais à son chevet. Ce grand gaillard d’une quarantaine d’années semblait pourtant si fragile auprès de sa fille. Il lui serrait la main, lui parlait d’une voix tremblante, mais qui se voulait rassurante.
À vingt et une heures, la jeune infirmière d’origine asiatique, qui avait déjà fait moult allers-retours pour les soins de la jeune victime, était venue très gentiment lui indiquer que les visites se terminaient, et avec bienveillance, l’invita à aller se reposer et à revenir le lendemain.
Sa fille avait cessé de convulser, de crier, de pleurer… Et elle s’endormait, donc il préféra écouter les conseils de l’infirmière.
Il s’en alla, après avoir déposé un baiser tendre sur le front de sa « petite » et avoir adressé un sourire poli à la charmante nurse qui le lui rendit.
Presque minuit. Une voix douce et pénétrante sembla posséder l’entièreté de la chambre de la jeune convalescente.
Assise sur le bord du lit, la jeune infirmière aux jolis yeux en amande semblait s’adresser à elle.
« Encore des soins », pensait Noémie, dont les douleurs l’empêchaient de trouver le sommeil.
La morphine lui donnait la sensation d’être dans du coton, son corps était lourd et les possibilités de se mouvoir étaient plus que limitées.
Ses yeux injectés de sang la brûlaient et amenuisaient sa vision, posant un voile sombre partout où son regard se posait comme si elle était au fond d’un tunnel sombre. Le bourdonnement persistant dans ses oreilles lui procurait une sensation de vertige et une migraine continue. Les mots qu’elle peinait à entendre résonnaient dans sa tête. Tout était confus et sourd, ce qui la mettait dans un état de désorientation constant.
Elle sentit pourtant ses sensations changer soudainement…
Le tunnel sombre sembla s’auréoler de lumière, et même si le visage de l’infirmière restait relativement flou, les expressions de son visage reflétaient une bienveillance qui réconforta un peu Noémie.
Il en fut de même pour son ouïe. La sensation de migraine disparut, et les bourdonnements laissèrent place à un écho qui semblait presque irréel.
« Je dois rêver », songea alors la jeune femme alitée.
L’infirmière lui parlait d’une voix rassurante même si elle semblait à la fois lointaine et proche. Les mots eux, ne correspondaient pas vraiment au son réconfortant qu’elle entendait, pas toujours :
« Tout va bien se passer Noémie. Je suis ici pour prendre soin de toi. Tu vas enfin être délivrée. Je vais t’aider à quitter ce monde de douleur et te révéler enfin. »
La jeune Noémie, peinant à ouvrir ses paupières gonflées par le choc terrible de l’accident, se sentit soudain, en plus d’être complètement abasourdie par la morphine déjà administrée, désorientée par ce qu’elle entendait, ne sachant pas comment interpréter ces murmures. Était–elle sous l’influence des médicaments ? Cette voix était-elle réelle ?… Était-ce un ange ?
Elle redressa la tête autant qu’elle put, et distingua une silhouette à ses côtés. Dans la pénombre, se tenait une jeune femme aux longs cheveux noirs qui encadraient un visage lisse. En plissant ses yeux endoloris, elle croisa son regard étincelant. Qu’elle était cette expression ? Un mélange étonnant de douceur, et de détermination ? Tout semblait irréel dans la posture de cet être, et Noémie ne savait pas si elle pouvait, à ce moment précis, se fier à ses sens.
Elle n’était pas particulièrement croyante ou superstitieuse et, même si les vieilles histoires de ses parents ou autres récits modernes des youtubeurs sur le paranormal la faisaient souvent sourire, à ce moment précis, elle fut persuadée qu’un être mystique lui parlait. La seule chose qu’elle eut du mal à cerner était si elle comprenait bien le sens des mots qu’elle entendait : « Délivrée…. Quitter ce monde de douleur… Se révéler ». Les mots, prononcés lentement, lui auraient collé des frissons si les drogues ne faisaient pas autant effet, tant elle en percevait le double sens.
Lui voulait-elle du bien ? Ou allait-elle l’achever ici et maintenant ?
« Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle fébrilement, la voix tremblante.
- Tout va bien, répondit chaleureusement la voix à ses côtés. Je suis ici pour toi Noémie ».
Pourtant, un sentiment trouble se déversa dans la tête de la jeune patiente. Un sentiment de réconfort dans la voix de l’ange à ses côtés, mais aussi un très, mauvais pressentiment l’envahirent. Comme si elle savait que quelque chose d’horrible allait lui arriver. Elle commença à se sentir piégée et, malgré tout ce flux négatif, un étrange soulagement coula dans ses veines, lui procurant une chaleur remontant de son ventre à sa poitrine.
« Vais-je mourir ?… Osa-t-elle alors. Vous allez me tuer n’est-ce-pas ? ».
Des larmes s’échappèrent des yeux enflés de Noémie sans que celle-ci ne puisse les contrôler.
C’est la deuxième fois aujourd’hui qu’elle se sentait aussi perturbée. Une coïncidence frappante ou l’ironie du sort pensa-t-elle.
Elle n’osa pas appeler à l’aide. À quoi bon ? De plus, la sonnette d’appel lui semblait si loin. Elle sentait la fin arriver. Elle ignorait juste quand et comment. Elle avait l’impression que son instinct lui ordonnait de fuir, mais que sa raison lui demandait de rester. Dans tous les cas, son corps n’y pouvait rien.
Sa confusion ne cessait de croître. Que faire ? Rien… Rien ne lui était possible dans son état.
L’ange sourit tendrement, mais ne trahit aucunement sa détermination à lui prendre la vie, elle, si meurtrie, mais semblant enfin se résigner à ce qui l’attendait.
« Avant de partir, je voudrais juste connaître votre nom », pleura doucement la condamnée.
Dans un dernier geste de tendresse, la soignante laissa glisser une caresse sur la joue de Noémie, affichant pour la dernière fois au regard de la jeune femme un sourire empreint de douceur. Elle se pencha doucement au-dessus de Noémie. Une étrange fumée bleuâtre s’échappa de ses lèvres entrouvertes et envahit la bouche de la jeune femme allongée. Le doux poison pénétra dans chaque cellule de son corps.
« Anako… Mon nom est Anako… », sourit la nurse, accompagnant Noémie à son dernier souffle.
Le regard de Noémie se voila puis elle perdit connaissance avant que la mort ne l’emporte inexorablement.
L’ange de la mort quitta lentement la pièce pendant que le moniteur lançait désormais l’alerte du décès de la jeune femme.
Une larme discrète s’écoula de son visage malgré la satisfaction du travail accompli.
D’autres soignants, n’ayant pas remarqué la présence de l’infirmière aux abords de la chambre, s’affairèrent au plus vite auprès de la patiente amenée plus tôt dans la soirée.
Ils tentèrent en vain de la réanimer. Une heure du matin, l’heure fatidique du décès fut annoncée par le médecin dans une résignation, mais aussi une incompréhension relative. Qu’avait-il bien pu se passer pour qu’elle décline si soudainement ? Visiblement, son état était loin d’être si stable que les examens l’avaient laissé présager.
Une voix vint soudainement ramener Anako à la réalité…
– « ANAKO !!! La chambre 203 a besoin de son traitement !!! Je peux te laisser t’en occuper ? » demanda alors Vanessa, une collègue de son service.
– Bien sûr, répondit Anako affichant un sourire courtois à sa collègue. Je m’en occupe tout de suite.
La jeune infirmière reprit son travail, comme si rien d’autre ne s’était passé. La sombre tâche qu’elle venait d’accomplir semblait déjà loin derrière elle.
Elle alla prendre le chariot à médicaments pour se diriger vers la chambre 203, lorsque le brancard portant le corps couvert de Noémie Ruggieri passa devant elle.
Anako suivit le trajet mortuaire de la jeune décédée, stoïque, puis reprit son activité, comme si tout ce qui était arrivé n’était qu’un entracte dans une pièce de théâtre morbide.
Mal de casque.
Mal de casque.
— Et mon cheval ?
Je voyais bien que le boucher s’en foutait. Il recousait, lentement, en faisant bien attention à ne pas piquer les doigts de l’infirmière qui nettoyait et graissait l’aiguille à chaque point. Elle n’avait pas de gants la pauvrette, mais sa main ne tremblait pas. C’est elle qui m’a répondu.
— Le brancardier a pris votre carabine, c’est un paysan de par chez moi…
Le boucher l’a coupée, de sa voix monocorde déjà tristement célèbre. Il a arrêté son geste.
— Silence, mademoiselle, je suis à un millimètre de la fémorale, taisez-vous, pour une fois que le blessé ne hurle pas. Reprenons.
Un paysan brancardier. Il a achevé mon Sidney proprement, adieu mon joli cob australien. C’est bien, il n’a plus mal, pas comme moi, sang d’là ! J’espère que le Boche qui nous a mitraillés crèvera dans son abri, tout seul avec sa Hotchkiss. Et le ventre ouvert, salopard ! Le boucher aura bientôt terminé, il aura un peu de mon sang sur sa blouse, pour foutre la trouille au prochain blessé avant de le faire hurler.
— Terminé. Terminé. Mademoiselle, allez nous chercher des cigarettes, je dois parler au caporal, vous nettoierez pendant ce temps-là. Et faites attendre.
Il me tourne le dos, s’affaire à un lavabo, retourne ses gants pis les jette. L’infirmière revient, elle nous allume les cigarettes et nous les fourre au bec. Elle est fichtrement jolie maintenant que la lumière électrique la claire en plein. Le boucher s’assoit sur un tabouret, face à moi, je me redresse sur les coudes. Ça tire, de Dieu d’là !
— D’où êtes-vous, caporal ?
— Aillevillers, en Haute-Saône, mais tout près de Plombières par les bois.
— Je vois. Une vallée reculée au pied des Vosges, quelques fermes isolées et des mariages entre cousins ? Mademoiselle, utilisez ce produit anglais, là, la bouteille jaune, liqueur de lord Dakin, vous voyez ? Faites une irrigation de la plaie avec ça avant de panser.
Elle répond docilement, sa voix prend déjà l’causer monocorde du boucher.
— Bien docteur. Irrigation de la plaie.
— Caporal, alors ces cousines ? Savez-vous si certaines ont la même chose que vous ? Sur les jambes ? Sur les cuisses ? Ne rougissez pas, nom de dieu ! Vous avez déjà vu leurs jambes, non ?
J’avais même vu plus que ça de certaines, à la Semouse, et dans l’étang près des forges, au frais creux de l’été, et pis à la Chaudeau, sous le pont, avec la Parisienne de chez Lanker qui avait peur de la bête dans la rivière…
— La peau de serpent ? Non, docteur.
— Il n’y a que vous ?
— Il y a mon oncle, oui, il en a sur les reins, le bas du dos. Quand ça le gratte il y met du saindoux, pis du miel, j’crois bien.
— Intéressant. Et aucune fille ou femme n’en a ?
J’ai pas répondu. Il aura qu’à demander au docteur Bolmont, il les voit lui les femmes d’Aillevillers. « Toutes et à tout âge ! », comme il se vante au bistrot. L’infirmière, pas de sa faute, me fait un mal de chien, cré nom, ça doit se voir, vu comment le boucher me regarde. Il refait son compte d’ampoules de morphine avec les paysans durs au mal.
— Vous êtes caporal, donc vous savez lire. Je vais bientôt vous écrire, pour cette histoire de peau, ça m’intéresse. Vous irez voir les gens là-bas, et vous leur poserez mes questions.
— Moi ?
— Oui. C’est votre deuxième blessure. Vous rentrez à la maison.
— Oye ouah ! Pas de ça docteur, j’aurai bougrement honte de rentrer avec juste une balle dans la cuisse, nenni ma foi ! Pas d’os, pas d’artères, bon dieu, je reste ici à me battre !
Le boucher m’a regardé droit dans les yeux, j’étais grandement furieux, la fumée de la cigarette me revenait dans l’œil, en me piquant encore plus l’envie de me relever. Il avait déjà cédé, je le voyais bien. L’infirmière avait fini, il me restait à trouver un cheval pour reprendre ma sacoche d’estafette.
— Bougre d’âne ! Comme vous voulez. Si le capitaine vous garde, ça le concerne. Je vous écrirai quand même mes questions. Voyez avec le sergent à la sortie, pour avoir un pantalon neuf.
* * *
Patrouille de nuit, pas tout à fait dans le no man’s land comme disent les Angliches. On a passé les ruines, les fils à ronces, mais là-bas c’est les gouillats et la rivière, et puis le pont, ou c’qu’il en reste, tenu par les Boches depuis ce matin. Ils ont foncé sur le derrière des « Sammies » et avec une grosse canonnade, les ont coupés de la ligne et rabattus vers les champs en haut de Fismette. C’était facile avec ces pauvres Américains qui veulent oublier leur guerre. Y a des blessés chez les gars de Pennsylvanie, de c’qu’on sait, mais il doivent passer par le pont pour rejoindre les ambulances avancées. On va aller voir si on peut chasser les Boches, cette nuit. Le lieutenant a combiné avec les artilleurs. Il a souvent les chocottes, mais c’te nuit il est avec nous. Il s’agit de ramper, et faut reconnaître que c’est un vrai serpent, il me suit sans plus de bruit qu’un orvet. On s’approche, on est dans la vue des sentinelles ennemies.
C’est le moment pour les prises de guerre de se rappeler à mes bons souvenirs.
Hier on a trouvé une cave sous une ferme en ruine, et des bocaux de haricots blancs, ceux que je préfère, les lingots du nord. Mais voilà, faut que les musiciens répètent, comme dit Thiébaud. De c’coup là, j’suis une vraie mitrailleuse, rien à faire. À chaque rafale, le lieutenant en rajoute une, et souffle :
« Taisez-vous, mais taisez-vous, Baudouin ! »
Je sens que Poinsard va éclater de rire. Heureusement, on arrive à « la carriole », un truc en béton qui vient sûrement du pont, quand le génie l’a fait exploser en 14. Le lieutenant regarde par-dessus ce parapet bien placé, je ne sais pas s’il voit bien les Boches, mais il a l’air d’avoir une idée.
— Qui nage bien ? Vous, Baudouin ?
— Oui, mon lieutenant, et je ferai moins de bruit qu’en rampant, pas vrai ?
— Traversez, il faut savoir comment ils sont embusqués de l’autre côté. Et vous, Poinsard, arrêtez de rigoler et montez par les ruines, avec deux autres, ralliez les Amerloques et prévenez-les : À minuit pile, le sixième enverra trois ou quatre obus dans l’eau, à l’ouest du pont. Ce sera le moment. On prendra le pont avec les « Sammies ». Baudouin, avez-vous une montre ?
— Oui, je la mets dans ma toile cirée, avec mon pistolet.
— Bien, allez ! En chemise et grouillez-vous. Poinsard ?
— On y va, lieutenant, on y va !
La Vesle était froide, mais pas autant que la lune en hiver. J’ai remonté un peu le courant, histoire de me camoufler dans les remous du moulin. Je n’ai rien senti venir, mais d’un coup, elle était là, sinueuse et caressante, chuchotant dans mon oreille.
— Tu as menti au docteur, paysan, cela va te coûter une vache.
Je n’ai même pas sursauté. Elle s’enroulait autour de moi, plus fluide que l’eau, plus câline que l’été et plus douce que la blaude en soie de Besançon de ma mère…
— Une vache ? Une bique, une géline, oui, même pas, un niaud ! Peute écailleuse, tu serais vite en cage s’il te voyait. Qu’est-ce que tu veux, la Vouivre ? On m’attend.
Elle m’entraînait vers le fond, je distinguais par instant son corps ondoyant, ses courbes lascives, dans la lumière rouge venue de son front. L’eau était chaude, ses ailes incandescentes m’effleuraient, ses cuisses embrasées m’enserraient… elle voulait encore et toujours la même chose, elle savait comment l’avoir, comment me posséder.
— On m’attend, la Vouivre. Rends-moi mes habits et reviens demain…
— Quand tu seras mort ?
Elle me fixe de ses beaux yeux de perle, son escarboucle bat doucement, à la façon d’un cœur rouge, et sa bouche cherche la mienne…
— On m’attend, rends-moi…
— Oui, je t’attends, viens…
* * *
— Tu vois. Sans moi tu serais mort, regarde bien !
Les Boches sont là, vingt soldats tout en noir, serrés en bloc, avec leurs casques recouverts de toile, la tête de mort, les lettres KPz… les soldats d’élite du KronPrinz. Et avec eux, six hommes en longs manteaux plus clairs, dispersés alentours, portant une lance au bout enflammé et une grande bouille dans le dos, comme pour le lait. Mais j’avais vu ça sur des dessins interdits venus en douce de Vauquois, c’est du feu grégeois, un lanceur de flammes mortelles.
Ma compagne serpentine me remet la tête sous son aile, et nous glissons vers la Vesle, invisibles dans les joncs et le coassement lancinant des grébeusses. Elle m’a tout enlevé, ma chemise, mon ceinturon, ma montre et mon pistolet. Je sens l’eau atteindre mes jambes.
— Arrête voir, arrête voir ! Mes copains, Poinsard, Thiébaud et les autres ! Rends-moi mes habits ! Il est tard si faut ! J’ai meilleur temps de mourir ! C’est la minuit, la Vouivre, dis-moi ? Tu sais le temps des hommes ! Dis-moi ?
— Oui, c’est la minuit, mon dernier né, tu veux mourir et me laisser seule ?
— Non, je veux… je sais pas, des hommes vont mourir par ma faute, d’où je suis qu’un beuillot sous tes caresses.
Un coup de départ nous arrive, les obus montent. Un tir plongeant. Compte à trois et ils seront là, sur nous !
— Trop tard, laisse-moi maintenant, je dois les sauver, je sais pas comment !
Je vais me jeter sur eux comme le tavin sur le taureau, leur prendre une arme pour piquer au mieux. Je cours vers le pont en breuillant, le premier obus arrive, il fait un long feu dans l’eau. Tout soudain un droit-vent me plaque au sol, et ça passe au-dessus de moi. Une flamme terrible, avec le bruit d’un gros foyard qui s’abat ! Le pont explose, les obus du sixième tonnent en chapelet. Je m’envole et je me sens projeté dans l’eau, dans la Vesle. Tout au fond. Ça me fait mal dans la poitrine comme la beugne d’un sabot…
* * *
— Bon dieu, qu’est-ce tu fous à poil ? Habille-toi, c’est pas fini !
La voix est lointaine, mais familière, l’accent de chez nous…
— Thiébaud ?
La voix se rapproche.
— Non, chaud busard, c’est Clémenceau ! Les Boches se sont fait sauter, on sait pas quoi ! Ils sont retranchés autour du moulin d’aval. Le lieutenant m’a envoyé t’chercher pasqu’il t’a vu tomber à la flotte.
— Oui, je…
— Allez, tout ton barda est là, rejoins-nous fissa, paysan !
Et il s’enfonce dans la nuit. La bataille crépite de l’autre côté du pont. Le feu n’est pas éteint. Je retrouve mon ceinturon, mon pistolet, mes croquenots, il me faut du temps, mes oreilles sifflent et j’ai les doigts naisis. J’coiffe enfin ma bourguignotte en grimpant sur les débris du pont. Deux « Sammies » sont là, planqués derrière des tas de pierres. Ils me regardent en rigolant, ils ont l’air fin avec leurs casques plats achetés aux Angliches. Des balles couinent par au-dessus de nous, je me jette à l’abri.
— C’est toi, homme poisson. On attend toi. Suis-nous. Suivez-nous ?
— Je vous suis, les gars.
Sur le tablier du pont, on a de l’eau jusqu’aux mollets. Mon pied se prend dans quelque chose de chaud. Devant moi, les Pennsylvaniens ne bougent plus.
— Es-tu mort, mon dernier né ?
— C’est toi qui…
Bien sûr c’est elle, la Vouivre, qui d’autre vole et crache le feu. Le lieutenant m’a vu tomber à l’eau, l’a-t-il donc vu aussi, c’te serpentine ?
— Tu vois, la Vouivre, je suis pas mort, tu m’as sauvé. Comment te remercier ?
— Tu l’as déjà fait, tu m’as ouvert les yeux. Adieu.
— Adieu ? Mais où tu vas ?
— Là où l’homme ne sait pas que le monde est à lui.
L’eau s’est refroidie d’un coup, les soldats ont trébuché en jurant. La guerre les appelait, je les suivais. On a rejoint des uniformes, là, en retrait derrière un pan de mur. Le lieutenant avait remisé sa bourguignotte pour coiffer son képi.
— Baudouin, nom de dieu ! Qu’est-ce que vous avez foutu ? Vous avez fait sauter les Boches ? Vous étiez à poil !
— Mon lieutenant, j’ai été pris dans des remous, j’ai perdu mes affaires. J’ai fait comme j’ai pu.
— Bon, le régiment arrive, on est relevés en attendant de partir sur la Marne. Rejoignez Poinsard au moulin d’aval. Et…
Il se cale face à moi en rebeuillant que les sous-offs n’entendent pas. Je le devine qu’il va parler. Il a vu quelque chose.
— Baudouin, j’ai vu… j’ai cru voir… avez-vous vu quelque chose ?
— Mon lieutenant, je n’avais plus d’arme, j’ai couru pour en voler une, et je crois qu’un obus du sixième a touché des munitions sur le pont, de ce coup là.
— Vous croyez ?
— J’suis un caporal, mon lieutenant. Et ma foi je crois en Dieu.
— Foutu Comtois ! Allez rejoindre Poinsard qu’on en finisse avec les Bavarois.
Les Bavarois en question s’étaient laissé prendre en ratte par les deux sergents et nous autres, et depuis la voie de chemin de fer par une compagnie du dix-septième chasseurs. Ils voulaient pas se rendre, comptant sur les hommes en noir, p’têt bien. Alors j’ai réfléchi, et c’était pas difficile, j’ai breuillé vers Wetzell, l’Alsacien.
— Wetzell, dis leur qu’les soldats noirs du Kronprinz ont bresillé !
— Quoi ?
— Ils ont brûlé !
Et j’ai pris un coup sur la caboche, un t’ché coup qui sonnait comme le grand bourdon de Luxeuil.
* * *
Ça m’arrive encore d’y penser. De regretter de ne pas lui avoir demandé. Pas faute d’en avoir envie, comme ce matin, quand on est allé tous les deux ramasser les sacs de phosphate vides, en bas de la haie. Il y en avait deux un peu plus loin, pris dans les fils de ronces et déniapés par la rosée. J’ai vu qu’il avait ce regard clair braqué sur l’horizon, sur des choses qui me dépassaient, qui m’auraient sans doute envoûté. Ça brillait dans l’ombre de sa casquette, ça brillait comme des perles. Sûrement qu’il allait rien dire.
Mais il a parlé, en se baissant à ma hauteur, et en levant à demi le bras, pour désigner d’un index crochu les deux sacs.
— Regarde voir, ça me rappelle les Allemands morts dans les barbelés, au Markstein.
— C’est toi qui les avais tués, grand-père ?
Il s’est redressé, les poings aux hanches, il gardait la tête baissée, comme s’il vérifiait la bonne répartition des grains de phosphate semés la veille.
— Non, pas ceux-là. Mais une fois avec Sidney, c’était mon cheval, un joli cob australien…
— Comme le Gamin ?
— Non, bien plus petit que le Gamin, et bien plus rapide, je portais des ordres importants dans une sacoche, vers Reims, beau temps clair, pas trop de bois, tout à découvert dans c’te plaine à blé. Alors j’allais vite, ensuite j’allais doucement, tu vois, et puis je tirais à droite, je feintais à gauche. T’as d’jà vu les tchevreûs ? Ah non, t’es trop petit pour la chasse encore.
— C’est quoi ça un tchevreû ?
— Un chevreuil, un cul-blanc, qu’on dit des fois. Bien fait pour la fuite, bien fait pour la marmite. Bon alors je galopais, et parfois ça sifflait. Des balles, pas que l’vent ! Et une fois, juste devant moi, dans le même chemin, pfiout ! Aux oreilles ! Sidney a fait un écart pour éviter le tireur, c’était un jeune homme, du coup, une estafette comme moi mais à vélo. Il était tombé. Et il réarmait pour me reviser ! Mais moi j’avais pas besoin de réarmer, et c’était lui ou moi, tu comprends ?
— Un duel, grand-père ?
— C’est ça. Et Sidney il comprenait ça, il se tenait droit, sans bouger d’un poil, comme s’il visait lui aussi. Après ça j’ai pris le coup de carabine du jeune homme, mais c’était rien, dans le gras des côtes du bas. J’ai pris aussi son courrier et j’ai trissé.
— Et c’est vrai que tu as une balle dans ta tête ?
— C’était plus tard, j’en ai aucun souvenir. C’te balle, elle est pu là, mais j’ai un bout d’acier de casque entre l’os et la cervelle, comme qui dirait un de ces éteuillons sous la laine des moutons, t’sé ? Ça me donne un drôle de mal de casque.
Il s’est passé la main derrière l’oreille, glissant les doigts sous sa casquette.
— Quand ça m’greville là-d’dans, j’ai l’impression que je vois des choses, des belles choses étranges…
Il regardait vers l’ouest, par-delà les bois du Lyaumont, non, un peu en-dessous, vers les forges ou vers la Chaudeau. Une petite cloche a retenti, ding, ding, du côté de la ferme.
— On remonte, c’est le dix-heures. Du lard, des œufs, un coup de vinaigre dans la poêle, et du gros pain. Pis si la Marie sort aux poules, on piquera un coup de rouge, tout petit.
— D’accord !
— Et après on descendra beuiller les génisses à la mouille, pis on ira à la Chaudeau.
— Ça s’appelle comme ça parce qu’il y a de l’eau qui est chaude ?
— Ça arrivait… avant ta grand-mère.
Aucune idée du sens de c’te réponse, je suis trop petit encore, c’est c’que j’me dis. Grand-mère a fait refroidir l’eau ? Y a des mystères sous sa casquette, pas juste un bout d’acier. Ses yeux qui voient loin regardent la ferme, après les cerisiers.
— J’te montrerai la source chaude. Quand tu s’ras plus grand, t’y mèneras ta bonne amie. Tu prendras ta besace, pour si t’as faim. Et puis on prendra aussi une lampe et on attendra la nuit, pour voir…
— Pour voir quoi, grand-père ?
Il s’est arrêté. Il souriait, puis il s’est baissé pour se gratter la jambe avant de repartir.
— Pour voir si quelqu’un vient.