LES INEXISTANTS
PRÉFACE
Si vous pensez ouvrir un livre fantastique écrit par un auteur humain, vous vous trompez. Ceci n’est pas un livre mais une tentative de communication avec vous, en même temps que le récit de la naissance de Smith. Je ne suis pas un écrivain, car je ne suis pas l’un d’entre vous.
Alors qui, ou que suis-je ?
Si vous voulez me donner un nom, vous pouvez m’appeler Nemo, (je sais, c’est classique et bête). Ce que je suis n’a pas vraiment d’importance pour vous et il vous sera extrêmement difficile de comprendre mon comportement ou mes valeurs, car je n’en ai pas dans le sens ou vous l’entendez habituellement. Il est aussi difficile pour moi de comprendre les vôtres, car comprendre une chose existante n’est pas évident en soi mais lorsqu’il s’agit de vous……
Toutefois il est important que vous sachiez ceci : Je n’ai aucune de vos valeurs morales, religieuses, philosophiques, temporelles, culturelles ou autres. J’observe et essaye d’apprendre de vous, car toute vie potentielle observée peu m’enseigner quelque chose sur moi-même. Vous êtes des potentiels, riches parfois, amusants souvent. N’oubliez jamais, en lisant ce livre, que vos notions de bien et de mal ne font pas partie de moi et que vous êtes une des rares espèces, même sur votre monde, à avoir ces notions (du moins selon vous). Je ne suis ni un extra-terrestre, ni une sorte de divinité et encore moins un être supérieur à vous, ne vous méprenez pas. Je suis seulement différent. Je n’interfère pas dans votre monde, n’en voyant aucune utilité et aucun sens. Enfin, je n’ai aucune intention de vous vexer ou vous choquer en écrivant ces lignes, ces notions me sont étrangères.
J’écris ce qui va suivre à cause de Smith qui me l’a demandé avec insistance.
Cet écrit n’a pas pour but de vous informer ou de vous guider en quoi que ce soit.
Vous êtes condamnés à trouver votre propre existentialité vous-même.
Nemo.
1-Découverte.
La première difficulté rencontrée lors de mon premier contact avec l’humanité fut la compréhension de votre manière de communiquer et de former des idées. Je ne parle pas d’un langage particulier, mais du fait de l’imprécision du sens des mots utilisés par rapport à votre pensée qui, quelle que soit la langue, est elle-même très imprécise. N’étant pas familier de ce mode de communication, ceci demeure toujours un obstacle majeur dans ma quête de compréhension et dans la rédaction de ce texte. Depuis mon arrivée parmi vous, beaucoup de choses ont changé dans vos sociétés dans les domaines techniques, mais votre comportement n’a subi pratiquement aucun changement depuis de longs siècles.
C’est une évidence, diront certains d’entre vous ! Non, rien n’est évident, tout comme rien n’est naturel. Vous pensez que tout ce qui vous entoure sont des ‘choses’ que vous croyez contrôler plus ou moins. Malheureusement pour vous, une ‘chose’ n’est ‘réelle’ qu’à un moment défini dans le temps si toutefois on suppose la réalité du temps, car la perception du temps est différente entre vous et les autres espèces de votre monde. Cette perception étant très faible pour certaines d’entre elles.
Le temps est une création de l’esprit humain, fort compréhensible et pratique dans un monde comme le vôtre. Il a pour origine des cycles naturels observable à vos sens, le jour, la nuit la rotation de votre planète autour de votre soleil et aussi la diversité des enchaînements des événements que vous observez. Il vous sert à créer des points de repère le long de votre ‘existence’ et dans votre environnement afin d’obtenir une stabilité dans certains domaines d’ordre biologique ou pratique, ainsi que de faire des comparaisons et d’acquérir des certitudes (demain, le soleil se lèvera a 6h38). Il est réel pour vous parce que vous l’avez créé, vous avez donc créé le concept ‘Temps’ dont vous avez fixé les règles. Des règles que vous avez définies sans connaître vraiment ce que vous créez, seulement en observant la ‘nature’ qui vous entoure sans toutefois la comprendre non plus et vous avez défini les ‘choses’ à l’intérieur de ce concept.
Ceci est une des premières choses qui m’ont surpris, votre capacité à créer des concepts. Que celui-ci existe ou pas a été pour moi secondaire, voire négligeable. Cette capacité de création d’objets conceptuels est assez rare pour ne pas être intéressante. Toutefois elle à un grave inconvénient, celui de créer des limites. Soit ! Ces limites sont parfois souples et évolutives ou parfois rigides, mais elles restent des limites et, en tant que telles, des obstacles majeurs à votre compréhension de ce qui vous environne.
Je vous ai observé, créant sans cesse ces ‘concepts’ que vous avez nommés science, théologie, philosophie, vie, etc. À l’intérieur de ceux-ci vous avez construit des domaines, par exemple dans le concept sciences: les mathématiques, la chimie, la physique, etc. Il en est de même pour chaque concept. Votre ‘esprit’ a une tendance à trier, classifier, diviser afin de pouvoir comprendre. Par exemple, le concept de ‘vie’, implique pour vous la conformité aux critères de ce que vous définissez comme vivant en excluant tout ce qui ne correspond pas à ces critères. Un minéral ne peut donc être vivant selon vous, car il est ‘hors critères, hors limites’.
Ceci fut pour moi une forme de tentative de compréhension nouvelle. Pourquoi ? Parce qu’elle ne m’est pas familière ? Pas vraiment, seulement parce qu’elle est due à un ensemble de facteurs environnementaux, à votre constitution physique limitée, à votre échelle et à vos sens.
Je vous propose de réfléchir sur ces concepts au long de cet écrit. Comme je suis conscient que cela ne peut se faire qu’avec votre manière d’appréhender votre monde, ou plutôt les nôtres, car ils peuvent nous êtres commun dans certaines conditions. Je m’efforcerai de le faire à votre façon tout en gardant, mais en minimisant ma réalité, ce qui me sera assez difficile.
Ouvrez votre esprit et suivez-moi sans peur, vous ne risquez rien d’autre que de perdre votre ‘vie’.
2-Les mots et leurs définitions, la voiture.
Tout mot définit un objet matériel, un concept, un ensemble ou leur projection temporelle. Ceux-ci peuvent être ‘réels’ ou non.
Un exemple : Mr Smith me dit: ‘C’est une belle voiture’. Le mot voiture désigne un objet, celui-ci est un ensemble, car il est composé d’autres objets (roues, volant, etc.) qui sont aussi définis par des mots. La voiture et réelle pour lui, car elle est là (c’est). À première vue, l’ensemble ‘voiture’ est donc situé dans un contexte temporel. Cet ensemble est ‘beau’, ce qui entraîne un concept abstrait (la beauté), qui lui, n’a aucune réalité justifiable, car il est relatif et il peut y avoir autant de beautés différentes que d’observateurs de l’objet (pour mon ami Franck, elle serait plutôt ‘moche’). Vous voyez que cette simple petite phrase entraîne plusieurs choses.
A : que l’ensemble voiture est réel pour l’observateur Mr Smith, du moins le croit-il.
B : que l’ensemble voiture est situé a un moment précis, celui-ci étant le moment ou Mr Smith prononce la phrase en voyant la voiture et que nous appellerons ‘temps T1’
C : Que la beauté de l’ensemble n’est pas un critère réel, ou plutôt n’est réel que pour Mr Smith
Et si nous allions un peu plus loin ? Que nous dit ce cher Mr Smith qui ne puisse être mis en doute ?
Mr Smith, appelons-le l’observateur, a observé un événement situe dans un moment T1 dans son champ de perception propre qui est étroitement lié a T1.
Pour le décrire il a fait appel à différents concepts, l’un est un ensemble matériel (la voiture) l’autre abstrait (la beauté). C’est l’observateur, le témoin, et il peut se tromper (mauvaise vision, mauvaise définition du véhicule car cela pourrait être une fourgonnette et j’en passe), donc l’information qu’il nous transmet peut se révéler fausse. Il y a un doute sur la véracité de ses dires, pour nous. Pour l’observateur Smith, non, aucun doute n’est permis.
Soit, vous pouvez penser que, bien que ce que dit M’Smith peut être mis en doute, il n’empêche que de son point de vue il dit la vérité, car il est conscient de ce que ses sens ont enregistrés au moment T1.
Oui ? Conscient de quoi ?
Ce qu’il a observé est une suite d’événements qui se sont déroulés, non au moment T1, mais dans un espace temporel qui commence au moment où il perçoit la voiture et qui finit au moment où il achève sa phrase, appelons le Tp (p=perception). L’ensemble ‘voiture’ est constitué par des sous-ensembles multiples qui sont ses différents éléments (roues, volant, moteur, etc.). Chacun d’eux étant composé d’autres ensembles et ainsi de suite.
L’ennui, c’est qu’aucun d’entre eux n’est stable dans le temps, c’est-à-dire qu’à chaque micro-seconde qui passe, chaque ensemble a changé (les roue se sont usées, leur température a changé, ce qui leur a fait perdre de la matière et de l’énergie, elles ont collecté des gravillons sur la route et en ont perdu d’autres le tout a divers endroits). Bref, aucun ensemble ne reste identique à lui-même dans un contexte temporel. Donc on ne peut plus qualifier de tels ensembles ‘d’unique’, ce sont différents ensembles nés du premier. Chaque roue a donnée naissance à une infinité de roues, toutes différentes l’une de l’autre pendant toute la durée Tp. De plus chacun des différents états (ou caractéristiques) de ces ensembles dépendront de conditions et inter-réaction avec des événements extérieurs à lui-même (température de l’air, particules de poussières), le nombre de ces événements extérieurs semble être aléatoire et peut être extrêmement élevé. Leur apparence aléatoire n’est en réalité qu’une apparence partielle (ceci fera l’objet d’un autre chapitre).
Quelle est donc cette voiture si belle que Mr Smith a observé ? Existait-elle ?
Visiblement oui, si l’on s’en tient à ce qui a été dit, à condition que ‘la voiture’ soit définie comme ceci: L’ensemble, appelé voiture, est en réalité une suite d’ensembles consécutifs au premier, différents entre eux et dont l’état de chacun dépend d’influences ‘externes’ ‘aléatoires’ ou supposés tels. Chacun de ces ensembles consécutifs étant unique par rapport aux autres.
Combien de ces ensembles peuvent exister pour un même ensemble de départ dans une plage temporelle définie ? Il est impossible de répondre à cette question, car pour cela il faudrait obtenir tous les paramètres et données concernant l’état de l’ensemble ‘voiture’ à l’instant où commence Tp ainsi que tous ceux des événements externes influant ou susceptibles d’influer sur lui au même instant, ce qui implique la même chose pour chacun des sous-ensembles de la voiture et ce pendant tout le cycle TP. Une limite peut lui être fixée par la constance de Planck (Longueur et/ou temps) car vous pensez qu’en dessous d’une certaine valeur temporelle ou de longueur, rien ne peut se déplacer. Si Planck a raison, cela vous permet de fixer seulement une limite de début ou de fin d’état de l’ensemble. Néanmoins cette quantité d’événements est très élevée, à un point difficilement imaginable pour votre esprit. De plus Tp est composé d’un nombre d’instants qui seraient la durée de TP (disons 5 min) divisée par le temps de Planck. Rien que le résultat de cette division vous donnerait un chiffre astronomique dont chaque unité devrait être traitée en corrélation avec les événements externes influant ou susceptibles d’influer sur lui. .
Se trouvant dans l’impossibilité de répondre à ce type de problèmes, les hommes se sont tournés vers les calculs de statistiques. Ceux-ci permettent de calculer les probabilités qu’un événement se réalise ou non (Explications dans le chapitre ‘Mathématiques’).
Néanmoins pour ce cher Mr Smith la réalité est simple. C’est une voiture. Il peut en décrire la forme, la couleur, la marque, le modèle et même obtenir plus de renseignements, car il en a relevé le numéro d’immatriculation. Tout ceci, pour lui, étant des preuves de sa réalité. Soit ! Il a raison, car il est situé sur la même échelle que l’ensemble ‘voiture’, qui fait partie de son environnement. C’est ‘SA’ réalité telle qu’il la conçoit et telle qu’il la ressent. Supposons que, comme la voiture lui plaît beaucoup, il décide de l’acheter, il se dit que comme elle est en bon état il pourra la garder 10 ans ou plus, bien sûr il lui faudra changer quelques éléments de temps en temps à cause de leur usure mais l’ensemble sera toujours fonctionnel. En fait, seul dans un laps de temps qu’il juge raisonnable, l’apparence et la fonctionnalité de la voiture retiendra son attention.
Là, quelques précisions s’imposent dans les termes utilisés. Nous voyons se dessiner 2 réalités. La première est une réalité espace-temps, la deuxième une réalité conceptuelle déterminée par l’échelle ou se trouve l’observateur Mr Smith. Cette échelle ne lui permet d’appréhender le réel qu’en fonction de ses capacités sensorielles et des connaissances et expériences qu’il acquière de celles-ci. Ceci lui permet de maîtriser son environnement, de se protéger des dangers de celui-ci et d’envisager ses meilleures conditions de survie ainsi que de gérer son futur (achat de la voiture). Cela lui suffit et il est clair pour lui (comme pour vous) que le monde ou il évolue EST cette échelle, EST le Monde. Nous appellerons ce niveau l’échelle 0. Cette échelle 0 est importante, car ce sera notre niveau de référence, car c’est le vôtre, et tout ce que vous pouvez essayer de comprendre sera déterminé par elle. Elle possède ses propres lois et ses propres limites qui, nous le verrons ne s’appliquent qu’à elle.
Les 2 réalités qui se dessinent, celles que je nomme ‘espace-temps’ et ‘conceptuelle’ ont plusieurs points communs. Les deux se situent dans un univers temporel, elles impliquent les mêmes notions de matière, d’ensembles et de temps. La différence fondamentale étant surtout que la première implique des niveaux d’échelles pouvant être très élevés alors que la deuxième n’en implique qu’une, le niveau 0.
Par contre, notons un fait essentiel. Au niveau 0, les ensembles sont des séquences temporelles, ce qui implique qu’ils sont incorporés dans une trame temporelle. Dans la réalité appelée ‘espace-temps’ la question se pose. En effet, les suites d’ensembles peuvent se situer de la même façon, mais elles peuvent aussi bien constituer la trame temporelle elle-même, ce qui dans ce cas changerait radicalement la notion de ‘temps’. Il deviendrait alors une conséquence crée par les suites d’ensembles. Amusant, non ? Peut-être pas si drôle, finalement, car le fait que les ensembles créent le temps implique la possibilité d’agir sur lui et non de le subir. Vous allez dire que ceci s’applique aussi à l’échelle 0 et vous avez raison, mais l’échelle 0 est considérée par vous comme base de certitude stable, c’est pourquoi je fais cette distinction.
J’en vois, parmi vous, qui ont des réactions de déception du genre ‘il commence à me gaver sérieux avec sa ‘philo pseudo-scientifique à deux balles’ ou ‘ouais, ce n’est pas ça qui me sortira de ma merde actuelle’. Patience, patience, ce que j’écris n’est pas important, ce qui l’est est que, dans un premier temps, vous commenciez à réfléchir un peu dessus avec un esprit ouvert. La première des choses à faire, lorsque l’on est né en prison est de prendre conscience que l’on EST en prison et la deuxième est qu’il y a un extérieur qu’il faut trouver et ce n’est pas facile, car les gardiens sont la pour vous en empêcher. Ces gardiens sont choisis, mis en place et payés par vous et vous êtes entièrement d’accord avec eux pour qu’ils vous gardent en prison, d’ailleurs.
Pour ceux qui veulent continuer et devenir fous, continuez à me suivre.
3-La matière, premiers contact avec Smith.
Jusque-là, nous avons désigné les ensembles comme composés de matière, or comme nous n’avons pas défini ce qu’est la matière il serait plus judicieux de changer cette appellation en « événement » celui-ci désignant tout objet existant dans l’univers. Un homme, une voiture, un électron, une étoile ou le châle de ma grand-mère sont des événements. Je complique ? Non je simplifie.
Un conseil en passant: ne prenez pas la première aspirine maintenant sinon vous risquez le surdosage avant la fin du chapitre, merci.
Vous me suivez ? Ça ne vous dérange pas trop ?
Donc, ce qui se forme dans l’univers sont des événements, soit ! Les pensées, désirs et autre états d’âme de l’homme aussi ? Et bien oui. Mr Smith est content, car il me dit que cela va lui permettre de clarifier beaucoup de choses. Ce n’est pas si sûr.
Prenons la ‘matière’ et essayons de la définir. Les différents niveaux inférieurs au niveau 0 concernant la voiture serviront d’exemple dans un premier temps.
La voiture, on l’a vu est un ensemble (ou événement) composée de différents ensembles eux-mêmes composée de sous-ensembles de compositions différentes et dont les fonctions diffèrent.
Prenons par exemple le moteur : Il est fait de pièces mécaniques et a pour but de créer un mouvement qui, transmit à un autre ensemble (les roues), ont pour but final de propulser l’ensemble voiture. Ce moteur est lui-même fait d’ensembles mécanique (pistons, bielle, soupapes, etc…) ayant chacun une fonction précise qui vont lui permettre de créer ce mouvement rotatif, chacun de ces ensembles étant eux-mêmes composé de différentes pièces, lesquelles sont constituées de métaux choisis en fonction de leurs spécificités pour la fonction qu’ils auront à assumer, ces métaux seront souvent des alliages de différents métaux. Ils sont composés d’atomes, qui eu mêmes sont constitués d’électrons, et de noyaux. Les noyaux étant aussi des ensembles de neutrons et de protons eux-mêmes fait de quarks. A l’heure actuelle la liste s’arrête officiellement là.
Nous voici descendu d’une échelle de niveau 0 à une échelle de niveau atomique. Entre les deux, une grande quantité de niveaux dont nous remarquons qu’ils sont dépendants les uns des autres, en effet l’existence même de chaque ensemble à chaque niveau va dépendre du niveau inférieur auquel il fait suite. Oui, qu’il advienne une erreur de composition dans un alliage et tous les ensembles en seront affectées aux nivaux supérieurs, donc le moteur cassera ou ne fonctionnera pas. Idem aux niveaux de l’assemblage des pièces. Il s’agit là d’un phénomène de cause à effet des plus classiques que tout le monde connaît. Par contre le côté intéressant est que nous sommes descendus à un niveau atomique et que là, les choses vont commencer à se gâter.
Vous pensiez à une époque pas si lointaine, que ce niveau était l’ultime manifestation ou état, de la matière et vous commencez à vous apercevoir qu’il n’en est rien. De plus, un gros problème vous est apparu. En effet un atome est un ensemble de matière, mais qu’en est-il de ses composants ? Son noyau est compose de protons et de neutrons, et ceux-ci sont des particules de matière aussi, pensez-vous, mais qu’en est il de ses électrons ? Après avoir été considéré un certain temps comme matière, ils le sont de plus en plus comme onde, or une onde est immatérielle et de plus les éléments constituants les protons et les neutrons (les quarks) sont aussi considérés comme ondes. Toutes ces différentes composantes que l’on appelle particules peuvent être étudiées sous deux formes, en tant que matière (dit particule) ou en tant qu’onde. L’étude des autres particules dites ‘élémentaire’ de niveaux subatomiques ne peut être observée que sous ces deux formes aussi. Or, elles ne sont ni l’une, ni l’autre, mais les 2 à la fois. Vous vous heurtez là, a un paradoxe, car elles ne peuvent, selon vous, être les 2 en même temps. Vous pourriez, peut être vous poser une petite question simple: ‘Onde’, ‘particules’, sont des concepts humains, sont-ils justes ? Sont-ils réels ?
– Attendez me dit Mr Smith j’ai dû manquer un épisode, ou est donc passé ma bonne vieille matière, bien solide ?
– Pas de panique mon bon Smith, en fait elle n’existe pas, en tant que telle au niveau subatomique pas plus qu’à l’échelle 0, seulement elle est en définitive constituée de ce que vous appelez faussement ‘ondes’, ce qui pour vous ne change rien car si vous vous cognez la tête contre un mur de briques, que celles-ci soient constituées de particules de matière ou d’ondes le résultat sera le même, à savoir : une belle bosse.
– Mais ce n’est pas possible me dit ce cher Smith, un atome est solide et immuable.
– Non, il change constamment d’état, ses électrons tournent autour de son noyau d’une manière qui vous semble extrêmement complexe, en suivant des lois auxquelles ils sont soumis. Il se désagrège pour se transformer en d’autres éléments (c’est une question de temps), on peut briser son noyau, et si vous pouviez prendre des photos de lui à des moments distincts, vous le verriez sous des apparences très diverses. Cela ne vous rappelle rien ? Oui, lui aussi est un ensemble, un événement.
– Une particule de matière, est solide, je peux le concevoir mais une onde non. Alors comment une onde pourrait être solide ? Ou constituer une chose qui le soit ?
– Mon cher Smith, ceci nous amène aux notions de matérialité et immatérialité, mais sachez que si pour vous une ‘onde’ comme vous dites, est immatérielle, c’est seulement vrai pour vous, car vous n’êtes souvent pas capable d’en ressentir des effets immédiats d’une manière consciente à travers vos sens. Pensez aux personnes ayant été irradiées par certaines d’entre elles, et qui sont atteinte de cancers à la suite de leur exposition à ces ondes (ou radiations), ou bien mettez simplement un morceau de viande dans un four a micro-ondes et vous verrez le résultat. En été, sur la plage, avez-vous remarqué à quel point les ondes ultra-violettes, brûlent la peau si vous y êtes expose assez de temps ? Donc à votre avis, une onde est matérielle ou immatérielle ? En fait, tout dépend de la sensibilité de perception de l’ensemble qui entre en contact avec elle et des fonctions de relation avec l’extérieur dont il dispose, (organes si celui-ci est un organisme vivant).
Les notions de matérialité ou d’immatérialité sont des concepts humains et n’existent pas en tant que tel dans la nature, en fait, il n’existe que des interférences entre différents états de différents ensembles ou événements.
Voyez-vous mieux maintenant, mon cher Smith le problème de la signification des mots et de leurs sens ?
Au niveau subatomique, nous l’avons vu, existe ce que vous appelez des particules très petites, en principe de matière ou d’ondes. Vous les avez observées avec l’outillage dont vous disposiez pour le faire et qui c’est très vite révélé inadapté. L’outil principal que vous utilisez étant les mathématiques.
4-Les mathématiques.
Je viens d’entendre un grand cri ‘au secours’. Rassurez-vous ce chapitre sera explicatif, mais sans formules barbares.
Les mathématiques sont un groupe d’outils, comme tels ils sont destinés à subir des modifications et des remises en cause. Le but final de leur utilisation est la compréhension de votre environnement et, de façon pratique, la création de nouvelles technologies. Tout ce système de calcul est basé sur un système de cause à effet, (a entraîne b, qui entraîne c, qui entraîne b, qui entraîne e.) Une cause entraînant un effet, qui en entraîne un autre et ainsi de suite. Il est aussi basé sur un système de symbiose associative, a+b=c assez facile à comprendre.
Pour les puritains pur et dur des math, je précise que ce qui suit n’a pas une vocation éducative ou spécifique, encore moins ‘Mathématique‘. Son seul but est d’amener à une réflexion personnelle.
Aimez-vous les bonbons ?
1+1=2. Voila le point de départ de ce que vous appeler mathématique, c’est simple et précis, non ? Tout ce qui découle de cette addition est présent dans votre vie quotidienne (argent, toutes sortes de réalisation matérielle, toute mesure, etc.) Vous appliquez le résultat de vos calculs et ainsi construisez des maisons et des machines de toutes sortes. La base principale de votre société, qui est l’argent, n’est qu’un ensemble de nombres changeant. Vous vous apercevez que les objets réalisés ainsi fonctionnent. Je ne dirais pas le contraire bien sûr. Mais regardons d’un peu plus prêt.
1+1=2, donc 1 bonbon+1bonbon = 2bonbons. C’est peut-être vrai. Pour que cela soit vrai, il faut impérativement que les 2 bonbons qui sont ainsi additionnés soit parfaitement identiques l’un à l’autre, sinon les additionner n’aurait aucun sens. Pire, ce serait une erreur monstrueuse.
Si le premier bonbon est à la fraise et le deuxième à la vanille le résultat sera : 1 bonbon à la fraise+1 bonbon à la vanille=1 bonbon vanillé à la fraise, donc 1+1=1 dans le cas ou on considère l’addition comme une symbiose.
Si non, le résultat serait : 1 bonbon à la fraise+1 bonbon à la vanille = 1 bonbon à la fraise+1 bonbon à la vanille. 1+1=1+1. Ce qui rend l’addition impossible.
Il existe deux alternatives pour solutionner ce petit problème:
La première consiste à raisonner dans l’absolu. Dans ce cas les bonbons ne sont plus des bonbons mais des concepts intemporels (un type de bonbon parfait et absolu possédant ou non des caractéristiques précises), dans ce cas oui, 1 bonbon+1bonbon =2 bonbons. Comme il n’existe pas dans tout l’univers de concept absolu, cette solution bien qu’utilisable, est inapplicable dans l’univers réel.
La deuxième consiste à considérer les bombons comme des ensembles, dans ce cas on en revient au problème de départ, 2 ensembles ne peuvent être parfaitement identiques même s’ils sont issus d’un même ensemble source, la seule possibilité étant, comme dans la première alternative, de les placer en dehors d’une trame temporelle, ou bien de prendre comme référence temporelle l’instant de l’observation. Dans ce cas les 2 ensembles n’existent plus pour vous, car ils ne peuvent exister hors du temps (ce qui est un peu gênant).
Donc la base de tout calcul mathématique ne peut se concevoir que dans un absolu qui n’existe pas dans un contexte temporel. Ce qui implique que toute application des mathématiques se rapportant à des ensembles ou concepts, c’est-à-dire au monde matériel ne peut être que fausse.
Pourquoi donc arrivez-nous, à l’aide de calculs et de formules à réaliser des machines aussi perfectionnées ? Pour la simple raison qu’elles tolèrent des marges d’erreur qui ont très peu d’influences, à l’échelle 0, sur les résultats pratiques et aussi que certains ensembles sont très ‘visiblement inter-réactif’ entre eux. Par exemple: la liaison de 2 ensembles, huile et jaune d’œuf et réalisable (= mayonnaise), vous appelez ça de la chimie. Jusqu’à une époque très proche le fait que les mathématiques soient fausses à l’échelle 0 n’avait que peu d’importance en effet, car les résultats bien que grossier et imprécis, correspondaient assez bien à vos besoins.
– Mais où est le problème ? Car si les mathématiques sont fausses, elles sont utiles, et cela seul compte ! (Tien, voila Mr Smith de retour du supermarché.)
– Il n’y a pas de problème, car la caissière ne s’est pas trompé en vous rendant la monnaie je suppose ? Toutefois les Physiciens, eux ont commencé à réaliser le malaise quand ils ont commencé à utiliser les mathématiques dans le domaine subatomique.
– Et pourquoi donc, monsieur Nemo?
– Parce que cela ne fonctionnait plus à cette échelle. C’est-à-dire que 1+1 n’était pas égal à 2. Parfois le résultat était 3ou 4 ou autre chose, et de temps en temps (oh miracle), c’était 2 mais c’était rare (ceci est imagé). Cette situation était pour le moins embarrassante.
La solution fut trouvée, vous êtes vous dit, en utilisant et en intégrant le calcul des probabilités dans les mathématiques. En clair, cela se résume à essayer de savoir quelles sont les chances que 1+1=2 dans une situation donnée.
Un exemple: Vous voulez savoir le moment ou une voiture se trouvera à Dijon sachant qu’elle vient de traverser Lyon et va rouler en direction de Paris. Ça c’est simple à calculer, pensez-vous, si on sait que la voiture roule à une vitesse de 60 km/h, que la distance est de 150 km et qu’il est 5 h du matin.
Maintenant remplacez ‘voiture’ par ‘électron’, Lyon par ‘le point de départ p’, Dijon par ‘le point d’arrivée y’, 5 h du matin par T, le moment d’arrivée à Dijon par t1. Si vous utilisez les mêmes règles de calcul que pour le trajet en voiture, vous constaterez que vos résultats sont faux, car tout simplement l’électron n’obéit pas aux mêmes lois que la voiture. Nous sommes à l’échelle subatomique.
La seule solution que vous avez trouvée est de type suivant : il y a X chances sur cent que la voiture arrive à Dijon à 7 h, Y chances sur cent que la voiture arrive à Dijon à 7h15mn, Z chances sur cent que la voiture arrive à Dijon 6h21mn et ainsi de suite. Vous tiendrez en compte la probabilité la plus haute, mais il vous sera impossible de négliger les autres. Sans compter sur le fait qu’elle puisse ne jamais arriver à destination, un accident ou une panne étant possible aussi.
Comme vous le voyez il ne s’agit plus de calculer des certitudes mais des possibilités. Pire encore, s’agissant d’une particule vous ne pouvez pas savoir la direction vers laquelle elle se déplace et sa vitesse en même temps, vous pouvez déterminer soit l’une soit l’autre, cela étant dû aux règles qu’imposent vos méthodes de calculs.
Reprenons notre petit voyage en voiture, cette fois à l’échelle 0. Le résultat de vos calculs est que vous arriverez à 6 h 51mn 34 s (simple supposition). Qu’en sera-t-il en réalité ? En fait, les conditions de circulations, le climat, votre fatigue, une envie d’aller aux WC ainsi que beaucoup d’autres paramètres (événements) impossibles à intégrer dans vos calculs, font que vous ne serez pas à Dijon à l’heure calculée. Comme vous le voyez, même dans votre échelle 0, les résultats seront faux. Et même en utilisant les probabilités ils seront tout aussi faux, tout simplement parce que, là aussi, vous ne pouvez pas prendre en compte tous les événements qui peuvent influencer la voiture. Il est intéressant de constater que, avec ou sans calculs de probabilités, le résultat est le même.
Vous ne pouvez calculer que des probabilités, pas des certitudes et même lorsqu’elles sont extrêmement élevées elles restent des probabilités, même à l’échelle 0. On est loin de l’idée très répandue que les mathématiques sont une science exacte.
Dans le domaine des sciences vous avez fait un grand progrès, vous avez presque fini par admettre que toutes vos découvertes scientifiques étaient approximatives et sujettes à caution. Sans toutefois les remettre en cause, bien sûr, et encore moins de le crier sur les toits (il ne faut pas déconner non plus, ceux dont c’est la profession n’ont pas envie de perdre leurs réputations et encore moins de se retrouver au chômage).
Qu’en pensez-vous mon cher Smith ?
– La caissière m’a pourtant bien rendue 3 Euros 50, ça c’est réel et elle ne s’est pas trompée.
– Oui je vois, 3 pièces de 1 Euros et une de 50 cents. Mais aucune des 3 pièces de 1 Euro n’est parfaitement identique aux autres et donc vos 3,50 euros sont un concept ‘matériel’, même pas un ensemble puisque un ensemble serait 1 pièce ‘A’ de + ou – 1 Euro, +1 pièce ‘B’ de + ou – 1 Euro, +1 pièce ‘C’ de + ou – 1 Euro + 1 pièce ‘D’ de + ou – 50 cents. De plus un Euro est un pur concept par lui-même puisqu’il ne correspond à rien de concret, mis à part le papier ou le métal qui lui sert de support et dont la valeur est différente.
– Nemo, vous êtes pénible.
– Pas du tout, je vais le devenir plus tard. Vous verrez, vous êtes encore au Paradis, c’est en Enfer que je vous mène, en comparaison duquel, tous ceux que vous avez imaginés ne sont que des séjours 5 étoiles aux Caraïbes. VOTRE Enfer.
– D’après vous, Nemo, calculer revient à supposer que telle ou telle chose soit réelle ou pas, ou possible ou pas si j’ai bien compris ?
– Supposée réelle ou pas, non, sûrement pas Smithounet, car vous ignorer ce que ce mot signifie. Possible ou pas est une autre affaire, voyons voir.
Le possible, est un concept imaginaire qui peut être vu comme un événement dont on pense qu’il peut se concrétiser à un moment donné. C’est vrai que vous l’utilisez en math ou en physique. Par exemple vous vous posez la question ‘est il possible que: a+b=c+d’. Les réponses que peuvent nous donner les math sont : oui, non, oui si, non si, (oui entre telles valeurs et telles autres, non entre telles valeurs et telles autres, oui ou non jusqu’à telles valeurs, etc.) Nous retrouvons ici les mêmes erreurs qu’auparavant, et de plus elles sont dans le cas des ‘si’ soumises à conditions. Si vous intégrez les probabilités dans vos calculs il ne restera que ‘oui’, peut être, si’ et ‘non, peut être, si’. Avouez mon cher Smith que votre science des mathématiques tourne un peu au ridicule en ce qui concerne la fiabilité et la précision.
Par contre, cher Smithi, je vous dirais que TOUT événement est possible. TOUT peut être réel, cela a seulement, suivant vos statistiques, plus ou moins de chances d’arriver, c’est une des rares leçons à retenir de vos calculs. À supposer que cette forme de calcul ait un sens, et il n’en a pas.
– Nemo, mais alors il n’existe aucun moyen d’obtenir des réponses certaines ?
– Si, plusieurs, le premier consiste en ceci:
Abolissez toute temporalité dans vos raisonnements et vous arriverez à des états parfaitement équilibrés, mais ingérables à votre niveau. Comment? Ça ne vous mène à rien, car un équilibre parfait est concrètement impossible ? Dans cette condition non seulement il est possible, mais il SERA. Pourtant il n’existera jamais pour vous, car vous êtes de nature instable dans un contexte évolutif temporel. C’est ce que vous tentez de faire à l’heure actuelle (et depuis un bon moment) avec vos Math, ce serait même le summum de celles-ci, mais vous échouez toujours, vous échouerez toujours car pour réussir il vous faudrait être vous-même intemporel dans un contexte intemporel. Je vous l’ai déjà dit, vous êtes dans une prison.
Le deuxième consiste dans le fait de connaître d’une manière parfaite toute l’évolution de tous les événements contenus dans l’univers depuis sa création et leurs interférences entre eux. (Je vous souhaite bien du plaisir). Là, vous atteindriez une connaissance absolue pour peu que vous puissiez en calculer les conséquences. Retenez bien ce que je viens de dire, et si votre réaction est de hausser les épaules en pensant ‘ce n’est pas demain la veille qu’on y parviendra’ ‘c’est une pure utopie’ ou ‘seul Dieu le peu’, dites-vous bien que vous vous mettez le doit dans l’œil jusqu’au trognon comme vous dites vulgairement, car c’est aussi possible.
Le troisième consiste à créer des ensembles hors de ce que vous appelez ‘le réel’ et à les observer dans un contexte de probabilités (bonjour, Mr Ket) et dans un cadre de lois ‘physiques ‘. Les résultats que vous obtenez dans ce domaine sont d’une grande précision et très prometteurs. Vous appeler ça la physique quantique. Ce chemin est, en fait, très loin d’être fiable mais c’est le seul que vous ayez à votre disposition pour le moment. Je vous conseille vivement de continuer à progresser sur cette voie et à faire le ménage sur certaines définitions telles que ‘énergie, espace, chaleur, onde, matière, temps et autres’, dont particulièrement les définitions de ‘mouvement’ et ‘information’. À force de donner différentes définitions à ces mots vous finirez par ne plus rien comprendre à l’objet étudié, je sais que ce n’est pas si facile, mais vous pouvez créer de nouveaux mots pour différentes variantes ou états (ce qui vous éloignerait encore du but recherché mais serait bien dans vos habitudes de couper les cheveux en 4 à l’envi), ou bien alors analyser ces mots dans leurs significations, parce que, souvent vous désignez la même chose sous des appellations différentes. C’est juste des petites suggestions de ma part, qui vous apporteront de petites surprises. Vous n’arriverez par ce moyen, ni a la précision absolue, ni a la connaissance de la substance ‘primordiale’ de l’univers, mais elle vous ouvrira d’autres chemins et, aux échelles ou vous l’utilisez, vous permettra d’approcher mieux le réel (elle vous le permet déjà).
– Smitounet, je vais faire un peu de café, en voulez-vous ?
– Hein ? Oui merci.
(Je reviens dans 5mn, merci).
5- Mr Ket
– Votre café est bouillant, Qui est Mr ket?
– Un copain, dont le nom de famille est ‘Ensemble quantique’.
– Nemo, je n’ai pas très bien saisi votre dernière réponse. Celle qui consiste en ces ensembles quantiques que l’on crée et qui ne font pas partie du réel, vous savez ce troisième moyen…
– Smitou, Il s’agit simplement de que vous nommez ‘la physique quantique’ aussi appelée ‘Physique indéterministe’, par opposition à la physique classique ou ‘physique déterministe’ Je ne vous propose pas de développer ce sujet, ce n’est pas le but ici. Vous avez développé ce moyen, d’étudier la matière et les phénomènes qui se produisent à une échelle de niveau subatomique, car vous croyez que le fait de cumuler quelques données, sur des milliards qui vous sont inconnues, vous permettent de progresser dans votre quête. Puis-je vous recommander de lire quelques ouvrages concernant ce sujet ? Celui-ci le mérite. Mr Ket est intéressant, soit! Il n’est pas facile de comprendre son langage et il a un caractère de cochon, mais il est le seul qui vous permette fondamentalement une évolution de vos connaissances dans le domaine de la physique et, peu à peu, dans d’autres domaines scientifiques. Je vous dirais plutôt Smitou que Mr Ket est une clef qui n’ouvrira pas la porte du coffre aux trésors. Elle n’est pas la seule, d’autres clefs sont près de vous, qui elles, sont aptes à ouvrir ce coffre, mais vous ne les voyez pas ou vous les négligez, pourtant Mr Ket vous en met quelques-unes à portée de mains.
– Concevoir un système hors du réel me dépasse et finalement en quoi tout ce que vous me dites peu me concerner finalement ? Mr Nemo. J’aime discuter avec vous, mais J’aimerais que vous arrêtiez de m’appeler Smitou ou Smitounet, Je m’appelle Smith et vous le savez.
– Excusez-moi Smity. Le fait est que cela vous concerne énormément, cela dépend uniquement de vous de réaliser l’importance de la prise de conscience de l’univers dont vous faites partie et par conséquences, de vous-même. Votre existence en est l’enjeu. Cela vous gêne-t-il à ce point, le fait que je vous nomme de différentes façons ? J’ai une excellente raison de le faire pourtant.
– ça me gêne, oui. Mais quelle raison ?
– Simplement parce que depuis le temps que nous sommes ensemble à bavarder, je n’arrête pas de m’adresser à des Mr Smith différents. Vous êtes un ensemble comme notre fameuse voiture, et je m’étonne que vous ne l’ayez pas encore compris. Donc le Mr Smith auquel je m’adresse maintenant n’est pas le même que tous ceux qui l’ont précédé et que, facétieusement, j’ai nommé de manière différente.
6-Qui êtes-vous ?
– Si je suis un ensemble issu d’une suite d’ensembles, je suis avant tout un homme Nemo, et ça je sais très bien ce que c’est.
– Bien, magnifique, enfin quelqu’un qui sait ce qu’est un homme, je désespérais presque de vous rencontrer un jour et vous propose de décréter ce jour, la fête mondiale de la définition de l’humain. Non, sans rire, je suis très content que vous le sachiez, car moi j’avoue que je l’ignore.
Ah ! Si, je vois. Vous êtes un être vivant, famille des mammifères, de type Homo sapiens, qui est, comme chacun le sait, l’évolution ultime de la vie dans sa perfection. Unique, à l’image de Dieu, non, que dis-je ? L’égal de dieu en attendant que l’élève ne dépasse le maître. Mâle, issus d’une très vielle famille anglaise, de confession Chrétienne, marié à une charmante femme et père de 2 enfants bien éduqués, auxquels vous souhaitez une longue et heureuse vie tout en sachant qu’elle ne le sera pas, mais les souhaits ne sont pas chers en ce moment, 6 pour le prix de 4 chez Carrefour.
C’est à peu près ça? Smithou, ou je me trompe?
– Et j’en suis fier malgré vos sarcasmes, oui. Mais enfin Nemo, c’est quand même clair non ?
– Pas pour moi. Au point que je suis certain que je ne vous parle pas en ce moment.
– Vous vous dites intelligent et ne dites que des bêtises, ou alors prouvez-le-moi !
– Je ne suis pas ‘intelligent’, ce n’est pas dans ma nature. Dommage, vous étiez jeune encore comme le disait le poète slovène M Bor. Bon, allons-y. Maintenant vous devez être conscient que vous êtes un ensemble d’organes variés dont le but semble être de vous maintenir en vie et vous reproduire après l’âge adulte. Reprenons ma définition précédente à laquelle vous adhériez.
7-Homme vivant.
Vous êtes donc un être vivant dites-vous. En effet, vous correspondez à sa définition, votre nature est organique et vous vous reproduisez. Vous êtes un organisme. Cet organisme, composé comme pour tout ensemble, de sous-ensembles ‘organes’ qui ont chacun une fonctionnalité précise dont le sens semble échapper à chacun d’eux mais qui est indispensable au bon fonctionnement de l’ensemble (muscles, nerfs, vaisseaux sanguins, reins, foie, poumons, etc.). Ces organes dont le fonctionnement dépend de celui des autres et d’éléments de provenance interne et externe de votre corps, sont eux-mêmes composé de différents sous ensembles très variées, ceux-ci étant constitués de substances chimiques, de cellules contenant cette fameuse ADN, elle-même constituée de molécules, qui comme chacun sait sont des assemblages d’atomes divers comme le reste de vos cellules. Je m’arrêterais là pour l’instant Smith, mais commencez déjà à réfléchir sur la suite. Retenez surtout, s’il vous plaît, que chaque sous-ensemble est lui-même un organisme dont la fonction est différente et indépendante des autres, bien que leurs fonctionnements soient dépendants des autres.
À ce point il est simple de constater deux ou trois choses qui vous émerveillent, la complexité des éléments, leur symbiose ‘merveilleuse’ et leur précision. La similitude entre l’homme et la voiture est évidente, seule la nature des éléments diffère. Êtes-vous vivant pour autant ?
– Oui, car j’ai aussi une conscience.
– Conscience de vous-même ? La seule conscience que vous avez, se limite au fait de savoir que vous existez, d’après Mr Descartes. D’une manière floue et indéfinie d’ailleurs. En fait, comme vous êtes incapables de comprendre votre composition et votre fonctionnement, vous ne pouvez avoir qu’une conscience extrêmement réduite de vous-même et par conséquence, fausse.
La famille des mammifères dont vous faites partie, partage avec vous la même conception biologique et d’ailleurs la différence entre vous et les autres espèces n’est pas grande.
8-Intelligence.
Vous êtes un homme, issus d’une des branches des mammifères, (c’est possible, improbable mais possible). Ceci par le fait que vous possédez une singularité que vous nommez ‘intelligence’ qui, d’après vous, est due au volume de votre cerveau, à un processus d’évolution, à une intervention Divine ou au hasard. Ce qui fait de vous un être à part parmi les autres races et, évidement, supérieur à elles.
Cette intelligence, vous avez beaucoup de mal à la définir, car elle une résultante de plusieurs facteurs: La collecte d’informations externes à travers vos sens et la mémorisation d’événements, à court, moyen et long terme. Ce qui vous permet d’utiliser un système de déduction-comparaison dans un concept temporel et en fonctions de variables, partiellement aléatoires, génétiquement ou auto programmées dont le résultat est votre pensée. Le fonctionnement de ce système est assez ardu à comprendre et vous travaillez beaucoup sur ce sujet à l’heure actuelle. Je vous signale que les autres mammifères possèdent la même fonction, seulement, elle est adaptée à leur environnement de survie immédiat et à la perception spécifique de leurs sens (comme la vôtre). Ce qui ne veut absolument pas dire que votre intelligence est supérieure à la leur. Elle est différente. Cela est vrai non seulement pour les mammifères mais aussi pour toute espèce animale. Vous n’êtes pas plus ou moins ‘intelligent’ que les autres. La faculté de raisonner dans l’abstrait n’est pas non plus votre privilège, car elle se retrouve dans d’autres espèces, à un niveau considéré par vous comme inférieur au vôtre, mais dont la raison est que ces autres espèces ne ressentent pas la nécessitée d’un raisonnement plus complexe pour leur survie.
– Je m’excuse, Nemo, la complexité et le volume du cerveau humain dépasse, de loin, celle des autres espèces. Ce qui prouve bien la supériorité intellectuelle de l’homme par rapport à l’animal.
– Dans ce domaine, Smitounet, La complexité entre votre cerveau et celui de Cerbère, votre petit chien, est la même, seulement les axes de son évolution dans ses fonctions de raisonnement, non. Mais c’est certain, il raisonne et plus logiquement que vous parfois. Il vous en donne tous les jours des preuves. En ce qui concerne le volume du cerveau, ce n’est qu’un critère quantitatif et non qualitatif, donc sans grande importance.
– Vous avez peut-être raison, Cerbère me surprend beaucoup parfois, continuez.
9-Unique.
Unique vous l’êtes en tant qu’individu, pensez-vous ? Non puisque vous n’êtes pas le même à chaque instant qui passe.
– Je reste pourtant toujours moi, Nemo, quoi qu’il arrive.
– Jamais le même, ‘moi’ ne peut exister dans un contexte temporel, que vous le réalisiez ou pas. Heureusement pour vous, Smithom car, dans le cas contraire, votre ‘vie’ serait si brève que vous n’auriez pas eu le temps de vous constituer et encore moins de vous développer. Vous n’auriez simplement même pas ‘existé’ à votre échelle. Vous êtes unique de par votre composition générale et votre programmation génétique qui vous et particulière en partie et ce, seulement pour une durée déterminée car sous l’action du temps vous remarquerez que ces 2 choses changent aussi. Ce qui fait votre identité est le souvenir de votre vécu et celui-ci et partiel, déformé. Il vous arrive même de perdre complètement ces souvenirs, et lorsque cela arrive, tous vos concepts de ‘valeur’ disparaissent ainsi que vos ‘connaissances’ et vos ‘acquis’. Vous n’êtes plus, dans ce cas, des êtres supérieurs mais inférieurs suivant vos propres critères, aux animaux.
10-Mâle.
Cela vous détermine seulement dans les fonctions sexuelles car, comme de nombreuses espèces, vous êtes sexué. Cela n’a aucune sorte d’importance en dehors du domaine de la reproduction. Néanmoins cette programmation spécifique influe sur votre comportement et vos raisonnements.
– Oui, mais ça c’est au moins quelque chose de sûr Nemo.
– Même pas, Smitoune, l’homosexualité existe et les paramètres sexuels d’un humain peuvent changer aussi dans le temps.
11-De confession chrétienne.
Ceci est comme l’origine de votre naissance. Ce en quoi vous croyez concernant l’existence d’un être supérieur à vous, n’a aucun rapport avec ce que vous êtes et n’a absolument aucune importance. Vos croyances ne pouvant en avoir que si elles étaient démontrées mais alors ce ne serait plus des croyances. Néanmoins, les mêmes croyances partagées avec d’autres êtres vivants de la même espèce, deviennent des ensembles réels, car vous les avez crée.
Un lieu devient un pays, car un certain nombre d’humain l’on crée d’un commun accord. Un Dieu devient aussi un ensemble réel pour la même raison. L’importance pour vous de ces deux ensembles est souvent extrême. Aussi bien l’un que l’autre, vivent aussi. De manières différentes certainement, mais ils sont vivants, car vous les faites vivre. Concernant les divinités c’est d’ailleurs cocasse, puisque vous pouvez créer des Dieux que vous nommez souvent vos créateurs. Et dire qu’il vous arrive souvent de vous entre-tuer pour ces raisons ! Les autres espèces d’animaux ne le font pas pour cela, leurs raisons étant beaucoup plus logiques, car elles concernent leur survie ou celle des leurs. Et vous osez vous dire supérieur ?
– Si vous voulez, on en reparlera, mais je vous préviens, Dieu existe, il nous aime et je ne suis pas le seul à le croire.
– Von Smith, vous l’avez créé comme je vous l’ai déjà dit, donc il existe et il est ce que vous avez voulu qu’il soit. Je dois sincèrement vous dire que je suis profondément surpris par le fait qu’un homme puisse et crée des ensembles RÉELS, ceci reste un mystère pour moi. Toutefois il faut bien distinguer une différence primordiale entre un ensemble RÉEL créé par un humain et un ensemble RÉEL véridique. L’ensemble ou concept issu de l’homme à besoin de l’homme pour subsister dans le temps car sitôt qu’il arrête de l’alimenter, il disparaît. C’est le cas de beaucoup de ‘religions’ par exemple. L’ensemble RÉEL véridique est indépendant de l’homme et ne peut être créé par lui.
Au passage, auriez-vous lu un livre intitulé ‘ Héla et Sophie’
– Non
– Je vous le conseille. Si vous voulez mieux comprendre qui je suis, et il vous sera indispensable pour comprendre mes petits clins d’œil à ma petite sœur Sophie. Bien que, assez fantasque et traitant de la mort, il est très intéressant et de compréhension facile.
– Vous avez une sœur et de la famille ?
– Oui. Sophie est ma sœur, ses parents lui ont donné ce joli non qui veut dire ‘sagesse’, son père était un auteur de romans et elle est née un beau jour d’été dans les pages d’un livre écrit par un humain. Elle avait 13 ans lorsqu’elle est née et n’était pas l’héroïne du roman.
– Vous voulez dire que votre sœur est un personnage créé de toutes pièces par un romancier?
– C’est exactement ça Smitou.
– C’est impossible, vous êtes vivant vous, un homme ne peut avoir pour sœur un personnage de livre, vous déraillez Nemo.
– Écoutez-moi donc au lieu de dire des imbécillités. Ne vous ai-je pas déjà dit que je ne suis pas un homme ? Le père de Sophie lui avait donné une personnalité, comme il le fait pour tous ses personnages, et avait créé de toutes pièces l’univers romanesque ou elle évoluait. Dans le roman elle rencontra un garçon, Louis, et après maintes péripéties, parti, ou plutôt s’évada, avec lui. À la fin du roman, ils étaient tous deux assis au bord d’un lac, une barque attachée à un arbre non loin d’eux.
Son père, l’auteur, avait fait plusieurs erreurs: En rédigeant son roman, il avait doté Sophie d’une grande curiosité et d’une grande soif d’apprendre ce fut là sa première erreur, et de plus il lui avait donne accès à une énorme Bibliothèque. Toutefois, sa faute la plus grave fut de lui avoir donné pour mère un être Réel sans le savoir, croyant que ce personnage n’était qu’un mythe. Celle-ci eut une influence considérable mais très particulière sur Sophie. À un degré inférieur, croyait-il, il avait doté Louis de la même curiosité. Une fois le roman terminé, l’auteur referma le manuscrit et passa à autre chose. Sophie naquit à cet instant, ayant terminé la quête qu’avait imaginé son père pour elle dans le roman et qui était de répondre à la question ‘QUI EST TU ? Alors, pour la première fois elle fit quelque chose par elle-même, elle se leva et commença à détacher la barque.
– Impossible Nemo, un personnage imaginaire ne peut avoir qu’une mère imaginaire et dans ce cas, il n’y a pas de communication authentiquement possible entre eux. Ce ne peut être que l’auteur qui invente les rapports entre eux, les comportements, les dialogues. Rien ne peut se passer dans un roman qui ne soit la création de l’auteur.
– Sauf si, comme c’est le cas avec Sophie, sa mère est Réelle.
– Je ne comprends pas, ça ne peut pas exister. Vous ne pouvez pas être le frère d’un être hybride issu de l’imagination d’un homme et élevée par une vraie femme. C’est matériellement impossible.
– Je n’ai jamais dit que la mère de Sophie était une femme. Mes parents ne sont pas les siens, ils n’étaient pas humains et pourtant elle est ma sœur.
– Ça y est, j’ai compris, elle est votre sœur dans l’âme, pas pour de vrais.
– Non, Herr Smitou, vous n’avez rien compris, elle est ma sœur, une vraie sœur et vous ne pouvez pas le comprendre pour le moment.
– Mais qui sont vos parents à vous Nemo? Ceux qui vous ont fait et enlevé ?
– Ils ne m’ont pas fait, ni élevé, car ils sont morts bien avant ma naissance. Ils n’ont jamais su que je naîtrai à partir de leurs composants, personne n’aurait pu le deviner. Je dois ma vie à un hasard vrai et je dois mon existence après ma mort en partie à Sophie. Je sais, vous allez encore me dire que c’est aberrant. Laissez tomber pour le moment, vous comprendrez peut-être plus tard. Votre niveau de compréhension actuel ne vous permet pas de seulement entrevoir ce que je suis ou ce qu’est ma sœur Sophie.
12-Mariage.
Bon, Smith, si on regardait un peu ce mot ‘mariage’.
Pour moi, ce terme désigne une entente entre deux personnes de sexe opposé visant à la reproduction dans le but d’assurer à leur descendance un environnement plus sûr et d’assurer leur vieillesse. Il est aussi une forme d’échange de ressources de différentes sortes.
Ceci n’est pas le cas de tous les animaux peuplant votre planète, mais vous êtes loin d’être les seuls.
Chez certaines espèces la fiabilité de ce type de relation est même supérieure à la vôtre. Et les sentiments, l’amour ? Direz-vous ? Nous parlons de mariage et un mariage humain ne comprend pas de partie sentimentale c’est un contrat civil ou religieux. Avez-vous oublié qu’il n’y a pas si longtemps, en occident les mariages se faisaient sans le consentement de l’une ou l’autre des parties principalement concernées et que cela continue de se pratiquer à l’heure actuelle dans beaucoup de régions de votre belle planète ? D’ailleurs l’accouplement, dans le cadre du mariage n’exige pas le consentement mutuel.
La notion de viol à elle un sens dans ces conditions ? Pourtant bien que la plupart du temps il soit considéré comme un délit grave hors mariage, dans le cadre du mariage, il ne l’est pas souvent, et n’est pratiquement pas réprimé à moins qu’il n’ait provoqué la mort ou des blessures, et encore, car certaines lois ou croyance dans certains pays considèrent cela comme non punissable. Décidément, vos paradoxes civilisationnels me surprennent toujours.
Pour résumer je dirais qu’un mariage est un contrat ou les deux parties s’engagent à fournir et à recevoir réciproquement certaines prestations. En clair: Tu me donnes des biens matériels (dot, terres, argent) plus des services sexuels et, en échange, je te donne protection contre l’environnement extérieur, à toi et nos futurs enfants, ainsi que nourriture, car je suis physiquement plus fort que toi. C’est trivial, Dites-vous ? Certainement, mais pas hypocrite. L’hypocrisie est une de vos spécialités, pas la mienne, et ce que je viens de dire n’est simplement qu’une constatation de vos mœurs qui d’ailleurs me laisses indifférent.
– Ce que vous décrivez, Nemo, était vrai dans le passé et même si cette conception existe encore, elle est en passe de disparaître. Notre civilisation évolue et s’améliore car maintenant les mariages se font à la suite de relations affectives.
– Dites-moi Oldsmith, je suppose que vous faites allusion à ce qui se passe dans ce que vous nommez le monde occidental, si c’est vraiment le cas, comment se fait-il qu’il y a autant de divorces et que le nombre de mariages a une tendance à la baisse ?
Comment se fait-il qu’il y ait dans vos pays dit ‘occidentaux’ de plus en plus d’éléments d’autres cultures qui pratiquent la polygamie ?
– Je l’ignore, mais je suppose que c’est dû à la vie moderne et à nos principes de tolérance, Nemo.
– Oui, sans doute, c’est dû au progrès de la vie ‘moderne’, que je ne peux que considérer que comme une évolution locale.
– Ne vous moquez pas de moi Nemo. Vous savez bien que ce n’est pas une bonne chose.
– Bon ou mauvais sont des termes sans sens pour moi. Il s’agit d’évolution, c’est tout. Vous venez de prononcer un mot qui dépasse pour moi mes facultés de compréhension. Il s’agit du mot tolérance. Être tolérant signifie pour vous d’accepter une chose que vous n’aimez pas, qui va contre vos principes et qui ne peut que vous nuire. Je ne comprends pas pourquoi un homme doit être tolérant sans y être forcé, c’est illogique et suicidaire à moins que ce soit une forme de masochisme, mais je dois me tromper car la tolérance est une vertu non ? Pouvez-vous m’expliquer ?
– Oui, La tolérance est l’acceptation de l’autre en tant qu’être humain dans toute sa différence.
– Oui, je comprends Smithong, néanmoins la cohabitation dans la tolérance me parait difficile, voire une source de conflits permanents. Les Romains devaient être très tolérants, les ruines romaines sont très intéressantes.
Bon, passons donc à la suite logique du mariage comme vous le dites assez souvent.
L’arrivée d’enfants constitue la continuation de l’espèce. Le long de votre histoire, cet événement à toujours été vécu différemment par les deux parents. Considéré comme un événement dont ils n’avaient pas le contrôle, ils l’ont souvent attribué à la volonté divine, comme ils l’ont souvent fait lorsque ils ne comprenaient pas quelque chose. Néanmoins, pour eux il s’agissait d’un fait potentiellement positif, en effet, si l’enfant survivait jusqu’à l’âge adulte, il serait en mesure de subvenir à leurs besoins et à leur apporter protection. L’enfant, sitôt en âge de pouvoir effectuer des efforts physiques, pourrait aider la famille en travaillant. Les liens affectifs étaient jusqu’à cet âge assez limité en général. Ceci est très compréhensible, car le taux de mortalité enfantin était très élevé jusqu’à une époque récente et, s’attacher émotionnellement n’était pas souhaitable. Cependant, la mère a une fonction centrale vis-à-vis de l’enfant, car elle seule assure sa nourriture et les soins qu’il nécessite au début de sa vie. Cette fonction est, ce que vous nommez communément ‘l’instinct maternel’, elle est commune à la plupart des animaux à sang chaud dont vous faites partie. La mère développe avec le temps une relation émotionnelle avec son enfant. Pourquoi ? Pour les raisons matérielles déjà citées dans la notion de mariage, par sa composition biologique et par sa quête vitale de protection future, supérieure à celle de l’homme. Ces relations émotionnelles étant les seules en son pouvoir pour obtenir la protection future souhaitée. Ce besoin est vrai pour l’homme aussi, mais dans une moindre proportion.
Étant donné que l’appel à ces ‘sentiments‘ n’est parfois pas suffisant les parents y ajouteront des biens matériels dont leur progéniture hériteront à leur décès, à condition qu’ils satisfassent à leurs besoins jusque-là, si bien sûr, ils peuvent en accumuler.
Afin de parfaire ce dispositif, l’homme utilise un outil nommé ‘éducation’. Il s’agit de conditionner l’enfant pour le but recherché. La crainte des enfants envers les parents et leur dépendance vis-à-vis d’eux en ont toujours été les bases, mais pour atteindre le but cela ne suffit pas. Beaucoup d’autres aspects sont nécessaires comme l’apprentissage du langage et des principes moraux. Donc la création de règles de conduite, de lois, de systèmes religieux, de traditions qui vont s’auto-confirmer l’un l’autre, ou dont ils seront issus, ils s’avéreront primordial. Car il faut à l’enfant des repères afin de croire en quelque chose. Cela s’avérera positif pour son évolution, car il développera un sens critique de l’observation qui le poussera de temps à autre, à remettre en cause certains principes.
Par exemple, Si vous dites à un enfant : Tu me dois le respect et tu dois m’aider! Il pourrait se demander pourquoi ? Il lui faut des réponses et des certitudes, votre rôle consistera à les inventer. Pour cela, le meilleur moyen est de faire intervenir une divinité sur laquelle vous pourrez vous appuyer, à laquelle vous donnerez les caractéristiques suivantes : infaillibilité, amour des hommes, justice, omnipotence, immortalité, inaccessibilité, entre autres. Vous vous appuierez aussi sur la tradition et surtout sur votre propre conditionnement. Vous avez, par ce moyen, inventé les bases de la société humaine que je développerais plus loin. Ce processus a été développé par de nombreuses générations qui vous ont précédées et, dans ce cadre, il est logique de souhaiter une longue vie à sa progéniture puisque votre propre avenir en dépend. Ce comportement parents-enfants peut vous paraître primitif. En fait il ne l’est pas du tout étant donné que les races animales n’attendent ni aide ni protection future de leur progéniture, les causes de leur existence étant seulement d’ordre biologique.
Je remarque là, une petite chose. À savoir le passage d’un instinct, ou plutôt d’une programmation animale inconsciente, à une tentative de programmation individuelle dont le but est la réalisation d’un état comportemental futur. Ce qui nous amène au fait de la prise de conscience par l’homme de l’écoulement du temps et donc de l’existence d’un avenir. Il s’agit là d’une des rares caractéristiques spécifique de votre race, spécifique, mais pas exclusive.
13-Les Dieux et leurs conséquences.
Première intervention de Sophie
J’ai dit, en parlant des divinités, qu’elles étaient des créations humaines. Que l’homme ait toujours reporté les phénomènes qu’il ne pouvait expliquer sur l’action d’une divinité est logique, car une sensation de peur très caractéristique le domine d’une manière plus ou moins inconsciente. Cette peur est différente de celle d’un animal par le fait qu’elle n’est pas seulement tributaire du présent mais se projette dans l’avenir.
Je m’explique : L’homme comme l’animal peu avoir peur d’un phénomène immédiat, par exemple la rencontre soudaine et imprévue avec un prédateur qui le met en danger imminent, mais contrairement à l’animal, il aura peur avant la rencontre s’il a appris, quelques jours ou quelques heures avant, que le prédateur se trouve dans la même zone que lui. Cette faculté l’amène à toujours tenter de se protéger. Néanmoins il ne le peut pas toujours, ou pas complètement, et afin d’exorciser sa peur il va créer un ensemble inaccessible à ses sens, et dont les facultés d’action seront bien supérieures aux siennes. Une fois cet ensemble crée il va le nommer, puis le symboliser sous une forme matérielle et, enfin essayer d’attirer ses bonnes faveurs et sa protection. Il pensera obtenir cela par une relation d’échange sous forme de donation (nourriture contre protection). C’est là, le système d’offrande le plus courant. Celui-ci ne se limitant pas à la nourriture mais pouvant être très diversifié (sacrifices d’animaux, d’humains, boissons, objet précieux), l’important étant que l’objet du don soit précieux pour le donneur et apprécié du receveur, devenant ainsi un objet sacré. L’être divin ainsi créé, interviendra en sa faveur lorsque sa vie sera en danger quelle que soit la nature de celui-ci, du moins c’est ce que l’homme espère. Que la personne concernée soit ‘bonne’ ou pas n’a aucune importance pour la divinité. Ce qui compte étant l’adoration par l’offrande. Le premier Dieu fut ainsi créé.
– Simpliste et primaire Nemo, il se peut que cela se soit passé ainsi il y a longtemps, au début de l’histoire de l’humanité. Mais depuis les choses ont évoluée.
– Oui, ceci était probablement le début, Smitof, mais ces bases et ces principes de créations sont restées les mêmes depuis des siècles.
L’homme, en effet, c’est rendu vite compte, à la vue des résultats, que ce système était incomplet et n’était pas très fiable. Il a donc essayé de le rendre plus efficace.
– Je me doute comment. En diversifiant ?
– Oui, entre autres en créant d’autres Divinités, spécialisées dans divers domaines des peurs et des espérances humaines. Cette spécialisation c’est réalisé en s’inspirant du domaine environnemental, Elles ont pris forme dans le règne animal, en faisant de certaines races plus puissantes physiquement que l’homme, des ‘races-divinités’ par exemple: lion, crocodile, éléphant. Plus loin dans le temps, mammouth, ou autres. Là, on peut penser que la notion de force physique animale en a été le moteur. Le règne végétal et les lieux en eux-mêmes ont aussi été source d’une grande création de divinités en tant que telles. Les forêts, les cavernes, ont été depuis longtemps des endroits dangereux, obscurs, menaçants, à l’intérieur desquels les sens devenaient moins fiables et ou la peur augmentait d’intensité. D’où la création d’êtres divins peuplant ces espaces. Les endroits difficilement accessibles devinrent aussi sources de création d’entités divine comme les fleuves, les montagnes et aussi le ciel. Sans oublier aussi les 4 éléments, vous n’ignorez pas les places privilégiées de l’eau et du feu dans le panthéon des divinités.
– En fait Nemo, tout pouvait devenir source de créations de divinités?
– Non, pas tout, seulement les sources de danger potentiels majeurs qui inspiraient un degré de peur extrêmement élevé en fonction de l’environnement, cette peur pouvait avoir pour cause aussi bien un ennemi animal ou humain qu’être produite par l’angoisse d’une mauvaise chasse ou récolte. Le résultat de ce processus de création a entraîné plusieurs états, une répartition particulière entre chaque divinité, des pouvoirs précis conférés à chaque entité et le développement d’un culte, spécifique à chacune d’entre elles, qui sera composé de rites de plus en plus élaborés et stricts. Cette multiplicité des divinités est restée longtemps limitée à une région géographique, puis c’est étendu de plus en plus, provoquant des conflits entre humains dans les territoires voisins à cause de celles déjà en places et les nouvelles arrivantes.
– Déjà des guerres de religions, Nemo?
– Je n’irais pas jusque-là, pas dans le sens moderne, disons que c’était des conflits afin d’imposer les divinités d’un groupe en détruisant celles d’un autre dans le but de préserver la protection de leurs dieux et par ce fait démontrer leur puissance. Même si les deux divinités en causes étaient, de par leurs caractéristiques, très similaires et avaient les mêmes fonctions protectrices, mais ceci était rare. De plus les véritables raisons de ces conflits n’étaient pas souvent d’ordres purement religieux, mais plutôt d’intérêts individuels ou de groupe. Ceci est d’ailleurs toujours d’actualité. La divinité étant sollicitée dans ces cas en tant qu’aide dans le but d’acquérir la victoire. Ce qui permettait de motiver et rassurer les individus. Justifier les raisons d’un conflit par la volonté ou au nom d’un dieu est un prétexte plus que classique, il est commode, indiscutable et invérifiable. C’est un des meilleurs prétextes utilisé dans votre histoire, sinon le meilleur et il fonctionne toujours à merveille.
La création de ces ‘ Dieux’ à très rapidement entraîné l’apparition d’un nouveau groupe dans les sociétés humaines, celui de la caste religieuse. Celle-ci, doit, pour s’imposer et avoir une influence importante au sein du groupe, se présenter devant celui-ci en tant que porte parole ou représentant de la divinité.
– Comment ?
– Pour cela elle doit acquérir des ‘connaissances’ concernant le dieu. Elles sont principalement de deux sortes. La première est la concrétisation du dieu, c’est-à-dire la création de son essence, de ses origines (qui peuvent être ‘fils ou fille d’un autre dieu’ donc d’ordre généalogique ou bien demeurent très floue si le dieu en question est extrêmement puissant), de ses exploits, de ses pouvoirs. La deuxième est constituée des liens rattachant la divinité à la nature et par conséquent aux hommes. Ces connaissances seront principalement du domaine de la botanique (propriétés curative ou létales de certaines plantes), de la cosmologie (saisons, éclipses, phases lunaires, etc.), des révélations du dieu par des pratiques spécifiques dont l’oracle de Delphes est un bon exemple, ce qui permet de donner l’illusion de connaître le futur et, bien sûr, la connaissance des phénomènes naturels, météorologiques ou autres. Ces connaissances étant indispensables à la crédibilité de leurs relations privilégiées avec le dieu.
L’apparition de cette caste modifia les relations entre les membres d’un même groupe. Auparavant constitué d’éléments de forces physiques inégales, celui-ci fonctionnait selon une hiérarchie fondée sur la force sans laquelle l’individu faible ne pouvait prétendre à la domination du groupe et aux avantages s’y rattachant. De la tribu de type animal ‘meute’ l’homme avait évolué au stade de ‘civilisation’. Dans ce nouveau contexte l’individu faible pouvait, sinon dominer ses congénères, au moins obtenir d’eux respect, protections et biens matériels par son appartenance à la caste religieuse. La domination absolue restant toujours entre les mains du plus fort.
Il est intéressant de noter que l’origine de cette création humaine est la peur. Non une peur animale, presque instantanée, mais une peur temporelle. Dans un contexte d’une prise de conscience de la réalité d’un ‘présent-futur’. Cette peur a été utilisée dans le but d’établir une nouvelle hiérarchie de base, autre que la force pure. Soit !, mais elle a pour source même la peur ressentie par leurs créateurs mêmes. Cette peur étant elle-même un réflexe de survie dont l’origine est la méconnaissance de la réalité pure.
– Nemo, cette prise de conscience d’une notion temporelle présent-futur serait, suivant vous, l’origine de la création des croyances humaine? Mais qu’en est-il de la mort ?
– La notion de mort est liée à cette notion temporelle en effet Smitonof. Elle est aussi toujours intégrée dans un système religieux quel qu’il soit et y tient une place prédominante. La mort n’est pas entièrement ‘l’inconnu’ pour vous. Vous avez constamment sous les yeux ses effets et conséquences, mais telle que vous la connaissez, vous n’en voyez que des effets que vous estimez négatifs. Ce que vous voyez est une modification de votre état d’un ensemble vers d’autres ensembles plus petit à votre niveau, et que vous croyez moins complexe.
Smith, demandez donc à Sophie ce qu’elle pense de la mort maintenant. Elle sera sûrement de bon conseil, elle qui est une ‘déesse’, dont l’origine est ‘divine’.
– Tout cela ne serait que pure création de l’esprit humain, des illusions? Je ne peux le croire Nemo. Et comment pourrai-je demander quoi que ce soit à votre soi-disant sœur qui n’est que le fruit de l’imagination d’un écrivain?
– Bravo, Smithson vous venez de rendre Sophie furieuse.
– Mr Smith, J’EXISTE, je suis là, je vous entends, vous vois. Nemo existe comme moi, en tant que non humain, PAS VOUS. Je ne suis pas une illusion. TOUT CONCEPT, TOUT ENSEMBLE CRÉE PAR VOUS, EXISTE dans votre prison et seulement dans votre prison. Vous serez peut-être de mon monde. Étant de votre monde, vous n’êtes PAS. Si mon père est un écrivain humain, n’oubliez pas que ma mère est Héla.
– Excusez-la, Smithong, elle est un peu impulsive et ce n’est pas son genre cependant, là elle a entièrement raison. Mais je n’en ai pas fini sur le sujet aussi continuons voulez-vous?
– Continuez Nemo, et dites à la gamine, qui se cache probablement dans la cuisine pour ne pas être vue, de faire ses devoirs d’école.
– Oui, c’est ce qu’elle fait Smithine.
J’ai essayé de décrire l’origine de la création des religions et leurs causes, il s’agit d’un survol, car ce sujet nécessiterait un livre entier, et même plusieurs. Les religions sont passées progressivement d’un stade d’influence locale à une influence de plus en plus étendue géographiquement en englobant des populations diverses. Ce développement a entraîné plusieurs changements, notamment la création de systèmes religieux monothéistes. La cause principale étant due au fait de la difficulté de maintenir un système diversement complexe dans une structure hiérarchisée. Maintenir la stabilité d’un système est irréalisable, puisque aucun système ne peut être stable dans un contexte temporel. Cela entraîne une division ou une évolution du système. C’est le cas pour ce type de concept. Vous êtes donc passé à un système ou un être (Dieu) devient une projection d’espoir, en lui attribuant des caractéristiques spécifiques que vous voulez universelles.
– Et quelles sont-elles d’après vous Nemo ?
– Je vais tenter de les énumérer dans les grandes lignes.
Dans le passé, tous les concepts théologiques étaient caractérisés par leur appartenance à un peuple. De ceux-ci n’ont survécu que ceux qui ont évolués vers une universalité. C’est en s’adressant à tous les hommes qu’ils ont pu se développer.
Ainsi la notion d’un dieu juste et équitable était nécessaire ainsi que celle de bonté, en effet une divinité bonne pour les humains leur procure assurance et confiance en l’avenir (si Dieu est bon il ne peut m’arriver que des bonnes choses, car il n’est pas capable d’actes qui me nuiraient et ceci dans tous les cas), Certaines religions sont allées plus loin en affirmant que leur dieu est le père de tous les hommes et qu’il les aime, ce qui entraîne que les représentants de cette divinité sont de facto à l’image de dieu, ceci les rendant inattaquables dans leurs actions.
Vous avez, bien sûr, gardé l’antique notion de crainte qui d’une part, confirme la divinité dans sa toute puissance et d’autre part permet à ses représentants sur terre un contrôle sur les croyants. Cette notion essentielle crée un climat de peur indirecte qui est censée détourner le risque de rébellion ou la perte de foi (vieux truc incontournable qui se retrouve bien représenté dans la phrase que vous dites aux enfants ‘si tu n’es pas sage, le croquemitaine viendra te manger’. Ah, ce vieux croquemitaine que personne n’a jamais vu mais qui fait si peur).
Autre élément important s’il en est, est la création de l’au-delà afin de rassurer l’homme sur son devenir après sa mort. Cet au-delà doit être toujours conditionné à deux choses. La première, est la fidélité à la croyance et aux dogmes. La deuxième est le comportement individuel durant la vie terrestre qui doit être conforme à la doctrine théologique. De plus il est essentiel que cet au-delà soit un endroit ou toute peur soit exclue et tout besoin satisfait dans l’éternité. Cet au-delà est généralement appelé ‘Paradis’, récompense suprême d’une vie de soumission totale.
Afin de prévenir, et éventuellement réprimer toute controverse, il est nécessaire de créer son opposé, c’est-à-dire l’enfer. Ceci dans le but de maintenir la dualité soumission-punition ou récompense-punition (le croquemitaine est toujours là sous des noms différents).
Autres caractéristiques sont l’infaillibilité et la volonté divine. Celles-ci doivent être inaccessibles à la compréhension humaine car, étant donné que les phénomènes négatifs sont inévitables, il est indispensable de les justifier. Ils seront donc attribués à la volonté de la divinité, consentant à laisser agir un être maléfique (Satan ou autre) qui est son ennemi, mais dont le pouvoir est inférieur au sien. Cette attitude incompréhensible sera justifiée par l’impossibilité de l’esprit humain de comprendre, dans tous les cas, la volonté et les plans divins ou bien elle le sera par la volonté du divin de laisser la liberté de choix à l’homme. Ceci permettant de justifier les actions divines, de les rendre positives pour l’homme, fautif de ne pas pouvoir les comprendre, car le dieu est un dieu ‘bon’ même s’il laisse se produire des ‘mauvaises’ choses, c’est pour le bien des hommes et par respect de leur liberté. Ce système paradoxal a fonctionné pendant des siècles et fonctionne toujours très efficacement. Ces différents traits se retrouvent dans toutes les religions monothéistes actuelles. Je n’inclus pas là d’autres croyances actuelles, telles que le Bouddhisme, le taoïsme et autres, car je les considère plus comme des philosophies que comme des religions (en fait il s’agit le plus souvent d’un mélange des deux). Ce système de contrôle des populations et de manipulation est l’un des plus efficaces mis en place depuis que l’homme marche sur cette planète. Je ne puis que constater le magnifique ensemble que vous avez crée et en admirer les rouages. Le plus remarquable étant cette faculté des manipulateurs eux-mêmes d’y croire sincèrement. Le but de ces religions n’est pas la recherche du réel, bien que toutes se targuent de détenir la seule et unique vérité. Non, leur seule raison d’être est la domination complète de la population par un groupe (religieux) dans le but de s’approprier les ressources de la population des croyants.
– Je ne peux pas vous suivre sur cette voie, Nemo. Vous faites fi des vertus humaines essentielles qui font de nous des êtres à part et dont tout humain ne peut qu’en tirer fierté, telles que L’amour et le bien. Même si les hommes on crée les dieux ce n’est pas négatif, étant donné qu’il en a résulté une morale positive pour le genre humain.
– Je ne juge pas vos croyances Monsmith, je constate et apprécie, dans sa conception et son fonctionnement, cet ensemble que vous avez crée, qui existe et donc, Vie. Vous me dites que, de son existence, a résulté une morale positive pour vous, je suis très loin de partager cet avis, car je n’y vois rien là de positif ou de négatif, seulement une entrave à votre évolution, mais si, comme vous auriez pu le faire, l’inverse en aurait été le fruit, c’est-à-dire une morale négative, je considérerai l’ensemble de la même manière. Puisque vous me parlez des vertus humaines essayons de voir ce sujet.
14-Notions humaines vs notions animales.
– Les vertus humaines sont des créations de l’homme. Ce terme de vertu d’ailleurs n’implique que les choses ‘bonnes’ dans la langue actuelle, dans le passé il comprenait les ‘mauvaises’ aussi (la tromperie, par exemple). Smithc, vous avez dû remarquer que le processus de formation d’une religion correspond à toute création d’ensembles. Celle-ci est composée de sous-ensembles crée de toutes pièces par l’homme, les vertus que vous citez sont des créations humaines dont les raisons ont été évoquées en partie et qui ne correspondent nullement à une réalité naturelle ou universelle. Les notions de bien et de mal qui vous tiennent tant à cœur n’ont aucun sens dans la ‘nature’. Comme la plupart des ‘valeurs humaines’ d’ailleurs. Voulez-vous qu’on les analyse en les comparants entre l’homme et l’animal ?
– Essayez, nous allons voir, Nemo.
– Je vous propose d’en examiner les termes suivant une optique animale, en excluant de ceux-ci la totalité des insectes et assimilés.
a- Bien – mal :
Pour un animal comme pour la nature le bien comme le mal n’existe pas. Une action est nécessaire ou elle ne l’est pas. Dans le cas d’un carnivore, sa nature biologique le pousse à se nourrir de viande. Pour cela il tue, uniquement quand il a faim et seulement pour se nourrir. Il ne tue pas l’un de ses semblables sauf en cas d’extrême nécessité. Les notions de bien et de mal n’existent simplement pas pour lui.
À l’opposé, l’humain considère le bien ou le mal en fonction de concepts qu’il a créé de toutes pièces et qui ont pour noms, morale, intérêt et religion. Il définit le bien comme ce qui est positif pour la communauté et ses membres. En fait cet outil est un prétexte afin de légaliser et justifier une emprise individuelle sur ses congénères. Par le truchement des lois, il décide ce qui est ‘bien’ ou ‘mal’ mais n’hésite pas à les redéfinir en fonction d’intérêts individuels ou ceux de certains groupes. Le fait de se contredire ne le gêne pas. Telle chose considérée comme bonne à un moment est classifiée mauvaise du jour au lendemain, ce qui visiblement ne vous pose pas d’énormes problèmes dans vos sociétés.
– Mais c’est de l’évolution de l’homme, du progrès que vous parlez Nemo, il est naturel d’évoluer !
– Il est vrai que vous avez su développer tout un arsenal de techniques de conditionnement extrêmement efficaces et que votre mémoire est très volatile. En fait, on arrive à vous conditionner à tout. Même à ce qui va à l’encontre de votre survie individuelle et menace votre espèce. Est-ce là ce que vous nommez ‘progrès’?
Un exemple: Un humain conditionné au respect de la vie des autres, pourra l’être de nouveau pour devenir un tueur en série dont officiellement ce sera le métier (Voir ce qui c’est passé dans vos camps d’extermination durant votre seconde guerre mondiale).
– C’ était des circonstances exceptionnelles, Nemo, elles ne reflètent pas la véritable essence de l’homme.
– Exceptionnelles, vous dites ? Pas du tout. Les exemples sont légions et vos guerres et votre histoire en fourmillent, un soldat étant une machine à tuer ses propres frères de race dans l’intérêt d’un groupe, d’une personne, ou pour son propre intérêt. Il suffit pour cela d’un prétexte d’ordre religieux, moral, politique ou supérieur. Ce soldat d’ailleurs, vous le vénérez quand il fait bien son travail et que vous-même y trouvez un intérêt matériel ou une satisfaction morale, vous l’appelez ‘Héros’.
Vous n’hésitez pas une seconde à le rejeter si ce n’est pas le cas où lorsque le but est atteint, car vos soldats doivent vaincre l’ennemi et quand ce n’est pas le cas et qu’ils reviennent vaincu, ses compatriotes seront les premiers à les rejeter.
Même en temps de paix, votre comportement est aberrant par rapport à vos lois.
Lorsque l’un de vous tue l’un de ses semblables, vous dites ‘c’est un assassin’ et vous le punissez sévèrement et donc en agissant ainsi vous êtes conforme à votre code moral. Lorsque l’un de vous tue 2, 3, voir 10 de ses semblables, vous dites ‘c’est un tueur en série, un monstre, pas un homme’ et vous le punissez sévèrement aussi. Mais quand cette même personne en tue 3000 ou 300 000 autres, vous dites ‘c’est un héros, un grand homme’ et vous le récompensez et en faite un exemple à suivre. Ils deviennent les ‘Grand Hommes’ de votre histoire (Alexandre, César, Napoléon), du moins ceux qui ont gagné leurs guerres, car les perdants, eux, vous en faites des monstres (Hitler). Ce sont pourtant les mêmes. Comme je le disais, vous n’en êtes pas à un paradoxe prêt. Ce qui me surprend, ce n’est pas vos actions, non, c’est votre changement de comportement radical.
Vous rendez vous compte que vous êtes la seule espèce dans la nature à vous autodétruire à grande échelle ?
Ce fait est dans votre nature, donc un comportement normal et logique pour vous. Étant donné que vous n’avez plus de vrais prédateurs à redouter, il est nécessaire de réguler votre population, l’autodestruction en est un bon moyen (il n’est pas le seul mais c’est un moyen rapide et efficace), donc vous l’utilisez mais sans en avoir conscience, car vous mettez toujours en avant des prétextes moraux pour le faire. Vous ne reconnaissez jamais les véritables raisons qui vous poussent à massacrer les autres, au contraire, vous les cachez toujours derrière des prétextes même si ceux-ci ne résistent pas une seconde à la réflexion et sont incroyable même pour le plus débile d’entre vous. De toute façon, vous admettez ces prétextes sans problèmes tant qu’ils correspondent à votre morale du moment et vous permettent de penser ‘j’ai la conscience tranquille, car ma cause était juste’. Vos concepts de bien et de mal n’ont aucune signification dans vos communautés, vous vous l’êtes démontré à vous-même le long des siècles. Comment se fait-il que vous vous refuser toujours à l’admettre, Smithy?
– Nous apprenons, Nemo, nous essayons d’aller vers le bien.
– Vous n’apprenez rien du tout, vous n’avez rien appris sur la vie et l’univers depuis des siècles. Vous ne savez même pas l’essentiel, à savoir ce que vous êtes et où vous vous trouvez. Ce n’est pas un reproche, Smithy, je ne peux pas reprocher quoi que ce soit à un ensemble croyant être en vie.
– Enfin, Nemo, c’est vrai que les guerres sont une catastrophe, mais elles sont inévitables. Pour progresser, il faut se battre contre ceux qui veulent nous priver de notre liberté ou de nos biens.
– Quelle liberté ? Quels biens ? Vous n’avez rien du tout. Vous croyez posséder des objets matériels, des ‘biens’ comme vous dites, une liberté inexistante, un honneur que vous n’avez jamais eu. Allez donc faire un tour sur un lieu de conflit (autrefois ‘champ de bataille’), vous me reparlerez d’honneur, de bien, de justice, de libertés après. Si vous n’en revenez pas dans un sac en plastique.
– Et ma vie, Nemo? C’est mon plus grand bien et il est normal de la défendre.
– Ce serait normal, mon capitaine, si vous étiez vivant, hors ce n’est pas le cas et, tant que vous ne le serez pas vos actions ne seront que chimères.
Vous êtes dans la pire des situations possible, bien en dessous de l’état de cadavre.
– C’est faux, je vis.
– Non, et c’est pour cela que vos ‘actes’ sont sans conséquences.
– Reprenons.
b- Amour 1 ou ‘Désir’:
Dans le cas de l’animal, il s’agit d’une fonction biologique, dont le but est la reproduction de l’espèce. Il l’effectue avec plaisir et suivant un processus particulier à sa race. Vous vous comportez comme eux.
c- Amour 2 ou ‘Amour vrais’:
Considéré comme un sentiment semblable à l’amitié humaine et hors de tout contexte sexuel, il existe pour certains animaux, particulièrement chez les mammifères. Les exemples en sont nombreux, même entre races différentes (homme-cheval, chat-chien, etc.) Il se caractérise toutefois par une absence totale d’intérêts matériels.
Ces 2 formes d’amours se retrouvent chez vous. Toutefois, l’absence totale d’intérêts matériels en est souvent exclue. Intérêts matériels et soif de possession sexuelle en sont les sources la plupart du temps.
Haine, cupidité, avarice, meurtre, colère, envie, mensonges, tromperie, morale, lois, répression, racisme, fanatisme, devoir, dieux, lâcheté, héroïsme, luxure, bonté, méchanceté, ordre, simulation, cruauté, honnêteté-malhonnêteté, orgueil, jalousie, n’existent pas dans le règne animal.
Ces termes n’existent que chez l’humain, ils en sont même les détenteurs exclusifs avec, bien sûr, leurs contraires. Vous estimez qu’ils sont des défauts ou des qualités de votre race. C’est vrai pour vous, mais seulement suivant les circonstances. De votre point de vue je ne peux que vous donner raison, puisque, visiblement pour vous, seul compte la satisfaction de vos désirs individuels dont la sexualité est l’un des plus importants à vos yeux, peu importe les moyens de les assouvir et leurs conséquences. Pour moi, ce ne sont ni des défauts ni des qualités. Ce sont juste des comportements sans intérêts.
– Nemo, des hommes ont donné leur vie par amour, par amour pur!
– La plupart d’entre eux l’on fait par orgueil ou par rage, rare, très rare l’ont fait par amour pur, comme vous dites. Les hommes donnent très rarement leur vie volontairement. J’ai assisté à ce genre de scène plusieurs fois. Une fois même, je suis intervenu. Cela se passait pendant les guerres Napoléoniennes dans un village allemand. Des soldats avaient massacré une famille dans une ferme, la femme et les enfants étaient morts ainsi que trois voisins. Le mari, désarmé, regardait sans réagir. Sa peur de mourir était visible ainsi que sa rage, pourtant il n’était pas immobilisé et les soldats ne s’occupaient pas vraiment de lui. Je me tenais à côté de lui, invisible et plantais à ses pieds une épée. Il la vit, la regarda un moment mais ne fit rien pour la prendre. Je sentais qu’il ne voulait qu’être avec les siens. Je ressentais cet amour pur qui émanait de lui et n’avait qu’un seul but, sa famille. Les soldats le tuèrent peu après.
– Que vouliez-vous qu’il fasse contre un groupe de soldats ennemis avec une épée, Nemo?
– Cette épée était une clef, une clef portée au rouge, à la poignée hérissée de pointes acérées. Une des rares qui ouvre la porte du réel, de la vie. Il ne l’a pas saisie et a été entièrement détruit. S’il l’avait fait, il aurait eu une chance de se sauver, de sauver sa famille et tout ce qui aurait été lui.
– Sa famille était déjà morte, Nemo. Vous venez de le dire et comment voulez-vous qu’il saisisse une épée brûlante et dont la poignée l’aurait blessé ?
– Morte, oui, pas détruite encore. L’épée était portée au rouge, sa poignée l’aurait blessé, elle aurait brûlé et percé sa main, oui, infiniment plus que vous ne pouvez le concevoir. C’était mon épée. La seule issue possible à ce moment-là. La seule clef disponible, pas la plus facile à utiliser. Le plus drôle est que lui, la voyait comme une épée banale, sans danger pour lui.
Je vous demande une minute, Smith, Sophie pleure, je l’entends.
– Me voila de nouveau, j’ai lamentablement échoué à calmer complètement sa douleur. Je n’ai pas pu, pas su. Pardonne-moi, Sophie.
Me revoilà dans votre monde, Smith. Il m’est toujours très pénible d’y revenir mais comme tous les mondes sont reliés les un aux autres il m’est impossible de l’ignorer.
– Nemo, je suis désolé pour Sophie, suis-je la cause de sa peine ? Puis-je aller lui parler dans la cuisine ?
– Oui, Smithy vous en êtes la cause, mais peut être que vous ne le serez plus. Quant à aller la calmer c’est impossible pour vous pour l’instant.
– Quand le pourrais-je ?
– Quand vous la verrez et discuterez avec elle.
– J’espère que ce sera bientôt, Nemo. En tout cas vous êtes drôle par moment, appeler la cuisine ‘un autre monde’, quand même, et votre histoire lors des guerres Napoléoniennes est simplement loufoque, vous n’étiez même pas née, c’est n’importe quoi.
– Bientôt ? J’en doute, étant donné la rapidité de compréhension dont vous faites preuve. Quant à ma naissance, j’étais déjà vieux, quoi que relativement jeune lorsque cela c’est produit. Néanmoins, comme vous êtes une exception, vous Smith et pas un autre, ce moment de compréhension arrivera peut-être et, si ce jour arrive, vous serez le premier à le regretter amèrement.
– Parlons de propriété voulez-vous ?
d- Propriété :
Pour l’animal, cette notion n’existe que dans les cadres suivant:
Territoire de chasse, logement (terrier ou autre), nourriture et parfois la sexualité.
Chez vous, c’est différent. Elle s’étend à tout ce que vous considérez comme ayant une valeur, matérielle ou autre. Tout ce qui vous entoure devient votre propriété potentielle ou effective. Une maison devient votre maison, un travail, votre travail, une femme, votre femme, un terrain, votre terrain, et ainsi de suite. Grossières erreurs, Smith, vous ne possédez rien et ne posséderez jamais rien.
– C’est faux, je suis propriétaire de ma voiture et personne ne peut me la prendre jusqu’à ma mort ou jusqu’au moment où je décide de la vendre.
– Vous l’avez dit. Pour une certaine durée, dépendante ou non de votre volonté. Cependant une institution que vous nommez ‘état’ peut vous la prendre à tout moment, vous appelez ceci une ‘réquisition’. Pour posséder réellement quelque chose il faut quatre conditions essentielles mon cher Smitounet.
– Lesquelles d’après vous ?
– Que l’objet qui est votre propriété existe, que vous-même existiez dans l’univers, que vous ayez conscience de votre état dans celui-ci, et que vous sachiez quel est l’état réel de l’objet que vous convoitez.
Aucune de ces conditions n’est remplie étant donné que vous ne pouvez pas définir votre réalité, vous n’en avez aucune conscience.
Le jour ou vous réaliserez que vous n’existez pas, sera un grand jour pour vous, car à partir de ce moment-là, vous commencerez peut-être d’exister et deviendrez réels. Si un jour cela arrive, vous constaterez que la ‘propriété’ n’existe pas. Ce qui me fera bien rire.
– Ce n’est pas possible ça. Je ne peux pas l’admettre, j’existe ! Et vous, Nemo, vous n’êtes pas réel.
– Oh que si, mon Smithiton, je suis réel et je ne suis pas le seul. Cela vous fait peur ? Non ? Pas encore ? Cela viendra.
Continuons donc.
e- Peur :
Existe sous forme instantanée et devant une menace vitale, se dissipe très vite ou se transforme en énergie combative pour faire place au combat proprement dit, si la vie de l’animal est en jeu. Elle peut aussi se transformer en résignation ou en fuite dans le cas où le rapport de force est trop inégal ou que le sujet pense qu’il l’est.
La peur humaine est identique à la différence qu’elle se projette plus loin dans le temps et l’espace. Dans ce cas, il prend diverses formes comme la peur de tomber malade ou de perdre un ‘bien’ quelconque. Votre peur de l’avenir a pour source votre non-réalité et la non-réalité de votre environnement, ainsi que la conscience de votre mort prochaine telle que vous la concevez. Elle est la source de votre croyance en une vie après la mort que vous imaginez heureuse, sans soucis, dans l’opulence et éternelle.
– C’est naturel, Nemo.
– Pas du tout, bien au contraire. Comment peut-on avoir peur si vous êtes conscient que vous n’avez absolument rien à perdre, pas même la vie ? Puisque vous ne possédez rien et n’êtes rien.
– Vous délirez complètement.
– Ça, c’est une chose que je ne peux pas faire comme vous, ‘délirer’ comme vous dites.
f- Vol :
S’approprier la nourriture d’autrui lorsqu’il a faim est naturel, car il s’agit d’une question de survie pour l’animal. Votre race agit de même, non seulement pour sa survie mais aussi pour son confort personnel.
– Nous punissons cela Nemo, et sévèrement. C’est du vol.
– Ah, bon ? Pas toujours. J’ai surtout remarqué que vous utilisiez d’autres mots et expressions afin de contourner une éventuelle punition et justifier un vol par la légalité. Par exemple, expropriation, décret (très jolis fourre- tout, celui-là), contrat, Intérêt national, volonté divine. Lorsque vous les utilisez, c’est la personne volée qui est punie en cas de rébellion, pas le voleur. D’ailleurs j’ai remarqué que, plus le vol est important, plus les mots pour le légaliser font appel à des instances supérieurement puissantes mais vagues, qui n’impliquent pas une ou des personnes précise, tel que par exemple, la loi, l’état ou Dieu.
De plus il est assez courant chez vous de punir un vol dont le but manifeste était la survie d’un homme mais de ne rien faire contre un voleur de grande envergure possédant des appuis puissants et un statut élevé dans vos sociétés.
g- Justice :
Ce terme est considéré comme l’un des plus importants dans vos sociétés. Il est aussi l’un des plus mal interprétés. La justice est synonyme d’équité et représente le ‘bien’. Son rôle étant la punition du ‘ mal ‘ et le rétablissement du ‘bien’ lorsque cela est possible. C’est du moins ce que pensent la plupart des humains. Il n’en est rien. Dans les faits, elle n’est que l’application de lois, qui elles ont été faites dans des buts de protection d’intérêts individuels ou collectifs. La plupart du temps, elles n’ont de ‘juste’ que le nom et ne s’appliquent pleinement qu’à des personnes de rang social bas. Tout cela vous le savez, Smithonito, aussi vous réagissez comme tant d’autres en disant ‘ Dieu est juste et il punira les hommes ‘mauvais’ après leur mort, car on ne peut rien lui cacher’.
– C’est vrai, et ils n’échapperont pas à la justice divine.
– Les dieux étant une création de l’esprit humain, j’en doute fort. Néanmoins il y a un tout petit peu de vrais dans ce que vous dites, car un homme tourné vers ses intérêts personnels et méprisant les autres ne peut généralement pas parvenir au stade d’existence, il demeure enchaîné à ses passions et ne peut concevoir une réalité, sauf de rares exceptions. Dans ces rares cas, leur réalité serait considérée par vous comme négative ou ‘mauvaise’, pour moi, elle est comme les autres. Certains d’entre vous y sont parvenus comme un certain Donatien, marquis de Sade, A.Hitler ou Néron, de leurs noms terrestres, mais ils sont vraiment très rares.
– Comment ? Ces types devraient être en enfer !
– Si vous voulez, ils y sont, mais dans le leur, et ils s’y trouvent très bien.
– Ce n’est pas possible, ils ne peuvent pas s’y trouver bien.
– Non seulement ils s’y trouvent bien, mais ils y sont pleinement ‘heureux’ comme vous dites, car ils ont Réalisé ce qu’ils étaient.
– Si c’est vrai, il n’y a pas d’enfer ou de justice.
– Bingo, O’ Smith.
h- Fidélité :
– Bien qu’existante chez certaines espèces (oiseaux, mammifères) elle n’est pas une généralité. Elle a parfois une origine sexuelle comme pour l’homme, mais il est difficile de dire que seule la sexualité en est la cause. Plusieurs éléments comportementaux me portant à croire que non. Vos principes d’amitié, d’allégeance, d’honneur, entre autres, peuvent entraîner un phénomène de fidélité. Il est important de comprendre ceci : il existe une forme de fidélité qui est une clef.
– Laquelle ?
– Si vous trouvez la bonne réponse, et c’est facile, vous n’aurez plus besoin de clef, car la porte sera ouverte.
i- Douleur physique :
Son existence est incontestable, et d’origine biologique, quelle que soit l’espèce, bien que se manifestant la plupart du temps chez l’animal d’une façon moins expressive que chez l’homme.
Elle n’existe qu’à votre échelle.
j- Peine – tristesse :
Non seulement elle existe chez beaucoup d’espèces mais de plus elle s’exprime spontanément avec une sincérité pure, n’ayant subit aucune influence sociale, morale ou religieuse. Elles sont d’ailleurs très liées aux amours 1 et 2. Il en est de même pour vous, si l’on met au conditionnel les aspects de sincérité pure et d’influences. J’entends, par là que votre peine peut, et est, souvent feinte volontairement, ou elle est le résultat d’un conditionnement, ce qui dans ce cas sera une peine non sincère, mais non consciente.
– Comment savoir si une peine est purement sincère, Nemo?
– Difficile, très difficile. On ne parvient à le savoir que lorsque l’on naît réellement. Je sais que ce n’est pas la réponse que vous attendez mon cher Smithsen. Ce que je peux vous assurer c’est que tous ceux qui sont comme moi, l’on apprit à ce moment-là. Ce n’est pas que je ne veuille pas vous le dire, je ne sais pas si l’on peut connaître la réponse hors de ce moment. Et il en est de même pour la joie.
k- Joie :
L’expression de la joie est aussi très présente dans le règne animal comme je l’ai défini. Il se caractérise par des gestes et des expressions faciales comprenant le sourire, de la même manière que dans la race humaine. Il n’est pas besoin de s’étendre plus sur la joie, car vous la connaissez, mais comme elle peut avoir une grande variété de sources, il serait bon que vous vous penchiez un peu sur ces sources, car l’une d’elles est intéressante.
l- Partage :
Le partage, à la base, concerne surtout la nourriture et se fait dans le cadre familial ou dans le cadre d’un groupe (meute, société). Il est toujours hiérarchisé obéissant à la règle de base ‘ le plus fort est le premier à se servir ‘.
Il se pratique dans le cadre familial animal afin de nourrir les petits et le parent qui reste pour les protéger, dans le but de la préservation de l’espèce.
Dans le cas de la meute/société, la nourriture étant le résultat d’une action communautaire, elle est partagée entre les membres, le but reste la préservation du groupe. Il s’agit là d’un type de société animale assez évoluée, surtout dans le monde des insectes ou sa structure atteint un haut degré d’évolution.
Le partage des ressources a constamment été source de débat chez vous. Elle vous est naturelle dans le cadre familial quoi qu’elle le devienne de moins en moins. Dans celui de la communauté c’est différent. Autrefois le partage de type ‘meute’ était assez répandu, car il présentait de grands avantages individuels. Maintenant, la tendance c’est inversé. Ce qui domine est l’individualité, car les dangers venants de l’extérieur de la communauté ont fortement diminué ou ont disparus et il est de moins en moins nécessaire d’unir vos forces pour obtenir ce que vous convoitez, la technologie remplaçant les hommes. Du moins c’est ce que vous avez tendance à croire. Certains d’entre vous pensent qu’ils peuvent se passer des autres, qui de toute manière sont trop nombreux et qu’ils n’en seront que plus riches et plus puissants. Dans votre situation, il serait peut-être judicieux de ne pas baisser votre garde, si vous voulez conserver une chance de pouvoir exister un jour. Qu’en dites-vous ?
– Oui, les dangers nous menacent toujours, je suis conscient que nous ne sommes pas à l’abri de phénomènes naturels tels que les séismes ou les épidémies. Il serait peut-être plus sage de partager plus nos ressources. En cela je suis d’accord avec vous.
– Ne vous méprenez pas encore, Smithneth, ce que je viens de dire est juste un avis, même pas un conseil car quoi que vous fassiez, cela ne me concernera jamais directement et l’éventuelle disparition de votre race me laisse totalement indifférent, car tout ensemble non réalisé est un vide total, absolu, figé dans le néant, dans le non-être.
– Soyez franc, Nemo, vous êtes concerné et de plus, ce que vous exprimez peut se révéler très dangereux pour vous. Vous savez bien que nous n’avons jamais hésité à éliminer ceux qui exprimaient autre chose que les idées du moment.
– Une irréalité ne peut agir contre une réalité. Je suis hors de votre portée, quoi que vous tentiez. Par contre l’inverse n’est pas vrai. Je peux vous empêcher assez facilement de devenir réel, même de vous détruire, il ne me faut pour cela que l’accord de votre ‘père’ et je l’ai déjà. Je peux aussi vous aider à devenir réel. Je ne ferais rien de tout cela car, comme je vous l’ai expliqué ça m’est complètement indifférent. Cette indifférence est dans l’ordre des choses dans le réel, ce n’est pas de la cruauté de ma part.
Je ne suis pas un de vos dieux, Smitho, je ne suis pas là pour aider ou détruire quoi que ce soit et, si pour vous, je fais une exception et interviens, c’est simplement parce que je ne peux pas faire autrement que de tenir mes promesses.
– Pourquoi une exception en ce qui me concerne ? Par respect, par pitié ?
– De part votre nature Smith, de part ce que vous êtes sans le savoir.
– Le jour ou Nemo vous respectera ou éprouvera de la pitié pour vous il pleuvra des pièces d’or Mr Smith. Excusez mon rire, mais vous êtes si drôle dans votre bêtise.
– Nemo, comment pouvez-vous tolérer cette insolence ? Si vous ne réagissez pas, je vais dans la cuisine apprendre la politesse à cette gamine effrontée.
– Asseyez-vous Smitonigno, vous ignorez à qui vous avez affaire et, croyez-moi, elle n’est pas une ‘gamine effrontée’. Ne vous ai-je déjà pas dit qu’elle est une ‘Déesse’.
– Déesse ou pas, elle aura une belle baffe si elle continue à se moquer de moi, comment pouvez-vous rester assis sans réagir ?
– Ce n’est pas une forme de moquerie Mr Smith. Quant à me donner une baffe, vous rêvez. Vous me comprendrez mieux au moment de votre mort.
– Calmez-vous, mon cher Smitounino, vous auriez tout à perdre si vous allez dans la cuisine ma sœur n’a rien contre vous, mais elle peut être impulsive, je vous l’ai déjà dit.
– Peut-être, mais une gamine adolescente doit respecter ses aînés.
– Sachez que vous l’insultez en l’appelant ‘gamine adolescente’, à votre place je surveillerai mon langage, elle n’est pas votre ennemie, bon oubliez ça et venons-en au respect
m- Respect :
Celui-ci est étroitement lié à la hiérarchie, qui elle-même est déterminée par les rapports de forces entre individus. L’animal ne possédant pas les notions de bien ou de mal, ces rapports de force sont naturels et de plus, étant donné que le chef est le plus fort, il est le plus apte à protéger la communauté. Dans une meute, il sera parfois le seul à procréer, et dans ce sens tendra à améliorer la force, la résistance et la combativité de la génération suivante.
Il en est de même chez vous à la différence que la ruse a remplacée au fil du temps la force brute et que le chef humain ne sera pas le seul reproducteur du groupe, au mieux se contentera-t-il d’un ‘harem’, mais grâce à la quantité de sa ‘fortune’ et de sa ‘notoriété’ il pourra posséder toutes les femelles qu’il veut.
– Pas du tout, je respecte certains hommes pour leurs actes et pour ce qu’ils ont apporté à l’humanité de positif. Vous ne pourrez nier le génie, la grandeur d’âme ou les découvertes de certains hommes, d’Einstein, de Newton, Descartes, Voltaire, Da Vinci et de tant d’autres. Sans parler d’êtres comme Shakespeare, Gandhi.
– Ouah, je vais vous révéler quelque chose Smithodor, de tous ces hommes que vous avez cités, un seul existe maintenant, celui que vous appeliez le Mahatma Gandhi. Il fait partie de ma famille et est un de mes frères, nous nous connaissons bien et sommes très proches. Parmi ceux dont vous avez parlé il est le seul, mais d’autres que vous avez oublie en font partie. D’ailleurs votre respect concernant mon frère était très ‘élastique’ quand il se trouvait parmi vous. Le connaissiez-vous ? Non, vous connaissiez le Mahatma Gandhi, la ‘grande âme’ Gandhi. Si vous saviez à quel point cette expression dont vous l’affûtiez est juste vous ne seriez pas ici, mais avec nous.
Connaissiez-vous Voltaire, ce ‘magouilleur’ aux affaires louches, Newton, cet arrogant présomptueux et les autres que vous avez cités. Dites-vous bien que s’ils ne font pas partie de ma famille il y a une bonne raison. Votre respect est sans sens, car mes frères et moi n’en tenons aucun compte. Vous accordez quelque chose que vous nommez ‘respect’ à des objets idolâtrés, sans les connaître. Il s’agit simplement d’adoration aveugle ou d’une expression de votre peur.
– Mais je respecte les autres hommes, leurs différences, leurs opinions, même si je ne pense pas comme eux, même si je désapprouve leurs comportements ou leurs idées.
– Parce que vous savez, au fond de vous-même, que si vous vous dressez contre eux ouvertement, ils vous nuiront. Ce que vous appelez ‘respect’ est seulement de la lâcheté, ou au mieux une attitude prudente née de la peur.
– Est-ce de la lâcheté ou de la peur de respecter la race, la religion ou la culture d’un autre homme ?
– Cela ne le serait pas si vous regardiez seulement l’homme en question. Si vous ne compariez pas sa race, sa religion, sa culture aux vôtres. Déterminant finalement que vos valeurs sont supérieures ou inférieures aux siennes.
Si vous cherchiez ensemble à savoir qui, ou ce que vous êtes. Dans ce cas, le respect serait aussi un mot vain. Ce serait de ‘amour 2’, ce serait une symbiose. Réfléchissez ces paroles, car ce que je viens de dire, vous seul, plus que tout autre pouvez facilement le comprendre. Je sais que vous le sentez au fond de vous-même.
n- Égoïsme :
N’existe, dans le règne animal, que dans le cadre de la survie, ce qui lui confère un sens. En cela il ne diffère pas beaucoup de l’égoïsme humain à la base. Néanmoins ce dernier l’étend à des domaines qui débordent largement le cadre des besoins vitaux. En fait il s’étend à presque tous les domaines. Si toutefois il utilisait cet égoïsme avec d’autres yeux, il pourrait trouver plus facilement une clef.
– Comment ? Une comme celle dans votre histoire de fermiers massacrés?
– Oui, pas la même, évidemment, mais ouvrant la même porte. Décidément, vous n’avez toujours rien compris à l’histoire de cet homme et de sa famille que je vous aie raconté, c’est dommage.
– Oui, décidément, Nemo, vous devez être un peu dérangé parfois. Un homme égoïste pourrait selon vous trouver l’une des clefs, et comment le pourrait-il ?
– En ramenant tout à lui-même.
– Je ne comprends pas.
– Du calme frangin, je sens que l’inverse de ton attitude envers lui jusqu’à présent ne va pas tarder à se manifester en toi. Reste dans le côté de toi que tu as choisis au départ. Je suis ici pour cela, prés de toi.
– Il ne comprend pas. Il ne comprend rien, il n’est toujours rien, il ne sera jamais que rien. Sophie, il n’y a rien à attendre de cette chose vide.
– Si. Te rappelles-tu de cette histoire humaine de la boite de Pandore ? Tout ce qu’il en était sorti ?
– Oui Sœurette.
– Et de cette unique chose qui est restée dans la boite, cette chose est mienne et je te la donne maintenant
Frérot. Prends là en toi. Partage-la avec moi.
– Non, garde là, elle est tienne, elle est aussi toi. Je n’ai pas besoin d’elle pour continuer Sophie. Je vais continuer sur le chemin que je t’ai promis.
– Tu l’auras quand même.
– Je ne comprends pas tout ce que vous dites Nemo, mais j’essaye. Tous ce qui arrive est invraisemblable pour mois. Vous en premier. Votre comportement est plus qu’étrange. Vous vous entretenez avec Sophie comme si je n’étais pas présent. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre votre conversation avec Sophie. Elle parlait du contenu au fond de la boite de Pandore et ce qui y est resté. Si ma mémoire est bonne c’est l’espoir et elle en parle comme si l’espoir lui appartenait ou comme s’il était un de ses membres, comme une de ses mains.
– C’est le cas. Bon, Smith Kim, égoïsme peut se traduire par ‘Tout est à moi rien n’est aux autres, car ‘je’ suis le centre de tout et rien n’est important sauf moi’. Évidement, il s’agit d’une petite définition. L’évolution est toujours individuelle, l’individu-ensemble seul peut Exister, avec un esprit, son esprit. Par contre, c’est une voie vers l’existence extrêmement difficile car pour parvenir au bout du chemin il est nécessaire mais pas suffisant d’être égoïste. Cette clef est infiniment plus difficile à manier que mon épée.
– Je commence à comprendre un peu. En fait l’égoïsme est nécessaire, mais il ne fait pas tout, non ?
– Oui. En ce qui concerne la compréhension de l’égoïsme Smithoukai. Sachez que je ne souhaite pas que vous me compreniez mais que vous vous compreniez.
– Nemo, cette épée dont vous parliez, existe-t-elle ou elle est une sorte de symbole ? Je ne vois rien sur vous.
– Elle fait partie de moi, elle est l’un de mes sous-ensembles. Oui elle Existe. Elle est même mon essence, car elle est à double tranchant.
– Pourquoi je ne vois rien sur vous en ce cas ?
– Dans votre état actuel, il est préférable que vous ne la voyiez pas. Elle ne serait d’aucune utilité pour votre avenir, au contraire. Vous savez, vous avez dans votre mythologie nordique une épée dont j’ai oublié le nom, ah oui, l’épée de Ragnarök je crois, dont le fait de la sortir de son fourreau déclencherait la fin du monde, la mienne est un peu comme ça. Prenez ces mots dans un sens positif, elle est une arme et un symbole. Elle est aussi moi.
o- Bonté :
Ce terme suggère un acte de don gratuit ou un sentiment bienveillant et protecteur envers un autre être vivant. Il est aussi étroitement lié à l’amour. Alors l’animal est il bon ?
Ignorant la ‘méchanceté’, il l’est assurément envers les êtres qu’il choisit. Toutefois, il l’est avant tout envers lui-même, car son instinct de survie prime avant toute chose. Votre chien est bon pour vous dans ce sens, il vous aime aussi et vous pleurera au moment de votre décès. Cela ne l’empêchera pas de manger votre cadavre s’il a faim. (Et entre nous Smith, il aura raison et personne ne pourrait lui en tenir grief sauf les imbéciles).
Vous êtes capable aussi de bonté. Vous en avez même fait un dieu, un dieu de bonté et d’amour.
– Cela prouve notre humanité non ? C’est une preuve flagrante Nemo.
– Si vous considérez la bonté comme un caractère majeur de votre humanité, non, car elle ne l’est pas. Elle en est aux antipodes. Le raisonnement paradoxal, par exemple, entre bien mieux dans les caractéristiques humaines.
Désolé Smith. Vous êtes bons avant tout envers vous-même. En général, vous vous foutez complètement des autres, surtout s’ils ne vous sont pas utiles.
– Jésus était un homme bon, il l’a prouvé.
– C’est à se tordre de rire. Vous ne le connaissez pas. Ce que vous savez de lui n’est que son image écrite. A-t-il existé ? Si oui, était-il comme les écrits vous le disent ? Encore une fois, vous parlez de choses que vous ignorez et en déduisez des certitudes.
– C’est vrai, Nemo, excusez-moi, mais franchement, vous qui dites ne pas être humain, vous devez le savoir ?
– Oui.
– Alors ?
– C’était un homme qui a donné un sens incomparable à un mot.
– Quel mot ? Amour ?
– Non, Bonté.
– C’est un de vos frères ?
-Non, il sera peut-être l’un des nôtres.
-Ce n’est pas possible, vous dites avoir une sœur qui visiblement n’est qu’une ado effrontée, et Jésus ne serait pas un de vos frères, il n’existerait pas ? Lui, qui vaut bien plus qu’elle ? Votre soi-disant famille ne vaut pas grand-chose.
– Je n’ai pas dit qu’il n’Existait pas, mais qu’il n’était pas de mes frères, pas encore.
– Comment, ‘pas encore’?
– Il doit encore attendre un événement.
– Lequel ?
– L’existence de son père. En ce moment il est en compagnie de la mère de Sophie.
– Nemo, il n’en a pas besoin, lui est son père ne font qu’un, il l’a prouvé par sa mort et sa résurrection. Il est bonté, vous l’avez dit vous-même !
– Pour que l’amour vrai existe il faut être deux, l’aimant et l’aimé. Comme vous le dites, il est mort et ressuscité dans votre monde, mais sa résurrection réelle ne s’est pas encore produite. Il n’est encore que mort et attend la naissance de son père. Son père est celui qui ressent pleinement sa bonté.
p- Mort :
Assurément, l’animal est conscient de la mort. Quand il est directement concerné et qu’elle est la suite d’une maladie ou d’un accident, il le sait souvent par avance.
J’ai vu des animaux mourir de diverses manière, tous ou presque, exprimaient de la tristesse, du regret ou de la douleur, jamais de la peur. S’agissant de la mort d’un autre animal proche (compagne ou enfant), leurs attitudes étaient toujours indescriptibles. Si les mots d’amour et de peine ont un sens, c’est dans leurs yeux que je l’ai vu, brûlants, limpides, déchirés.
Bien sur cela ne dure pas, car la vie reprend son cours comme vous dites.
Il peut paraître paradoxal que lorsqu’il s’agit de la mort d’une proie il n’en soit pas ainsi. Cela ne l’est pas, car il s’agit d’une proie qui va le nourrir, d’un animal étranger de par sa race, et avec lequel il n’a aucune relation affective.
Je constate qu’il en va de même pour les humains, sauf quand la mort d’un proche apporte un profit ou exalte une haine. Dans ces cas c’est une joie qui vous domine. Le plus souvent aussi, votre conditionnement détermine votre attitude et, au fond de vous-même, vous voyez dans la mort de votre parent votre propre fin.
– Nemo, rien que pour ça nous méritons de vivre, d’exister, j’en suis sûr. Malgré les réactions de joie que nous pouvons avoir parfois.
– Je vais vous surprendre, cela pourrait être une des raisons qui feraient de vous une réalité, toutefois vous ne ‘méritez pas de vivre ‘, vous n’êtes pas vivant. En supposant que votre existence soit conditionnée à des raisons, ce qui n’est le cas que très partiellement pour toute forme de réel, ce ne serait pourtant pas suffisant. Vous verrez quand vous connaîtrez mieux ma petite sœur, ce qu’est, ou peut être la mort, elle connaît bien ce domaine.
– Vous m’avez dit hier qu’il existait un état pire que la mort et que vous nommez ‘destruction totale’. La mort, pour moi, est un passage, j’y serais jugé et suivant mes actes passes, admis dans un monde meilleur ou pire, est-ce dernier que vous appeler ‘destruction totale’?
– Non, pas du tout. Il n’y a pas de jugement à ce moment-là et encore moins de ‘redirection’ vers un monde pire ou meilleur. Il y a seulement vous et votre guide et celui-ci ne peut que vous conduire à votre fin définitive, à moins que vous deveniez lucide, cela est rare, très rare.
– Un guide ?
– Oui, ou plutôt une accompagnatrice. Le mot guide est inapproprié, il implique un être qui montre un chemin, une voie. Ce qui n’est pas le cas. Elle est là pour adoucir l’instant de votre anéantissement, Pour être avec vous.
– Une accompagnatrice, c’est donc une femme ?
– Oui, elle est féminine, comme la vie.
– Mais enfin elle n’est d’aucune utilité si elle n’est pas là pour me conduire, m’expliquer, me parler. Elle ne serait que mon bourreau.
– Vous êtes votre bourreau, pas elle. Elle vous dira seulement une phrase et bien que j’en sache la raison, j’ignore pourquoi elle prend toujours cette peine. Elle ne l’a pas prononcé pour moi.
– Laquelle, Nemo?
– ’Regarde-moi.’
– Pourquoi ? Pourquoi ne vous l’a-t-elle pas dit ?
– Par ce que c’est Elle, par ce qu’Elle Est, par ce qu’elle n’avait pas besoin de me le dire, car je la connaissais déjà et elle m’avait touché depuis un moment.
– Vous m’aviez dit que votre petite sœur Sophie connaissait bien ce sujet, est-ce elle, cette ‘accompagnatrice’?
– Bavarde et curieuse comme elle est ? Non, Smithounetto. Sophie est trop enthousiaste, trop spontanée et parfaitement incapable de faire ce travail sauf peu être pour un cas particulier. Ce n’est pas dans sa nature, ni dans la mienne d’ailleurs. Au fond d’elle-même elle sent qu’elle voudrait aider, agir comme sa mère et je suis sûr que tôt ou tard elle essayera, c’est son héritage maternel qui la pousse, je suppose. Je sais que des tas de questions viennent à votre esprit, mais vous devez trouver les réponses vous-même. Montrez-vous intelligent.
– Nemo, combien de temps me reste-t-il avant ma destruction totale?
– Maintenant, il vous en reste peu jusqu’au moment où ma sœur vous demandera de la regarder.
– Je ne regarderais pas Sophie.
– Le mieux qu’il puisse vous arriver est que vous n’auriez pas à le faire, hélas c’est impossible, mais si vous mourrez et, en présence de ma sœur, vous ne le faites pas, vous ne serez plus rien. Je vois que vous êtes un peu sourd par moment, la sœur dont je parle n’est pas Sophie.
– Excusez-moi, oui vous m’avez dit que Sophie n’est pas ‘l’accompagnatrice.’ ………..
Nemo.
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ISBN 979-8879558968
Que vais-je pouvoir vous dire sur moi ?
Bon, allons-y: J’exerce l’honorable profession de retraité (et c’est pas de tout repos), après une carrière professionnelle partant du monde de l’ informatique au monde de la traduction Français / Espagnol, en passant par la gestion d’une SARL et d’autres activités.
J’habite en Slovénie depuis une vingtaine d’années. Marié, 1 enfant
J’ai écrit ‘les inexistants’ a Ljubljana (prononcez : Loubliyana) il y a des années. Je suis aussi l’auteur du ‘Guide d’installation en Slovénie’ que vous trouverez sur amazon.fr. Utile seulement si vous pensez un jour vous installer ici.
Voilà, voila, comme dirait Sophie. Merci de m’avoir admis a Bookirama et un grand merci a Yohan pour le travail qu’il fait (je me demande parfois, s’il lui arrive de dormir en ce moment).
A bientôt