Le bureau des plaisirs

Hello, je post ici mon premier livre actuellement auto publiée chez BoD
Le Bureau des Plaisirs est un roman d’exploration intime, où les corps ne sont que le point de départ d’un voyage bien plus vaste.
À travers des rencontres suspendues dans le temps, des dialogues troublants et des silences lourds de sens, il interroge la manière dont nous aimons, désirons, et cherchons à comprendre l’autre.
Entre pudeur et abandon, douceur et vertige, le récit se construit comme une traversée sensorielle — mais surtout humaine — où chaque personnage devient le miroir d’une part oubliée de nous-mêmes.
Un livre sur le lien, la mémoire du corps et la beauté fragile des émotions partagées.
Si le livre vous plais vous pouvez me retrouver sur Instagram @lior.kaarnys et venir en discuter en MP
Pour vous donner un avant goût voici le premier chapitre
Chapitre 1
La lumière hivernale se mourait lentement derrière les
carreaux poussiéreux du petit studio. Dehors, les bruits
étouffés de la ville accompagnaient le crépuscule ; les moteurs
fatigués, les klaxons nerveux, les pas précipités sur les trottoirs
mouillés. À l’intérieur, le monde était figé.
Kaarn, nu, les muscles encore tendus d’une excitation sans but,
était affalé sur sa chaise de bureau, les cuisses légèrement
écartées, une main paresseusement posée entre elles. Son
souffle était calme à présent, presque absent, mais le feu dans
son ventre n’était pas tout à fait éteint. C’était la troisième fois
qu’il se soulageait aujourd’hui, et pourtant un vide persistant,
presque douloureux, le ramenait toujours au même point.
Devant lui, l’écran diffusait une lumière pâle sur son torse
anthracite et les reflets bleutés de son pelage. Une vidéo
tournait encore, ignorée, pendant que ses pensées dérivaient,
lassées de leur propre répétition. Un plug abandonné traînait
sur le bureau, à côté d’un tube de lubrifiant presque vide, et au
pied de la chaise, une poubelle débordante de mouchoirs racontait les heures passées à chasser un plaisir solitaire
devenu mécanique.
Il n’y croyait plus vraiment. Ni à l’excitation, ni aux rencontres,
ni à la chaleur partagée d’un autre corps. Pas après ces mois
sans réponses, sans gestes, sans regards.
Il songeait à prendre une douche. À sortir, peut-être. Respirer
quelque chose d’autre que cette odeur de renfermé, de désir
étouffé, de virilité sans écho. Mais il restait là, les yeux perdus,
le sexe encore à demi raide, quand le téléphone sonna.
Il sursauta.
Le nom sur l’écran ne lui disait rien : Numéro inconnu.
Il hésita. Puis décrocha.
— Allô ?
La voix qui répondit était chaude, posée, presque feutrée. Une
voix qui, à elle seule, dessinait déjà des formes sous la peau.
— Monsieur Kaarn ? Bonsoir. Ici Judith Delacroix, directrice de
Fusion Finance SA. Vous avez postulé chez nous la semaine
dernière, je me permets de vous appeler…
(une légère pause, presque un sourire dans la voix)
…j’espère ne pas vous interrompre dans une activité trop…
intime ?
Kaarn sentit sa queue tressaillir malgré lui. Un frisson lui
remonta l’échine. Il jeta un coup d’œil à son entrejambe et
ferma précipitamment ses cuisses.
— Euh… bonsoir… non, non, pas du tout, je… j’étais juste… en
train de… de consulter des annonces, oui.
— Oh, bien. Tant mieux.
Un soupir presque imperceptible traversa le combiné, mais
Kaarn, à vif, le sentit.
J’aime quand un candidat sait… rester concentré… même dans
les moments de relâchement.
Il se redressa un peu, tentant de reprendre une contenance. Le
ton de la voix de Judith oscillait dangereusement entre le
professionnel poli et quelque chose de plus… enveloppant.
Quelque chose qui s’insinuait dans ses nerfs comme un parfum
familier et interdit.
— Je suis… très motivé par le poste.
— J’espère bien. Nous aimons les profils solides, stables…
Elle insista à peine sur les mots.
…endurants.
Il déglutit.
— J’ai de l’expérience en classement, en gestion de dossiers,
en—
— —Oh, j’en suis certaine. Mais vous savez, Kaarn… (elle le
tutoyait désormais) …chez Fusion Finance, on s’attache
davantage à la… présence. À l’attitude. Tu vois ?
Il ne sut quoi répondre. Sa main glissa nerveusement sur le
bras du fauteuil, mais il évita de bouger trop bas. Il la sentait.
Elle jouait.
— Je… je suis prêt à apprendre, je m’adapte vite.
— Mmmh… c’est exactement ce que j’avais envie d’entendre.
Un soupir plus long cette fois, volontaire.
Dis-moi, Kaarn. Tu es nu, là, tout de suite ?
Il faillit raccrocher.
— Qu… quoi ?!
Elle rit, doucement. Pas moqueuse. Juste… ravie.
— Je plaisante, voyons… enfin, presque. Tu sais, la voix ne
ment jamais. Et la tienne…
Elle se tut un instant.
…elle vibre d’une chaleur très… particulière.
Kaarn sentit son cœur battre à ses tempes. Il ne savait plus s’il
avait honte, peur ou s’il bandait de nouveau.
— Je… je suis désolé, je ne voulais pas paraître…
— Chut. (sa voix descendit d’un ton)
Tu es parfait, Kaarn. Je sens déjà que tu vas parfaitement
t’intégrer chez nous. Tu as ce qu’il faut. Une forme de… docilité
troublante. Et puis, tu es grand, non ? Fort ?
Il ne répondit pas.
— Nous aimons travailler dans un esprit de cohésion très…
soudé. Notre slogan, tu l’as lu ?
— “Car nous aimons nous… serrer les coudes”, murmura-t-il.
— Exactement.
Un silence s’étira. Il jurerait l’avoir entendue haleter, très
légèrement.
Je vais t’envoyer une convocation pour un entretien demain.
10h00. Ne sois pas en retard. Porte quelque chose de sobre.
Mais moulant. J’aime voir la matière… bien remplie.
Elle raccrocha.
Kaarn resta là, la main encore crispée sur la souris, la
respiration suspendue, l’érection revenue en pleine force.
Il n’avait pas encore mis les pieds dans l’entreprise, mais
quelque chose en lui le savait déjà : cette femme allait
bouleverser son monde.