Aller au contenu

E.V.O.L.V.E (Tome 1, Chapitre 3)

14 - 19 minutes de temps de lectureMode de lecture

Chapitre 3 : Déformation

Grand Désert

Le sol rougeâtre teinté d’ocres bougeait sous le poids des deux hommes, et rendait leur progression difficile. Celui qui ouvrait la marche planta sa canne dans le sable et s’arrêta. Son visage était recouvert d’un turban effiloché, mis soigneusement, de façon à ce qu’il soit protégé du vent. Sa tunique noire était recouverte de poussière qui s’échappait à chaque coup de vent, le faisant ressembler à un spectre dans une tempête.
Seuls ses deux iris d’un gris irréel étaient apparents, et scrutaient l’horizon d’un air inquiet.
Des buissons épineux en forme de dôme s’élevant à plusieurs dizaines de mètres de hauteur avaient poussés sur les ruines d’une ancienne civilisation, comme si des gratte-ciels végétaux avaient remplacés les constructions humaines.
C’était ces buissons qu’il craignait. Le vent se faisait de plus en plus violent, et arrachait quelques épines de ces végétaux gigantesques. Il savait que plus d’un de ses Frères étaient morts déchiquetés lors de tempêtes qui paraissaient innocentes, mais qui se révélaient dévastatrices, car chargées en épines de la taille d’un couteau.
Derrière lui, son compagnon suivait, son pantalon de lin grisâtre remonté quasiment aux aisselles.
Il était immense, au moins deux mètres et demi de haut, pour un petit mètre et demi de large. Sa tête ronde semblait posée directement sur ses énormes épaules carrées. Il avançait, sans autres protections qu’un poncho recouvert d’une cotte de maille trop petite qui lui couvrait la poitrine. Dans son dos, un meuble d’un bon mètre carré qui devait contenir leurs affaires était attaché, ce qui n’avait pas l’air de lui poser de problèmes. Bien que sa progression dans le sable soit lente, il cheminait tranquillement, son index gauche dans la bouche, et le droit levé au ciel, comme pour demander la parole.
Il arriva aux côtés de son partenaire et s’arrêta pour regarder d’un air distrait le paysage chaotique du Grand Désert.
Ses yeux bleus teintés de petites étincelles vertes étaient magnifiques, et son regard était celui d’un enfant, naïf, doux et innocent. Comme si un nourrisson était bloqué dans un corps de géant.
Il retira le doigt placé dans sa bouche, la laissa légèrement entrouverte d’un air étonné, puis parut se reprendre en sursaut. Il saisit alors l’homme au turban par le poignet, qui reprit sa canne en se laissant entrainer par le colosse sans poser la moindre question.
Il le conduisit à l’entrée d’un vieux bâtiment en ruine, dans le creux d’une dune. La tempête approchait, et lorsque la canne heurta la dalle en béton, l’homme au turban sembla se détendre.
Il tendit sa main tremblotante, à la recherche d’un appui, et trouva péniblement le vieux mur de pierres. De toute évidence, il ne voyait pas. Son compagnon gratta frénétiquement l’arrière de son crane en souriant, puis conduisit l’aveugle vers un coin de la pièce, ou il s’assit, manifestement épuisé.
« Merci Dony. » Murmura l’homme en train de défaire son turban, pendant que l’autre s’occupait déjà de combler l’entrée du bâtiment à l’aide de rochers et de pans de murs écroulés qui semblaient être faits de mousse tant il les trimbalait avec facilité.
Une fois l’entrée couverte, leur abri fut plongé le noir, faiblement éclairé par les interstices entre les rochers, ce qui ne les dérangea pas le moins du monde. L’abri était frais, coupé du vent chargé de chaleur, de sable et d’épines qui déferlait à l’extérieur en sifflant.
Lorsque le géant se rapprocha, légèrement courbé en avant pour ne pas heurter le plafond, son binôme avait quitté ses couches de vêtements et semblait avoir maigrit et rapetisser. Il était âgé d’une soixantaine d’années. Ses yeux étaient contournés par des cernes gonflés et de fins sourcils. Son nez bosselé avait été cassé plusieurs fois, et quelques vielles cicatrices lui marquaient la pommette et la joue gauche. Sa peau ressemblait à du cuir tanné, comme si il était resté au soleil depuis sa naissance. De ses omoplates sortaient deux excroissances, roses et nervurées.
Alors qu’il posait au sol un tapis sorti de sa sacoche, Dony s’affaira à se délester de son chargement, et sorti du meuble un réchaud, une lanterne, quelques bocaux remplis de vivres, puis commença a disposer les couverts pour l’heure du repas. Son compagnon quant à lui, choisissait avec soin ce qu’il allait préparer.
Ayant fini ces taches, le géant s’affala dans une position qui n’avait rien à envier aux plus grands empereurs romains, une main soutenant sa tête, et son index toujours tendu, semblant indiquer un des murs du bâtiment, pour aucune raison visible. Il resta la, en silence, son œil gauche légèrement déviant sur le côté, puis revenant à sa place initiale, avec un air penseur, son immense front plissé de rides, les sourcils relevés.
Une allumette craqua, et le réchaud fut allumé.
En quelques minutes, et de la fumée s’échappait déjà de la casserole, avec une odeur de haricots fermentés. L’aveugla ajouta quelques épices, et l’odeur ne s’améliora pas, mais il semblait y être habitué.
« Et voilà ! C’est prêt. » Dit-il après avoir longuement gouté son plat.
Il tendit sa main vers son compagnon, qui en retour lui tendit les assiettes pour qu’il puisse les servir.
Leurs gestes étaient précis, et semblaient couler de source, comme si une symbiose existait entre ces deux êtres hors du commun. Les louches de nourriture douteuse furent servies, et Dony avala son plat d’une bouchée, au sens littéral du terme, avant de boire d’un trait l’intégralité du pot d’eau, qu’il reposa en grinçant des dents, avec un petit « Hhmpf » de satisfaction.
Puis il reprit sa position, ses index rappelant dorénavant des vieux mouvements disco. Son partenaire, quant à lui, prenait son temps, en faisant attention à chacun de ses gestes.
Lorsqu’il eut finit son repas, il prit la parole d’un air déprimé.
« Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? Je ne sais pas pourquoi t’es v’nu avec moi Dony…y’avait que moi qui était banni. Je serai mort il y a de ça plusieurs semaines si tu n’étais pas là pour me guider… »
Dony passa un doigt dans une de ses narines, avant de le mettre à la bouche, puis de nouveau dressé dans les airs. Il grinça encore des dents, le regard dans le vide.
« Si j’avais survécu sans ton aide, ce qui est peu probable, je serai surement devenu fou à cause de la solitude. T’es un brave. J’sais pas ce qui va nous arriver, mais il est hors de question que nous mourrions dans ce désert. Il faut avertir les Normés. Ils n’ont pas conscience de ce qui se prépare…mais sais-tu seulement ou tu vas ? Tu es toujours arrivé à me protéger, mais il semblerait que l’orientation ne soit pas ton fort… » Dit-il en souriant.
Le géant se gratta l’arrière du crâne avec un rire tonitruant rappelant un dessin animé pour enfants.
« Heureux que ça te fasse rire, mais il faudrait être tout de même un peu plus sérieux. Nous manquons déjà de temps, et rester dans le Grand Désert nous rapproche plus de notre fin que de notre but…Lorsque nous marchons, je sens le sol sous ma canne devenir de plus en plus dur, nous sommes en train de le traverser, c’est certain, mais je n’ai aucune certitude concernant le chemin qu’il nous reste à parcourir. Et certaines de nos journées, j’ai la sensation de tourner en rond… »
« Nnhhhhhiiiiiié. »Répondit son compagnon en se mettant en tailleur difficilement, pour contempler ses mains sous tous les angles d’un air extrêmement concentré.
– Oui, je me doute que toi aussi tu t’inquiètes. Enchaina l’aveugle comme si il avait compris ce que voulais dire son ami, mais il nous faut persévérer. Et puis nous avons de la chance, pas un seul autre Banni n’a croisé notre route. Ceux qui survivent ici deviennent dangereux.
La luminosité baissait, indiquant l’arrivée imminente de la nuit, mais le vent continuait de souffler, et les cliquètements des épines contre la pierre résonnaient dans tout leur abri, donnant soudainement à la pièce une ambiance lugubre.
« Il va être l’heure de dormir Dony. Demain on reprend notre route, je sais que nous nous rapprochons, La Citadelle n’est plus très loin maintenant. »
Dit-il avec un air absent, un léger sourire acariâtre sur le visage, en repoussant son assiette vidée, les couverts soigneusement disposés à l’intérieur. Il inspira profondément.
C’était les mêmes paroles qu’il prononçait chaque soir, depuis déjà plusieurs semaines, ou quelques mois, et il était fatigué.
Est-ce que sa mission, prévenir les Normés de l’existence de la Nécrose était encore quelque chose de nécessaire ? Ou est-ce que cette chose puante qui faisait pourrir la terre avait déjà réussi à répandre ses spores assez loin pour toucher La Citadelle ? Est-ce qu’ils se rapprochaient réellement de La Citadelle, ou est-ce que c’était son esprit qui lui jouait des tours ? Est-ce que revenir au Village n’était pas la seule solution ? Une exécution rapide, propre valait elle mieux qu’une lente agonie dans le désert ?
Les Déformés l’avaient banni car prévenir les Normés étaient, selon eux, une trahison. Seuls les Normés avaient le pouvoir d’inventer une chose aussi destructrice que la Nécrose, disaient les Anciens. Il fut pris pour un traitre, et jeté dans le Grand Désert seul. S’il revenait, il serait mis à mort. Dony l’avait suivi, malgré les efforts des autres Déformés pour le retenir. Il était le Protecteur du Village.
Comment faisaient-ils pour inspirer un minimum de crainte aux Bannis maintenant que Dony n’était plus là ? Le Village devait être un champ de ruines à présent. Les Déformés n’avaient pas le combat pour vocation, seule comptait la survie, et, par extension, l’agriculture, la médecine et l’apprentissage des savoirs. A contrario, étaient Bannis tous les criminels des six Villages. Des Déformés agressifs, incontrôlables, certains étaient même attirés par le sang. Celui qui était le chef de leur milice, surnommé le Vampire, avait tué tous les Anciens de son Village car, d’après ses dires, il « avait soif de connaissances ». Ses victimes avaient été retrouvées vidées de leur sang. Et pas une seule trace d’hémoglobine ne maculait le parquet, seules de larges morsures situées sur différentes artères principales étaient visibles.
Un frisson parcourut la colonne vertébrale du non-voyant en repensant à ces évènements. Ou peut-être était-ce simplement dû à la baisse drastique de la température. Il s’emmitoufla dans sa couverture en laine. Le vent commençait à se calmer, et il se laissa porter par les doux sifflements filtrants à travers les rochers, pour arriver à enfin trouver le sommeil.
Un bruit sourd lui fit reprendre conscience, un second acheva de le réveiller. Quelqu’un, ou quelque chose, tapait contre les pierres entassées de leur abri, avec la ferme intention de rentrer, au vu de la violence des coups.
Dony était debout, devant l’entrée, poussant des cris inquiets, ses mains grattant son cou et le dessous de son menton.
« Huuuuuuuuuu…huuuuuuuu… »
Son compagnon lui toucha l’épaule, et Dony parut surprit. Il plaça un doigt dans sa bouche, et se lança dans un rugissement colérique tout en se mordant l’index, son front appuyé contre celui de son partenaire.
« Shhhhhhhh, dit l’aveugle en plaçant doucement ses mains sur la nuque du géant, calme toi, calme. Ce n’est rien. Se battre n’est pas nécessaire. » Enfin, je l’espère…ajouta-t-il en pensée, alors que le bruit sourd retentissait de nouveau contre les pierres, faisant tomber de la poussière du plafond.
Dony pris les mains du non voyant pour les poser sur ses oreilles. Il était sourd et muet, mais les vibrations émises par les chocs sur la pierre étaient en train de l’angoisser au plus haut point. Son regard, d’habitude fixe, perdu dans ses pensées, était devenu fuyant, et ses yeux enfantins ne reflétaient que la panique.
Une des lourdes pierres qui recouvrait l’entrée tomba au sol et éclata, envoyant des éclats de roche à travers la pièce. La lumière de l’aube éclairait désormais faiblement l’intérieur du bâtiment, et un visage humain couvert de poussière et de saletés jeta un coup d’œil rapide à l’intérieur.
« J’vois rien en d’dans. C’quoi c’bazar, zarb com’tout. Hier c’tait pas bouché. T’crois qu’les Déformés sont en d’dans ? Ou ptet’ que l’Fourbi est d’ja passé et les Rapaces ont tout bouché. » Demanda la voix claire d’un jeune homme.
– Si yavais des Déformés, tu s’rais d’ja mort, chibron qu’t’es. Répondit une seconde voix, plus grave, d’un ton agacé. Et les Rapaces ils marquent les endroits. Là ya pas d’marque, sont pas passés.
– J’entendais l’bruit j’te dis ! J’ai commencé à frapper, et y’avais une voix ! S’énerva le premier
– T’veux rentrer en d’dans pour vérifier ? Répondit d’un ton sarcastique le second.
– T’veux manger c’soir ou ben non ? Retourna son compère d’un ton égal. Bin faut aller voir en d’dans. Passeum’moi l’arme, j’vais en premier, t’suis.
– Pas question. C’mon arme, t’vas et j’te suis.
– Et si ya des Déformés en d’dans qui m’tuent ? J’pourrais pas m’défendre, tête de vide !
– C’moi qui t’défend ! T’sais pas tirer, tu loupes un poisson mort à deux pas ! Yeux de bousier !
La figure du non voyant apparut dans le mince faisceau de lumière qui éclairait l’abri. Les deux garçons étaient jeunes, entre dix et quinze ans, et sursautèrent en voyant l’homme aux yeux gris, avec une petite inspiration paniquée. Même sans la vue, la tonalité de leurs voix indiquait leur âge, mais aussi leur peur, et il se félicita d’être resté calme. Tuer ou blesser des enfants, affamés de surcroit, ne faisait pas parti de son credo. Le son d’une arbalète mise en joue dans sa direction le sortit de ses pensées et le ramena à la réalité.
« Bonjour, jeunes hommes, excusez-moi. Je m’appelle Henri. Merci de m’avoir secouru, sans vous je serais probablement mort d’ici quelques jours. Vous êtes mes sauveurs, je vous remercierai comme il se doit une fois que nous serons sortis de cet enfer.» Annonça-t-il avec un sourire radieux.
Dony se dirigea derrière son ami d’une démarche peu assurée. Il semblait encore terrorisé, les mains sous son menton. Lorsque son visage arriva dans la lumière, le garçon le plus jeune émit un petit miaulement apeuré, son binôme, quant à lui, tomba à la renverse en hurlant, tout en appuyant sur la détente de son arme. Le carreau parti très haut dans les airs, et vola au-dessus d’une dune de sable rouge dans un sifflement métallique.
« Huuuuuuuu…huuuuuuuuuu…huuuuuuuuuuu. »
– Tout va bien, tout va bien, répéta Henri à voix basse tandis que les enfants se relevaient, tout en posant discrètement une de ses mains sur la poitrine du géant, pour lui faire comprendre de rester dans l’ombre.
– C’est un Déformé ! Hurla le plus vieux des deux garçons, remettant l’arbalète en joue en direction de Dony, d’un air déterminé, le doigt sur la détente.
Henri s’interposa.
« Arrêtez ! Il est avec moi, je veux le livrer à La Citadelle ! »
– Avec toi ?! T’en es un aussi !? Répondit-il, en mettant de nouveau en joue Henri.
– Non, je l’ai capturé, je veux l’amener à La Citadelle, il peut être utile dans les champs !
– Les champs ? Ya pas d’ça à La Citadelle. Comment t’es arrivé ici, avec c’monstre, et pourquoi qu’y t’as pas mangé l’aut ? Pis t’viens d’où pour palabrer d’cte façon ? J’aime pas tes jactances, un aveugle qui capture un Déformé ! T’es pas du Fourbi, poursur ! Cria le plus jeune des deux, en brandissant son collier orné d’une plume noire. Paseuk’ on l’saurait c’genre de zarberies ! Tu viens d’où ? Demanda-t-il en faisant un effort qui semblait surhumain sur sa diction.
– Il n’est pas agressif, il est même plutôt docile. S’il n’y a pas de champ, il pourra servir aux travaux de force. C’est lui qui a mis ces rochers devant l’entrée, pour m’empêcher de le livrer je suppose. Vous m’avez sauvé la vie, et maintenant vous voulez ma mort ? Arrêtez, calmons nous, il nous faut discuter. Depuis quand n’avez-vous pas mangé ?
– Kesseuk’ sa peut’faire ? On mange si on remplit la mission. C’tout. Et là, trouver des ressources dans l’bazar, dit-il en désignant leur abri, c’est la mission.
– Vous avez donc réussi, puisque vous nous avez trouvés ! J’ai toutes mes affaires dans l’abri, Ils vous acclameront, mais si vous me tuez, ou me blessez, je ne suis pas sûr de pouvoir garantir votre sécurité. Je viens de La Centrale, je ne connais pas le Fourbi. Répondit Henri d’une voix forte, sûr de lui malgré son mensonge, car il savait que la Centrale était une ville assez importante et surtout assez éloignée de La Citadelle, a la fois connue de nom par les enfants, mais assez méconnue pour que les enfants le croient, a la différence du Fourbi et de La Citadelle.
Les enfants restèrent muets une dizaine de secondes en se regardant d’un air à la fois victorieux et inquiet. Le plus vieux reprit la parole d’un ton dur.
« Et comment qu’on fait maint’nant, poureut’ sortireud’ la ? Pis si lui il sort eud’d’dans, il va nous tuer, moi je dis ils le veulent pas vivant ! On le ramène mort ! »
– Moi il ne m’a rien fait, je pense que si je suis avec vous, rien ne nous arrivera. Je vais passer par le trou, il sortira de lui-même, je pense qu’il ne veut pas que je m’échappe. Et on arrivera jamais à le porter jusqu’à La Citadelle si il est mort, il est trop lourd.
Les deux enfants acquiescèrent, même si l’inquiétude se lisait sur leurs visages. Henri se hissa péniblement jusqu’au trou. Dony voulut l’aider à monter, mais il le repoussa discrètement pour que les deux enfants ne remarquent rien de suspect.
Lorsqu’Henri réussit à sortir de l’abri, il chuta d’un bon mètre, mais se releva aussitôt, en secouant sa tunique poussiéreuse. Ses malformations étaient parfaitement couvertes, et personne n’aurait pu soupçonner qu’il n’était pas Normé. Il passait pour un vieillard, aveugle, pauvre et sans défenses.
Dony repris ses hululements sinistres dès qu’il ne vit plus son compagnon. Sa tête immense ne passait même pas dans le trou par lequel Henri était sorti de l’abri. Lorsqu’il se mit à grogner en se mordant l’index, les deux garçons eurent un nouveau mouvement de recul.
Une bonne chose, au vu de la puissance avec laquelle les rochers qui recouvraient l’entrée furent éjectés, pour laisser le passage ouvert au géant furieux.
Le carreau d’arbalète vola, et se ficha dans son épaule droite, ce qui n’eut pas l’air de le déranger. Il marqua un petit temps de pause, en regardant le projectile dans son épaule, la bouche ouverte, puis il se dirigea d’un pas rageur vers celui qui tenait l’arbalète, et tentait de recharger tant bien que mal, tremblant, le visage blême.
Le géant attrapa l’arme des mains de l’adolescent sans efforts. Elle avait l’air d’un jouet dans ses paumes démesurées. Il serra le poing, et elle se fissura, puis explosa en plusieurs morceaux de bois.
« Hhmpf. » Lâcha Dony, manifestement satisfait du résultat.
Il regarda à nouveau le carreau planté dans sa chair. La cotte de mailles avait réduit le choc, et la pointe ne s’était enfoncée que de quelques centimètres dans sa peau. Il la retira avec un petit grognement, puis la rendit à son agresseur médusé, en souriant nerveusement, comme si il voulait s’excuser d’avoir détruit son arme.
Puis il retourna calmement auprès d’Henri.
« Vous voyez, il ne fera de mal à personne ! Voilà comment un pauvre vieillard aveugle comme moi a pu capturer un géant ! » Annonça-il triomphalement.
Une fléchette se ficha entre les omoplates de Dony, une seconde vola jusqu’au torse d’Henri, stupéfait, qui perdit connaissance, assommé par le venin. Deux fléchettes supplémentaires dans le torse du géant eurent finalement raison de lui, il s’effondra, inconscient.
Les Rapaces étaient arrivés.

Partager cet article

S’abonner
Notification pour
guest
0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x